Le Grand Prix de Monaco 1996 est synonyme de fiasco pour la FFL. Avec la victoire d’Olivier Panis, on pourrait penser que ce jour est à jamais banni de notre histoire. Cependant, ce Grand Prix est aussi le théâtre d’une immense déconvenue pour Jean Alesi. Un scénario dont seul l’Avignonnais est capable de nous offrir.
La saison 1996 en Formule 1 a vu une bataille interne chez Williams-Renault pour décider du titre mondial. Damon Hill sortant vainqueur de cette lutte fratricide contre un certain Jacques Villeneuve. En ce qui concerne l’autre écurie motorisée par le manufacturier français, la réussite n’a pas été la même. En effet Benetton espérait décrocher une victoire durant la saison avec sa paire Alesi – Berger, risqué sur le papier. Pour placer ses espoirs entre les mains d’un pilote français au moteur tricolore, il faut être soit fou, soit habité d’un optimisme suicidaire.
L’une des courses les plus marquantes de l’année 1996 est sans aucun doute le Grand Prix de Monaco, remporté par un certain Olivier Panis. La dernière victoire française en Formule 1 depuis le sacre malheureux de Pierre Gasly à Monza en 2020, 24 ans et 8876 jours plus tard. Mais ce succès de Panis à Monaco en 1996 a trop souvent fait de l’ombre à une giga lose survenue dans la même course. Et par chance, celle-ci est française, ou plutôt alésienne.
Le résumé de la course
Le début de saison de Jean Alesi alterne entre les hauts et les bas. Capable de passer à travers au Brésil et en Argentine en claquant deux podiums, l’Avignonnais se rattrape rapidement. Ce dernier ne récolte qu’un seul point sur les deux dernières courses avant l’épreuve monégasque, idéal pour la confiance. Pour ce Grand Prix semi à domicile, Jean Alesi veut frapper un grand coup dans les rues de Monaco. Et dès les qualifs, le Français signe le 3e chrono pour s’élancer en deuxième ligne pour la course.
Le lendemain, le déluge s’abat sur la piste. Pas un seul centimètre carré de piste n’offre d’adhérence aux monoplaces. Pour preuve, cinq pilotes abandonnent avec panache dès le premier tour, dont le double champion du monde en titre Michael Schumacher. Cet incident profite à Alesi pour récupérer la 2e place derrière Damon Hill. Le Britannique compte déjà 9 secondes d’avance sur Jean au troisième tour, puis 14 secondes à la septième boucle. Alors que Damon Hill compte une trentaine de secondes d’avance sur Jean Alesi, le seul point faible du Britannique lui vaut très cher. Son moteur français explose sans le prévenir. Alesi récupère la première place, suite à deux abandons bien évidemment.
L’Avignonnais compte 33 secondes d’avance sur Olivier Panis, qui plus est sur un circuit réputé pour son impossibilité de dépasser. Alors autant vous dire que Jean se rêve déjà en double vainqueur de Grand Prix après l’épreuve de Montréal l’année précédente. Avec un tel matelas, Alesi s’offre même le privilège d’opérer un arrêt aux stands pour changer de gommes et ravitailler. Dès le tour suivant, il claque le meilleur temps de la course. Plus rien ne peut arriver à Jean, pourrait-on penser.
Un dénouement dont seul Alesi a le secret
Il ne pouvait pas y avoir de performance de haut vol de Jean Alesi sans un petit problème mécanique dans l’histoire. Alors qu’il ne reste que 15 tours à boucler, le Français sent un problème sur sa voiture et plonge dans les stands. Ses mécanos ne détectent aucune anomalie, et le font ressortir à la 7e position. Un joli coup de la part de Benetton. Surtout quand Alesi finit par abandonner définitivement le tour suivant à cause de sa suspension.
Alors que 22 pilotes se sont élancés sur la grille, seuls trois franchissent la ligne d’arrivée. Parti en 14e position, Olivier Panis profite de 14 abandons seulement pour remporter son unique course en Formule 1. Mais de ce Grand Prix, nous ne retiendrons que la performance majuscule de Jean Alesi. Premier avec 33 secondes d’avance sur Panis pour finir sous la douche avant même la fin de la course. Le sportif rêve son rêve, le champion le vit.
“C’est une véritable déception après avoir été si proche de gagner, surtout ici à Monaco” J. Alesi
Seulement quatre mois plus tard, Alesi pensera se consoler à Monza. Mais sa première position va lui échapper aux dépens de Michael Schumacher grâce à un coup stratégique inspiré de Benetton. Le Français maintient l’Allemand derrière lui et entre aux stands en première position, puis voit Schumi ressortir des puits devant lui deux tours plus tard. Simple, basique.