Blacklist #5 – Le XV de France, une année terrifiante.


Nous le redoutions depuis quelques années. Ce n’était qu’une question de temps avant que ce drame n’arrive : le Grand Chelem du XV de France.

Tout commence lors de la tournée australienne en juillet dernier. Le XV de France part en bande organisée au Down Under, et visite des villes comme Brisbane et Melbourne. Entre deux selfies avec des kangourous, les Bleus profitent d’être en Australie pour jouer 3 matchs face aux Wallabies. Deux revers, dont un premier acquis difficilement après la sirène. La maestria française dans toute sa splendeur.

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Si nous nous attardons sur cette tournée, qui semble banale à première vue, c’est parce qu’elle a eu l’effet d’un premier déclic sur le XV de France. En effet, depuis ce 17 juillet 2021, les Bleus n’ont plus perdu un seul match. 13 matchs, 13 victoires. Dès lors, vous comprendrez que tout ce qui va suivre est à l’extrême opposé de nos valeurs, et de notre vision de la vie.

Si nous avons parlé de “premier” déclic, ce n’est pas un hasard. Le second intervient 4 mois plus tard, et la réception des All Blacks. Le dernier match de l’année pour un ultime affront. Un succès 40-25 sur les triples champions du monde, rien que ça. Une victoire qui va avoir des conséquences terribles sur l’année 2022.

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Une entrée dans le tournoi douloureuse

La 23e édition du Tournoi des VI Nations ne pouvait pas plus mal commencer pour nous. Il n’y a rien de pire que de recevoir les Italiens en match d’ouverture. Il s’agit d’un amuse-gueule qui vous ouvre l’appétit juste comme il faut, pour que vous dévoriez tous les matchs suivants. Si vous voulez un max de confiance pour tout le reste de la compétition, c’est face à nos amis transalpins qu’il faut jouer. Mais en regardant vite fait, on se rend compte que ce ne sont pas les joueurs en bleu qui remportent le match au Stade France, mais bien ceux en blanc ! Une jolie feinte des Français qui arboraient leur maillot extérieur ce jour-là : victoire 37-10, 5 essais à 1, et le point du bonus offensif. Une après-midi insupportable, mais il ne s’agit que du début.

La semaine suivante, les Bleus reçoivent l’Irlande. Toutefois, on a l’impression que ce sont des Italiens qui ont enfilé un maillot vert. Il faut attendre 1 minute et 7 secondes pour voir Antoine Dupont aplatir le premier essai. À la pause, la France mène 19-7, de quoi nous plonger en plein désarroi. Mais fort heureusement, le speech de Galthié à la mi-temps remet les idées en place à ses joueurs. Et le retour des vestiaires ne trompe pas. En 10 minutes, le XV de Trèfle inscrit deux essais : 22-21. La France reprend 6 unités d’avance, et le doux souvenir du drop impossible de Sexton refait surface. Il en faudrait 2 cette fois-ci, mais il n’y en aura aucun. Victoire 30-24, la douche.

Une tournée britannique désastreuse

On ose espérer que le XV du Chardon saura rafraîchir les ardeurs des Français. Mais encore une fois, le début de rencontre est une clim infligée à la FFL. Antoine Dupont est oppressé dans ses propres 22 mètres, mais au lieu de donner un grand coup de pied pour évacuer la pression, Antoine préfère remonter le ballon sur 80 mètres et briser 3 plaquages. Nous ne sommes pas tous faits du même bois.

À la demi-heure de jeu, les débats s’équilibrent. L’Écosse revient à 12-10, mais ce que les Britanniques ne savent pas, c’est qu’ils vont encaisser 24 autres points sous les yeux de leurs supporters. Pas moins de 6 essais aplatis dans leur antre du Murrayfield. On commence à comprendre que ces Bleus vont non seulement remporter le Tournoi, mais qu’ils sont en train de tenter l’impensable ; réaliser le Grand Chelem.

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Et ce n’est pas le succès 13-9 au pays de Galles qui va nous rassurer. Une équipe éhontée face à la victoire, ce qui donne même l’idée aux Britanniques de nous narguer des succès de la France. Le comble est atteint.

Le GC obtenu sur un Crunch, quoi de pire ?

Comme si ça ne suffisait pas, le Tournoi des VI se termine sur un Crunch cette année. Un duel à quitte ou double ; soit les Anglais sont nos héros (difficile à écrire), soit la France remporte réalise le Grand Chelem. Il n’existe pas de pire choix cornélien en ce bas monde pour la FFL.

Comme depuis le début de ce tournoi, ce sont les Bleus qui donnent le la dans les premières minutes. Gaël Fickou poursuit cette tradition par un essai et fait chavirer le Stade de France. Comme face à l’Irlande, la France bascule en tête à la pause (18-6). Et comme face au XV de Trèfle, le retour des vestiaires est délicieux. Les Anglais inscrivent un essai et refroidissent les 79 176 spectateurs présents en tribunes : 18-13.

Mais voilà, alors même que nous commençons à entrevoir un come-back, nous nous faisons duponter dans les règles. Le Toulousain réalise une énième percée dans ce tournoi, nous fusille d’un essai éclair. Pour mieux nous dégoûter encore de l’Ovalie. L’essai de trop.

Les Bleus remportent le Crunch, et réalisent par conséquent le Grand Chelem. Un coup double porté à notre fédération. Mais surtout, les Tricolores remportent le célébrissime Trophée Eurostar, récompensant le vainqueur du duel entre la France et l’Angleterre. Nous sommes détruits sur toute la ligne. Tel un vaisseau amiral qui sombre au jeu de la bataille navale.

Avec ce 10e Grand Chelem, la France est la grande favorite pour son Mondial en 2023. Peut-être un mal pour un bien qui sait.

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Et pour conclure l’infamie, les matchs tests de l’automne face à l’Australie, l’Afrique du Sud et au Japon se concluront. sans aucune défaite. Ainsi, le XV de France termine 2022 avec le ratio de l’enfer: 10 matchs, 10 victoires.

Les raisons de notre choix

Les +

  • Depuis 2010, nous n’avions pas ressenti une telle douleur en matant le Tournoi des VI Nations. PSA et Guy Novès manquent terriblement.
  • Réaliser le Grand Chelem est vexant, mais le finaliser à domicile face aux Anglais est une haute trahison.
  • Aucune défaite dans l’année civile, une traitrise jamais réalisée.

Les –

  • Chaque année, nous avons l’impression de relater les exploits de Dupont et sa bande. Pas très original ce XV de France.
  • La confiance est à son maximum dans les rangs français. Idéal à moins d’un an de la Coupe du monde en France.
  • Seul 2023 compte vraiment pour l’histoire