Formule 1 | Teo Fabi, le poleman le plus maudit de l’histoire


Teo Fabi

L’histoire de la Formule 1 regorge de pépites en tout genre. Parmi elles ; Teodorico Fabi. Ce nom ne vous dit absolument rien, et pourtant l’Italien détient un record qui n’est pas prêt d’être battu.

De ses 15 à ses 19 ans, Teodorico jette son dévolu pour devenir skieur slalomeur. Mais une trajectoire à la Primož Roglič l’attend. Car comme le Slovène, l’Italien va troquer ses skis pour un objet roulant. Pas pour le vélo, mais pour la Formule 1. Pas vraiment la même ambition, serait-on tenter de dire.

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GP d’Allemagne 1985 : l’embrayage fait des siennes

Teo Fabi débarque en Formule 1 durant l’année 1982. Mais c’est en 1985 que s’écrivent les premières lettres de sa légende. Et plus précisément sur le tracé du Nürburgring. Au volant de sa Toleman, l’Italien met une fessée à tous ses concurrents lors des qualifications. Teodorico signe la première pole position de sa carrière, et ne se prive pas de coller 1,3 seconde à Prost, 1 seconde et demie à Senna et plus de 2 secondes à Niki Lauda, champion du monde en titre, excusez du peu. Bon certes, Fabi a été le premier pilote à s’élancer sur piste sèche, avant qu’une pluie diluvienne ne s’abatte sur le circuit. Mais ceci est un détail.

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Surnommé “Droopy” pour son air triste légendaire, Fabi a l’occasion de remporter la première course de F1 de sa carrière. Et de retrouver le sourire, pourquoi pas. Mais pour y arriver, cela passe par le fait de mener le premier tour en tête. Dès l’extinction des feux, Teodorico ne bouge pas d’un cil. Sa monoplace est agglutinée sur la grille, la faute à son embrayage. Au bout de quelques secondes, le voici qui démarre. Fabi termine le 1er tour à la 8e place. Vif le Transalpin. Ce même embrayage lui fait défaut au 29e tour et le contraint à abandonner. Le premier coup de génie qui va en appeler (beaucoup) d’autres.

C’est finalement Michele Alboreto qui remporte la course, devant Alain Prost. Bon joueur, le Français trouve bien entendu une excuse pour expliquer sa seconde place.

“Alboreto a fait une belle course. Il a surtout pris un bon départ. Moi, j’ai été gêné par Fabi qui a complètement raté le sien” A. Prost

Histoire de remuer le couteau dans la plaie encore vive de Teodorico.

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GP d’Autriche 1986 : le moteur fait des siennes

L’année suivante, Teo Fabi devient pilote chez Benetton BMW. Cette fois, point d’épisode pluvieux lors des qualifications. Une piste sèche pour tout le monde, ce qui n’empêche pas Teo Fabi de claquer sa 2e pole position en carrière. Encore une fois, le gap est vertigineux derrière l’Italien. Il inflige 8 dixièmes à Prost et 1,7 seconde à Senna. Pour ce deuxième départ sur la première place, Teo Fabi espère cette fois boucler au moins le premier tour en tête. Il n’en faut pas plus à Teodorico pour foirer son départ et se faire doubler par son coéquipier qui plus est. La double lame.

Et comme si cela ne suffisait pas, Fabi perd son 6e rapport quatre tours plus tard. Malgré toute l’infortune qui s’abat sur lui, l’Italien ne se laisse pas abattre. Devant, Berger ne parvient pas à creuser l’écart avec Teodorico. Et au 17e tour, ce dernier tente l’impossible… et le réussit. Fabi prend le meilleur sur son coéquipier et devient le leader de la course. Teo Fabi va ENFIN POUVOIR MENER UN TOUR EN TÊTE. Mais au moment où il termine son dépassement, son moteur rend l’âme. Adieu ce rêve fou de boucler un tour en tête. L’Italien fait partie de ces sportifs qui n’ont pas le droit de rêver.

La définition du mec poissard

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GP d’Italie 1986 : le calage fait des siennes

Dès le Grand Prix suivant, Teo Fabi veut rompre le mauvais sort. Et quel meilleur circuit que le sien, à Monza, devant les tifosi. Teodorico bénéficie d’un supplément d’âme pour décrocher sa 3e (et dernière) pole position. Comme à son habitude, il ne se satisfait pas d’une simple pole position, il en profite aussi pour asséner une gifle à ses concurrents. La première ligne est complétée par Prost, relégué à une demi-seconde de l’Italien. Toutes les planètes sont visiblement alignées pour voir Fabi mener un tour lors d’un Grand Prix de Formule 1. Visiblement, comme on dit.

Tandis que les monoplaces rugissent sur la grille de départ avant de s’élancer pour le tour de formation, la Benetton de Fabi cale au meilleur des moments. La sentence ne se fait pas attendre : Teodorico doit s’élancer en dernière position. Le cauchemar de 51 tours peut alors commencer pour l’Italien. Il se surpasse pour effectuer la meilleure remontée possible, et parvient à revenir à la 8e place. Mais au 31e tour, la mécanique se charge d’amputer sa remontée beaucoup trop optimiste. Fabi rencontre un problème d’allumage, et est immobilisé durant 3 tours dans ses stands. Capot ouvert, voiture à l’arrêt, on croirait rêver.

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Teodorico repart enfin, et claque le meilleur tour en course pour le panache. Alors qu’il savoure les dernières boucles de son Grand Prix national, la poisse le vise à nouveau à deux tours de l’arrivée. Cette fois-ci, c’est une crevaison qui l’oblige à s’immobiliser dans les graviers. S’il ne parvient jamais à franchir la ligne de départ en tête, c’est maintenant la ligne d’arrivée qu’il ne réussit même plus à rallier.

Mais dans son malheur, Teo Fabi détient un record en F1 ; celui du plus grand nombre de poles positions sans avoir mené un seul tour. Disons que ses 48 abandons en 64 Grands Prix ont quelque peu desservi sa cause, mais servi grandement sa légende.

Notre maudit préféré.

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