Formule 1 – Envoyé Spécial | GP de France : l’envers du décor.


Dimanche se disputait le troisième Grand-Prix de France depuis son retour dans le calendrier de la Formule 1 en 2018. Si la saison passée avait été annulée pour cause de covid, on pensait que les petits plats seraient mis dans les grands cette année. Pour prendre le pouls sur le terrain, quoi de mieux que d’être sur place. Une sorte d’Envoyé Spécial low cost quoi.

GP de France : Une logistique fiable comme une Haas

Deux semaines après le Grand-Prix d’Azerbaïdjan et l’affront du podium de Pierre Gasly, Le Castellet ouvrait ses portes à la catégorie reine du sport automobile. Un week-end qui s’annonçait ennuyeux à cause de son tracé. Mais qui s’est finalement avéré haletant de bout en bout.

Si le duel Hamilton – Verstappen a tenu toutes ses promesses, l’organisation du Grand-Prix n’a pas été en reste elle non plus. Marqués par les images de bouchons interminables lors de l’édition 2018 (le vendredi certains spectateurs n’ayant pu entrer dans l’enceinte qu’à 16h pour assister seulement à la dernière demi-heure des essais libres 2), les organisateurs de l’événement ont voulu assurer cette année.

Pour cela, trois zones ont été délimitées dans le circuit. Accueillant chacune 5 000 personnes pour respecter la jauge des 15 000. Jusqu’ici tout va bien. Mais ça s’arrête là. Pour les spectateurs habitant autour du circuit (dont votre humble rédacteur fais partie), la farce était presque parfaite. Résidant à seulement 13 km du circuit, se rendre sur place ne devrait pas poser trop de difficulté. Mais c’était sans compter la logistique du Circuit Paul Ricard, une référence désormais dans le monde entier.

Pour commencer? Un détour forcé de 44 km, soit un petit raccourci trois fois plus long que la distance me séparant du Paul-Ricard. La joie de devoir changer de département à deux reprises alors même qu’on crèche juste à côté du circuit. Bref, une mise en route du weekend parfaite

 

Vendredi tout est permis (sauf les bouteilles d’eau de 1L)

Malgré ce périple inattendu, j’arrive tout de même en un seul morceau au circuit. Mais à peine le pied posé à l’intérieur de l’enceinte, qu’une nouvelle surprise m’attend au virage. Alors que plus de 30°C sont attendus lors de la journée de vendredi, et que la température de la piste atteint les 52°C, seules les bouteilles d’eau de 50cl sont acceptées. Aurevoir bouteille de Cristaline d’1L,  abandonnée à son triste sort au pied d’une barrière. Mais fort heureusement, dès les premières secondes des essais libres 1, Mick Schumacher est là pour nous mettre l’eau à la bouche avec son tête-à-queue effectué à vitesse réduite. Les vrais héros ne portent pas de cape, mais un casque.

La séance terminée, il est temps de se restaurer. Mais mieux vaut ne pas être trop impatient ou souffrir de fringale. Au menu : 1h30 d’attente, et aucune animation comme à Disney pour nous divertir. Tout ça avec une queue qui avance au rythme de la Virtual Safety Car. Inutile de vous dire qu’un petit dépassement à la corde traverse l’esprit au moins 10 fois par minute. Ce qui aurait été, et de loin, le moment le plus fun de la journée.

Afin de terminer le vendredi en beauté, quoi de mieux que de concurrencer les temps des pilotes, non pas sur la piste, mais sur simulateur. Tandis que le début du tour se passe sans encombre, l’extérieur de ma roue vient lécher un vibreur un peu trop généreusement au goût du logiciel. Tour annulé. La larme qui stagne au niveau de la paupière, vous la connaissez cette sensation ? Mais muni d’un mental d’acier, je ne me décourage pas et m’élance pour le second tour. Appliqué sur chaque virage, le regard qui fixe chaque point de corde. Tandis que j’avale le dernier secteur sans commettre la moindre erreur, on vient me demander de stopper le tour. Les 3 minutes accordées à chaque client étant écoulées. À deux petits virages de l’arrivée. Et une pièce de plus dans le distributeur de lose.

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Samedi : multiplex qualifs / Équipe de France

Après avoir enduré une nouvelle fois le pèlerinage interminable pour se rendre au circuit, il est nécessaire de se remonter le moral. Pour cela, rien de plus FFL que de me rendre à la boutique officielle de la F1 et d’acheter un t-shirt estampillé Alpine. L’apogée du formulix quoi. Covid oblige, impossible de l’essayer. Alors je demande au vendeur un t-shirt M. Mais c’était sans compter la complicité pleine de malice de ce dernier. Une fois arrivé en tribune, je me hâte pour me vêtir de ma tunique. À peine je passe la première épaule, que je saisis tout de suite : il m’a refilé un XS. Je comprends alors que la méditation sera ma meilleure alliée ce week-end.

L’après-midi, les fameuses qualifications sont au programme. Une joie de courte durée quand je m’aperçois que l’horaire de 15h est également celui qui a été choisi pour le match entre la France et la Hongrie à l’Euro. Vient alors une réaction vide de sens : tenter de suivre à la fois les qualifs depuis les tribunes et le match sur le téléphone. Meilleure technique pour rater les deux à la fois. Mais fort heureusement, même dans les situations les plus délicates, le sport français vole toujours à la rescousse. Au même moment, Attila Fiola ouvre le score pour les Hongrois et Esteban Ocon est éliminé en Q2. Un sacré alignement des planètes. Les spectateurs commencent alors à se rabattre sur Charles Leclerc pour la Q3. Quand vous commencez à supporter un sportif au seul motif qu’il est francophone, vous savez que c’est le début de la fin.

Dimanche : le jour le plus long

Dernière journée du week-end. Et pas des moindres. Jour de course. Dès le matin, les regards entre les spectateurs sont appuyés, tendus. La pression monte. C’est le moment choisi par les organisateurs pour nous proposer le défilé de l’Équipe de France de Voltige. Un spectacle aérien qui avait l’air intéressant s’il n’avait pas eu lieu à 2km de nos places. Il ne valait mieux pas être myope. Après avoir regardé à de nombreuses reprises, la déception est là : aucune erreur n’a été commise sur l’ordre des couleurs.

Les activités s’enchaînent, et l’heure du départ s’approche. Le ciel semble lui des plus incertains. Météo France avait prévu des averses de 13h à 16h sur le circuit. Inutile de vous dire que c’est une canicule qui s’est abattue sur les gradins. Se retrouver être le seul idiot en K-Way dans la tribune alors qu’il fait 38°C à l’ombre, c’est peut-être ça le vrai panache finalement. Avec la complicité non négligeable de la Météo Française de la Lose.

Le départ de la course est donné. Durant les 10 premiers tours, le public français se lève pour encourager chaque passage de Gasly et Ocon. Mais très vite, seul Gasly bénéficie des encouragements des spectateurs. Ces derniers comprennent rapidement qu’Esteban n’est pas du tout dans le coup. Le football a ses footix, la F1 ses formulix.

La course terminée, tous les visiteurs se ruent dans leurs voitures pour rentrer au plus vite chez eux. Et éviter les ralentissements sur la route du retour pensent-ils. Mais comment ne pas terminer un week-end de Grand-Prix de France sans un craquage dans les toutes dernières minutes ? Les 15 000 spectateurs souhaitant tous quitter le circuit en même temps, c’est un bouchon monstre qui paralyse tous les accès. Si la journée la plus longue intervient habituellement le 21 juin, il a eu lieu un jour plus tôt cette année. La délivrance arrive finalement à 20h30, soit plus de 3h30 pour sortir du parking. Heureusement, il n’y a plus de couvre-feu.

 

 

Tom