Football | Benfica, le Clermont-Auvergne de la Coupe d’Europe.


15.05.2013 - Chelsea / Benfica - Finale Europa League 2012/2013 -Amsterdam - Photo : ANP / Icon Sport

Si en France l’OM est parvenu à perdre 4 de ses 5 finales européennes, les Marseillais ont toutefois trouvé un maître en la matière : le Benfica Lisbonne. Personne ne peut se targuer d’avoir davantage losé que les Portugais en finale de Coupe d’Europe, et ce dans l’histoire du football.

Benfica, un départ raté en Coupe d’Europe

Sur la scène nationale, le Benfica Lisbonne n’a pas d’égal au Portugal. Portés par plus de 200 000 socios, les joueurs de la capitale ont notamment remporté 37 championnats ainsi que 26 coupes nationales. Un mastodonte que même le FC Porto ne parvient pas à tenir en respect.

Toutefois, dès l’intronisation de la Coupe des clubs champions européens en 1956, le sort de ce club va changer à tout jamais. Devenue la chasse gardée du Real Madrid lors des cinq premières saisons, le sort de la C1 offre autant de suspens que le parcours d’un Français à Roland-Garros. Les Merengues atteignent les cinq premières finales, pour cinq victoires. Une pensée émue pour la Federación Española de la Lose.

Mais les Lisboètes ne comptent pas applaudir l’ogre espagnol chaque mois de mai. Alors les coéquipiers de “La Panthère Noire” Eusebio décident de sonner la révolte et signent à leur tour un retentissant doublé en 1961 et 1962, qui plus est face au Barça et au Real Madrid, rien que ça. Le Benfica Lisbonne de Eusebio est sur le toit de l’Europe.

1963 – 1965 – 1968 : Benfica écœure ses adversaires en finales de C1

Si en France l’expression jamais deux sans trois est très populaire, elle se répand aussi au Portugal. En effet les Aigles atteignent la finale de la C1 pour la troisième fois consécutive. Malgré l’ouverture du score de l’inévitable Eusebio, c’est le Milan AC qui remporte sa première Coupe des clubs champions européens. Les Rouges ne le savent pas, mais ils viennent de lancer une série unique en Europe.

Deux ans plus tard seulement, la bande à Eusebio atteint la finale de la C1 pour la quatrième reprise en cinq ans. Et une nouvelle fois, ils doivent affronter des Milanais, l’Inter cette fois-ci. Sans surprise, ce sont les coéquipiers du légendaire Giacinto Facchetti qui soulèvent pour la première fois de leur histoire la Coupe aux grandes oreilles. Benfica, fournisseur officiel de premier succès en C1 à la ville de Milan.

Vous pensez que les Benfiquistes vont s’arrêter en si bon chemin ? La décennie 1960 n’est pas encore terminée pour eux. En mai 1968, pendant que les jeunes Français sont occupés à jeter des pavés dans le ciel parisien, les Diabos vermelhos (diables rouges si vous n’avez pas pris portugais en LV2) se hissent une cinquième fois en finale de la Coupe des clubs champions. La suite ? Une troisième finale perdue d’affilée bien sûr, 4 buts à 1 face à Manchester United.

1988 – 1990 : Veloso et Vata, deux héros à leur manière

Les Aigles vont devoir attendre 20 ans pour retrouver le plaisir de perdre une finale de C1. La victime de leur malédiction ? Le PSV Eindhoven. Les Portugais sont traînés jusqu’à la séance des tirs au but, un sans faute de part et d’autre avant que le sauveur António Veloso ne s’élance et envoie une passe dans les gants de Hans van Breukelen. Les Néerlandais, emmenés par un certain Eric Gerets, remportent leur premier Graal quand les Diables Rouges foirent, eux, leur quatrième finale de C1 de rang.

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Seulement deux ans plus tard, les Lisboètes ne vont pas attendre la finale pour faire parler d’eux. Opposés à l’OM en demi-finales, la main du magnifique Vata qualifie le Benfica en finale et renvoie les Marseillais à leur partie de pétanque. Forts de cette injustice, les Aigles abordent la finale avec le maximum de confiance, et la perdent avec une grande élégance face au Milan AC. Cette finale sera également leur dernière.

Cinq finales perdues de rang, on ne peut plus parler de coïncidence ; les Benfiquistes ont trouvé la recette. Avec la Juventus Turin, le Benfica Lisbonne est la seule équipe à avoir perdu plus de finales qu’elle n’en a gagné. Excepcional. Mais ne croyez pas que le Benfica s’est arrêté en si bon chemin. La Coupe des clubs champions européens n’est pas la seule compétition victime des Rouges, la C3 a également été marquée à jamais par l’ogre portugais.

La C3 frappée elle aussi par la malédiction lisboète

À l’instar de la C1, la Coupe UEFA n’a pas pu échapper bien longtemps au mémorable savoir-faire benfiquiste en finale de Coupe d’Europe. Dès sa douzième édition en 1983, la C3 est le théâtre d’une finale aller-retour entre Anderlecht et le Benfica. Si les Belges l’emportent 1-0 chez eux, le retour au Portugal s’annonce bouillant. Mais comme le nom de l’enceinte l’indique, le Stade de la Luz voit son équipe obtenir un triste match nul, synonyme de défaite devant tout son public. La plus belle défaite de toutes, sans hésitation.

Lassés de leurs finales européennes jetées à la poubelle, les Portugais vont parvenir à ne plus en disputer une pendant 23 ans. Mais en 2013, après la création de la toute nouvelle Ligue Europa créée trois ans plus tôt, la tentation est beaucoup trop grande. Emmené par ses joueurs phares Luisão et Pablo Aimar, Benfica affronte Chelsea. Alors que les deux équipes se dirigent vers les prolongations, Branislav Ivanovic climatise le parcage lisboète à la 90+3e minute d’un coup de boule dont lui seul a le secret.

Les 8 dernières finales européennes perdues par Benfica

Les années passent, le sort reste le même. Mais les Aigles sont des gens à part. Si bon nombre d’êtres humains auraient mis un terme à cette quête destructrice, les Diables Rouges retournent en finale de la Ligue Europa dès la saison suivante. La dernière à ce jour. Et une nouvelle fois, les Lisboètes vont manquer cruellement de chance.

Non pas en foirant leur finale comme ils en ont pourtant eu l’habitude par le passé, mais tout simplement en jouant la pire équipe de cette compétition : le FC Séville. La C1 est au Real Madrid ce que la C3 est au FC Séville. Score de parité au terme du temps réglementaire, idem à la fin des prolongations, mais comme face au PSC Eindhoven en 1988, les Portugais tremblent lors des tirs au but. Deux ratés de Cardozo et Rodrigo offrent la troisième Ligue Europa aux Sévillans, dirigés par leur druide Unai Emery.

Si Benfica avait mal entamé sa relation avec les Coupes d’Europe, et son doublé en C1 en 1961 et 1962, les Portugais se sont depuis largement rattrapés ; 5 finales de Coupes des clubs champions européens perdues, ainsi que 3 Coupes UEFA/Ligue Europa. Une folle série de huit finales européennes perdues.

Et le plus important, cette série est toujours en cours.

Tom