Comme tous les vieux couples, l’histoire entre l’Olympique de Marseille et la FFL n’a pas toujours été simple. Aujourd’hui, tout va pour le mieux. Mais il fut un temps où les Marseillais naviguaient loin des territoires de la lose, atteignant à quatre reprises une finale européenne en 13 ans seulement. Comme en 2004, où l’OM s’inclinait en finale de la Coupe UEFA face à Valence. Avec comme point d’orgue de la soirée l’expulsion de Fabien Barthez.
Durant cette saison 2003-2004, l’OM ne parvient jamais à trouver de la régularité dans ses performances. Distancé en championnat, éliminé des phases de poule de la Ligue des Champions, le club a recours à la spécialité locale : le changement de coach en cours de saison. Bye bye Alain Perrin, bonjour José Anigo.
Avec lui, Marseille ne jure plus que par la Coupe UEFA, où elle a été reversée. La campagne débute avec un 16e de finales encourageant. Face à Dnipropetrovsk (à vos souhaits), les Marseillais ont un mal fou à se dépêtrer des Ukrainiens (1-0, 0-0) mais passent en 8es. S’ensuivent des heures sombres avec les éliminations consécutives de Liverpool, l’Inter Milan et Newcastle en demi-finales. Le 19 mai 2004, en finale, le Valence de Rafa Benitez demeure le seul espoir de la FFL.
Le geste juste de Barthez, alias Fabulous Fab
Pour ce match, l’OM compte dans ses rangs Didier Drogba et Fabien Barthez, qui ont porté à bout de bras l’OM durant la saison. Ils seront les acteurs principaux de la finale. Le premier brillera par son absence et son incapacité à se sortir de la défense valencienne. Le second entrera un peu plus dans l’histoire pour un geste de toute beauté précipitant la défaite – inéluctable – des siens.
Revenu à Marseille cinq mois auparavant grâce à quelques boulettes délicieusement distillées du côté de Manchester United, Fabien Barthez écrit ce soir-là le premier chapitre de son histoire avec la FFL. Jusqu’alors, le portier était resté loin du giron de la lose. Mais la magie opère enfin lors de cette finale. L’un et l’autre auront ensuite du mal à se séparer jusqu’à la fin de carrière du Divin Chauve.
Nous jouons la 45e minute à Göteborg. Moment choisi par les hommes d’Anigo pour se lancer dans une masterclass défensive. Sur un centre de Torres, Beye se troue dans son intervention et laisse Mista récupérer le cuir. Jamais avare quand il s’agit de tenter une dinguerie, Barthez sort dans les pieds de l’Espagnol… les deux pieds en avant. Après tout, à quoi bon se servir de ses bras quand on est gardien de but ? Du grand art dans tous les cas.
Marseille – Valence : un chauve de trop sur le terrain
Un seul geste, trois conséquences. Penalty, carton rouge pour Barthez et une haine du peuple marseillais envers l’arbitre Pierluigi Collina. Barthez prendra d’ailleurs cette sanction personnellement :
« M. Collina a sans doute un peu gâché cette finale, je ne sais pas s’il y a de la jalousie de sa part, ou quoi »
De notre côté, on n’a jamais su s’il parlait de football ou de rivalité capillaire.
Quoiqu’il en soit, Fabulous Fab exclu, Jérémy Gavanon le remplace dans les buts et réalise ce qu’on attend de lui : absolument rien. Pas chaud pour un sou, à peine conscient qu’il entre dans une finale européenne à 20 ans, le gardien se fait prendre à contre-pied sur le penalty de Vicente. 1-0 pour Valence juste avant la mi-temps. C’est du tout bon messieurs !
La suite sera un récital de transparence. Au retour des vestiaires, Mista inscrira un second but et les Marseillais redoubleront d’efforts pour demeurer inoffensifs. Avec réussite. Mention spéciale à Didier Drogba qui partira derrière vers Chelsea sur une bonne note après sa saison honteuse.