Bordeaux – Fenerbahce 1985 | Sous-estimer est la clé


Onze ans avant leur finale (évidemment perdue) de Coupe UEFA contre le Bayern Munich, les Girondins de Bordeaux faisaient leur entrée dans le Panthéon de la Lose. La raison ? Une élimination contre Fenerbahce, un autre grand d’Europe. Enfin grand… C’est vite dit.

Aussi bizarre que cela puisse paraître aujourd’hui, il fut une époque où Bordeaux était l’équipe française la moins mauvaise. À l’aube de la saison 85-86, les Girondins sont sûrs d’eux. Ils viennent de réaliser un immonde back-to-back en décrochant le titre de champion de France 1984 puis 1985.

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Une presque dream team

À leur tête, Aimé Jacquet qui n’est pas encore persona non grata à la FFL, dispose de joueurs expérimentés et habitués aux joutes européennes. Battiston, Lacombe, Tigana, Giresse et Tusseau ont par exemple tous participé à creuser un fossé entre la FFL et l’équipe de France de football lors de l’Euro 84. Avant d’affronter le Fenerbahce au 1er tour de la Coupe des Clubs Champions mi-septembre, Bordeaux est d’ailleurs en forme : 7 victoires en 11 matches de championnat. Ce qui ne laisse augurer qu’une soirée morose pour la FFL.

Affiche football FFL Panthéon de la Lose
Retrouvez le maillot du Fernerbahce et ceux des 63 autres bourreaux du football français dans l’affiche Panthéon de la Lose

Car en face, le club stambouliote a beau être champion de Turquie, il n’est pas au mieux. Son coach, Todor Veselinovic, a démissionné de son poste en août. Visiblement après plusieurs mois sans être payé. Et puis les Turcs ne sont pas perçus comme des grands footballeurs par le reste de l’Europe. C’est tout juste si on les estime parce que leurs supporters sont bruyants mais c’est tout. En témoigne un article du magazine Onze.

Si d’aventure, les Bordelais devaient buter contre le petit obstacle que constituent les champions de Turquie, on pourrait vraiment parler d’une surprise ‘‘hénaurme’’.

Le respect est donc oublié dans cet avant-match. Et vous vous en doutez, comme souvent, la presse française a vu juste.

Petit obstacle deviendra grand

Le match aller se joue à domicile pour les Girondins vont vite comprendre qu’il y a eu publicité mensongère. Les Turcs jouent bien, voire mieux qu’eux. Ils ouvrent le score et arrivent à la pause avec ce but d’avance. Bordeaux réagit en seconde période avec un but tellement chatteux qu’on le croirait sponsorisé par Benoît Paire (0’18). Heureusement dans la foulée, le portier bordelais Dropsy, remet l’église au milieu de Lescure en offrant le but du 2-1 au Fener. D’un geste qui serait resté dans les annales si Arconada n’avait pas déposé le brevet quelques mois plus tôt.

Finalement, les deux équipes se quitteront sur le score de 3-2 pour Fenerbahce. Privé de son buteur Lacombe (suspendu), Bordeaux échoue parfaitement là où ne l’attendait pas. La marque des grands.

Au match retour, les deux équipes se quitteront sur un splendide 0-0. Un résultat qu’on imagine plus facilement puisque bien plus proche de ce que l’on voit en Ligue 1 de nos jours. Si vous tenez absolument à vous l’infliger, nous vous proposons plus bas quelques actions de ce match ô combien palpitant. Mises en scène avec une musique pleine de rythme. Néanmoins, si vous avez des pensées dépressives, évitez.

Une fois sorti de la CCC, Bordeaux se concentrera sur la Coupe de France, qu’il remportera malencontreusement contre l’OM. Et puis sur le championnat, avec moins de réussite heureusement. Les Girondins termineront 3es mais se prendront surtout en pleine tronche un 9-0 au stade Louis II de Monaco. Eh oui, quand on aime, on ne compte pas.