Ligue des champions 2004 | Et un, et deux, et trois Semak !


Le 7 décembre 2004, le PSG n’a besoin que d’un succès face au CSKA Moscou pour passer en huitièmes de C1. C’est un tournant dans l’histoire du club, qui n’avait pas été aussi géant depuis son 5-1 de Sedan, quatre années plus tôt presque jour pour jour (20 ans déjà…). Pius « N’Diefinho » avait mis un triplé, cette fois c’est au tour d’un touriste russe nommé Sergueï Semak et vite surnommé « Semaradonak » par tous les supporters parisiens. Trois buts aux 24e, 64e et 70e minutes.

Le sympathique coach Valeri « Moustache » Gazzaev porte son héros en triomphe : « Les 45 000 spectateurs du stade savent qui est l’homme du match. Je n’ai pas besoin de le citer. » Francis Graille admet « une humiliation ». Relire le non moins sympathique Vahid Halilhodzic, c’est aussi nous souvenir que Paris a réussi ce soir-là un vrai coup de maître, puisque le meilleur coach de l’histoire du PSG rappelle que ses troupes étaient à 11 contre 10 à 1-1 en début de seconde période. Une soirée magique, vraiment, face à une équipe qui n’avait plus joué depuis trois semaines.

« Les joueurs se sont alors arrêtés de jouer et ont regardé évoluer Moscou. Je ne peux pas expliquer ce qu’il s’est passé dans leur tête à ce moment là. On ne mérite pas mieux. » Plus exactement, ils ont regardé Semak. José Pierre-Fanfan se délecte du moment : « Nous pouvions tout gagner ou tout perdre. Malheureusement, nous avons tout perdu. » Lionel Letizi savoure « un gros coup sur la tête, on pouvait match nul mais pas mieux ». Pedro Miguel Pauleta est « déçu d’avoir donné une telle image ».

Al-Khelaïfi n’aurait jamais accepté

Bref, toutes les plus belles autoflagellations du monde ne suffiront pas à expliquer à quel point Semak, une étoile reléguant ses amis Vagner Love ou Yuri Zhirkov à de vulgaires porteurs d’eau, vient d’amener le Paris Saint-Germain dans une autre galaxie. Il ne jouera plus un seul match pour le CSKA, le club de la capitale étant déjà adepte de la stratégie qui consiste à tout vouloir acheter, et surtout ceux qui lui roulent dessus – ce fonctionnement ingénieux qui attirera aussi Grzegorz Krychowiak, buteur décisif avec Reims contre le PSG en 2013.

La naissance d’une imposture d’exception

Les Parisiens flairent donc le bon coup et font un pont d’or à Semak lors du mercato hivernal : le transfert se conclut à 2,5 millions d’euros. Nasser al-Khelaifi n’aurait jamais accepté de payer ce prix d’un paquet de chips, Graille, lui, a dû hypothéquer l’intégralité de son patrimoine familial sur des générations… Autres temps, autres moeurs. Le tout après d’âpres négociations, qui ont contraint le nouveau tsar à sortir du camp des Loges par une porte dérobée après une visite médicale effectuée dans le plus grand secret. Afin d’éviter le seul journaliste qui faisait le pied de grue dehors, par hasard (il devait attendre un centre de Bernard Mendy). Au final, c’est un Paris loupé pour Coach Vahid… Qui, face aux talents prodigieux du buteur, il n’y en a qu’un comme ça par génération, le fait jouer en n°10.

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Sauf que Semak était n°6…

« J’avais besoin de cette période française »

C’est sympa de ne l’avoir dit qu’après, sans quoi il n’aurait jamais passé ce « moment merveilleux » qu’il évoquait lui-même en 2010 : « J’avais besoin de cette période française. Sinon, je n’aurais jamais connu la lose. » En vrai, il a dit « Sinon, j’aurais déjà arrêté de jouer », mais on traduit. Serge n’inscrira qu’un but en 31 matchs porte d’Auteuil, soit 14 de moins que le grande jugador Fabrice Pancrate. Celui-là même qui avait péniblement marqué le seul but parisien lors de ce match de légende face au CSKA, égalisant alors à 1-1…

Félicitations, déjà, à l’OGC Nice qui restera donc le seul club français à avoir encaissé un but de Semak (à 0:25 dans la vidéo ci-dessous) – sorti sous les ovations du Parc -, ce doux soir d’avril face à l’équipe de Laurent Fournier (oui, Vahid s’était déjà fait virer depuis longtemps)…

Il y a prescription désormais. Alors, Pierre-Fanfan avouait il y a peu à propos de son ancien partenaire, qui l’a tant marqué (pour Footballski.fr) : « Ce n’est jamais simple de s’adapter en arrivant au mois de janvier, en plus quand vous êtes le bourreau qui débarque dans une équipe meurtrie par l’élimination. On ne lui en voulait pas, mais c’était tout de même particulier… même pour lui. » Depuis, Semak a eu huit enfants. Au dernier pointage de 2016, il en a peut-être fait d’autres depuis… Il est aussi devenu l’entraîneur à succès du Zénith Saint-Pétersbourg. Paraît-il que c’est son dernier coach au PSG, Guy « Moustache » (tiens, tiens…) Lacombe, qui lui aurait tout appris.

José Cobos et Damien Grégorini ont beau s’arracher, rien à faire après la passe délicieuse de Danijel Ljuboja, cet autre génie incompris.


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