Si vous ne connaissez pas le bilan de Laval au niveau continental, c’est simple : 4 matches dont l’un est entré directement au Panthéon de la Lose. Un ratio qui fait rêver. C’était en 1983, en Coupe de l’UEFA contre l’Austria Vienne. Les Tangos étaient passés à deux doigts à une mi-temps de se qualifier pour les huitièmes de finale.
Mode Petit Poucet activé
Les meilleures histoires sont les plus courtes. Laval a connu une seule campagne européenne dans son histoire. La Coupe UEFA de 1983-1984. Et elle a eu la chance d’y vivre tous les sentiments possibles : l’exploit, le presqu’exploit et la clim’. L’exploit d’abord, contre le Dynamo Kiev en 32es de finale. Une formation composée de plusieurs internationaux russes, avec un Ballon d’Or parmi eux : Oleg Blokhine. 0-0 à l’aller, 1-0 au retour pour le Stade Lavallois. Un authentique haut-fait qui ne manque pas de faire réagir Jean-Michel Godard, le portier mayennais, également triple champion départemental de Rap Contenders de la Mayenne dans sa jeunesse.
Ils nous ont pris pour des Schtroumpfs, on les a bien schtroumpfés.
… et le Stade Lavallois qui de son côté est une équipe tout juste professionnelle ne possédant que des joueurs issus du centre de formation ou des divisions inférieures… Et pourtant devant 49 000 spectateurs les français reviennent dans l’hexagone avec un bon 0-0. pic.twitter.com/VqSJe68Shf
— Historiae Football (@HistoriaeF) April 5, 2021
Il arrive que des clubs français rompent la tradition de se prendre les pieds dans le tapis en Coupe d’Europe, ce n’est pas bien grave. Surtout que l’on peut facilement mettre toute cette mascarade sur le dos de la chance du débutant. Quoiqu’il en soit, Laval voit le tirage au sort lui attribuer l’Austria Vienne comme prochain adversaire. Les vices-champions d’Autriche ont collé un 5-0 puis un splendide 10-0 aux Luxembourgeois du FC Aris Bonnevoie en 32es. Mais Michel Le Milinaire, coach des Lavallois, ne craint plus personne.
Cette équipe me fait moins peur que le Dynamo Kiev et ses qualités athlétiques.
Défaite 2-0 en Autriche pour le match aller. Des questions ?
Vibrations inhabituelles détectées en Mayenne
Le match retour a lieu le 2 novembre à Laval. Pour voir les huitièmes, les Tangos doivent l’emporter par trois buts d’écart, ce qu’ils n’ont jamais réussi cette saison en championnat. Les Lavallois s’apprêtent à le faire en une mi-temps. La légende raconte que le record d’activité sismique en Mayenne a été capté ce soir-là. L’épicentre : le stade Francis Le Basser.
Devant 17 000 supporters (et les téléspectateurs de TF1 qui entendent pour la première fois parler de la Mayenne), Laval livre une prestation bien trop aboutie pour “une équipe de smicards” comme la surnommait Jean-Michel Godard. Après 20 minutes de jeu, Oumar Sène claque une tête donnant l’avantage aux locaux. Un quart d’heure plus tard, Jean-Marc Miton vient fermer au deuxième poteau (tel Thierry Henry contre le Brésil en 2006) un centre de Thórdarson. 2-0, les Lavallois ont refait leur retard. Personne ne comprend rien à ce qu’il se passe.
Stefanini > Zidane
Peu avant la pause, les Lavallois inscrivent un 3e but. Et sur celui-là, la FFL est bien obligée de s’incliner. Éric Stefanini envoie un missile qu’on croirait tout droit venu d’une base de l’union soviétique, en pleine lucarne. Une seule chose à dire : c’est de toute beauté.
Le seul point positif de ce but ? Une fois qu’on a vu ça, on est vacciné à vie. En 2002, la reprise du gauche de Zidane contre Leverkusen nous en tape une sans faire bouger l’autre.
Mayday, mayday, ici Tangos Charlie
Jusqu’ici, rien de très glorieux. La FFL (comme les Autrichiens) est juste en train de se faire botter les fesses par les Mayennais. Heureusement, la pause nous sera salvatrice. Elle aura le mérite de totalement couper les jambes des Tangos. De retour sur le pré, les hommes de Michel Le Milinaire n’ont plus de gouache. Eux qui s’étaient transformés en super-héros pendant 45 minutes opèrent en deuxième mi-temps un remake de “L’homme invisible”.
En 13 minutes, le score va passer de 3-0 à 3-3. Baumeister inscrit un doublé (53′, 56′) qui renvoie les espoirs de qualifications lavallois au vestiaire. Et Loïc Perard vient clore le craquage total en prenant son propre gardien à contre-pied alors qu’il tentait de contrer Nyilasi. Fausse alerte à Laval. Clim’ installée, situation maîtrisée.
Par la suite, l’Austria Vienne ira jusqu’en quart de finale de la compétition, contre Tottenham. Le Stade Lavallois retrouvera lui la D1 et finira 13e de l’exercice. Jamais plus il ne connaîtra l’Europe. Aujourd’hui, le club vivote tranquillement en National. Le calme est revenu depuis bien longtemps à Francis Le Basser.