Quand on parle de boxe, les noms de Mohammed Ali, Mike Tyson ou encore Sugar Ray Leonard viennent très vite à l’esprit. Pourtant, un nom mériterait la même gloire : René Jacquot.
Dans les années 80, la boxe mondiale bat son plein. Mike Tyson, Evander Holyfield ou encore Sugar Ray Leonard sont de véritables icônes. Ajoutez à cela les films de Rocky qui sortent dans les salles de cinéma, et c’est toute une jeunesse qui veut taper dans un sac de frappe.
Alors quand René Jacquot débarque dans le milieu, autant vous dire qu’il arrive sur la pointe des pieds. Pourtant, ses débuts sont plus que réussis dans la discipline. En effet, le natif de Toul remporte 14 de ses 23 premiers combats. Il acquit très vite le surnom de “l’Artisan du Ring”, ou bien de la “mangouste”. En effet, René n’est pas très étoffé, comme l’ensemble de ses adversaires dans la catégorie des poids super-welters (66 kg – 69 kg).
Comme la Tecktonik en 2006, René Jacquot explose au grand jour en 1988. Le Lorrain remporte le titre européen en prenant le meilleur sur l’Italien Luigi Minchillo. Mais le meilleur et le pire restent à venir.
1989, l’alpha et l’oméga de la gloire de Jacquot
Deux siècles après la prise de la Bastille, René se bat pour la ceinture de champion du monde de boxe WBC. Face à lui, le « Cobra » Donald Curry, détenteur de la ceinture. Avant le match, (très) peu de spécialistes imaginent une victoire du Toulois. Y compris même dans le clan tricolore, à commencer par le dernier champion du monde français à l’époque, Alphonse Halimi. L’union nationale à la française.
“Jacquot a bien sûr progressé, mais je ne lui accorde que 5% de chance contre 95 à Curry, dont l’expérience reste inégalable” A. Halimi
La prophétie d’Alphonse s’avère aussi pertinente que les pronostics du daron qui ne pipe rien en sport. Jacquot devient le premier Français champion du monde de boxe après 32 ans de disette. On est encore loin de celle de Roland-Garros.
“Je me souviens même qu’un gendarme m’a fait signer un PV. C’est extraordinaire, je trouvais ça trop bon” R. Jacquot
Comme vous pouvez vous en douter, sa victoire inattendue est un immense pavé lancé dans la mare de la FFL. Elle est même nommée “victoire la plus surprenante de l’année 1989” selon le très réputé Ring Magazine. Après ce 13 février 1989, plus rien ne sera comme avant pour René. Le Lorrain est désormais habité par la fameuse “grosse confiance”. Alors 5 mois plus tard seulement, il décide de monter à nouveau sur le ring. Une décision qui va le faire entrer définitivement dans la postérité.
Mugabi, vainqueur malgré lui
A la base, le parc d’attractions de Mirapolis n’était pas conçu pour attirer les regards du monde entier. Pourtant, des gradins sont installés sur le parking de ce parc de la banlieue parisienne. Oubliez l’insipide Madison Square Garden, c’est Cergy-Pontoise qui va faire rêver la planète entière. On se dirige vers une rencontre iconique et tout le monde commence à s’en rendre compte.
Nous sommes le 8 juillet 1989, et René Jacquot effectue la première défense de son titre. Son adversaire du soir est John Mugabi. L’Ougandais fait son entrée en totale détente, et se permet même de danser sur le ring au rythme de la musique. Mais qu’il ne s’emballe pas, ce sera René le meilleur danseur de la soirée. Le match débute, et les deux boxeurs s’observent. Puis Mugadi envoie un coup qui semble anodin, sauf que Jacquot perd son équilibre pour l’esquiver. Sa cheville reste bloquée dans la bâche posée sur le ring et ne s’en remet pas. Entorse. Abandon. Ah, foutue bâche.
Après des mois de préparation, des heures et des heures passées dans la salle pour parfaire les moindres détails, la défense du titre de René Jacquot n’aura duré que 2 minutes et 34 secondes. Soit moins de temps qu’un brossage de dents (hormis pour les cracras).
“Je pense que Donald Curry, au fond, c’était la fin de l’histoire. Il n’était peut-être pas nécessaire de reboxer derrière” R. Jacquot
Détrompe-toi, René.
Ses deux autres tentatives pour redevenir champion du monde se traduiront bien évidemment par deux nouveaux échecs. Il ne pouvait en être autrement après un tel combat.