Challenge Européen | Parce que Toulon !


L’âme de Clermont a plané sur le RCT ce soir. « L’art de craquer en finale » est désormais un patrimoine auvergnat menacé. Double finaliste malheureux du Challenge Européen, le Rugby Club Toulonnais espérait réaliser la passe de trois ce soir face aux Anglais de Bristol. Délocalisée à Aix-en-Provence, la finale se jouait quasiment à domicile pour Toulon. Et les Rouges et Noirs ne se sont pas privés de faire apprécier une nouvelle fois l’hospitalité à la française.

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Si le rugby français ne tourne pas rond mais ovale en ce moment, à cause du conflit ouvert entre la FFR et la Ligue, nul doute que les clubs tricolores se portent bien, eux. Deux représentants français lors des deux finales de Coupe d’Europe la même année. Rien que ça. Si le titre nous paraît un brin provocateur, le synopsis est lui bien plus rassurant…

Parce que Toulon lose !

Après leur défaite 47 à 26 la semaine passée face aux London Wasps, en demi-finale de Premiership, on pouvait imaginer Bristol affecté. Si les joueurs toulonnais ont préparé cette finale en pensant affronter un adversaire touché mentalement, ce sont pourtant bien eux qui ont coulé dès la première minute de jeu ! Une bataille navale qui ne faisait que commencer (c’est bon on arrête promis).

À la suite du coup d’envoi atterrissant dans les 22 mètres anglais, trois petites passes vont faire exploser la défense française. Radradra réceptionne, transmet à son ailier qui lui remet, décale Randall au niveau de la ligne médiane qui n’a plus qu’à emprunter le boulevard toulonnais pour aplatir le ballon. Quinze secondes de jeu seulement. Essai le plus rapide de l’histoire de la Coupe d’Europe. Suivi d’une pénalité à la 4e minute : 0-10. Pas très Serin ce Toulon. Soucieux de respecter le couvre-feu, les Toulonnais ont à cœur de rentrer chez eux avant minuit. On se dit alors qu’on va passer une douce soirée.

Puis la machine du RCT se met à se dérégler. Dès la 11e minute tout d’abord, l’ailier toulonnais Heem vient réduire la marque. Avant que son demi d’ouverture Louis Carbonel ne vienne passer trois pénalités. C’est à ce moment-là qu’on regrette la presque-réussite au pied d’un Anthony Belleau. Les Rouges et Noirs rentrent aux vestiaires en tête (16-10). Mais la seconde période est d’un tout autre acabit…

Parce que Toulon foire !

À la reprise, les deux équipes se rendent coup pour coup, mais les anglais parviennent à recoller au score (19-19). Et à l’heure de jeu, Malins profite d’un intervalle no-man ’s-land pour venir récompenser l’implication des toulonnais en défense. Imperméable comme le toit de Roland-Garros. Sérieuse comme un employé en télétravail. Bristol mène de sept points.

Arrivés dans les 22 mètres anglais alors qu’il ne reste que quelques minutes à jouer, les toulonnais sont poussés par des ramasseurs de balle en délire. Tandis qu’ils parviennent à s’approcher à 5cm de la ligne, ils estiment qu’il s’agit du moment opportun pour subir tous les plaquages et reculer d’un mètre sur chaque impact. Le génie français à l’état pur.

Mais les Bears se mettent à la faute. Pénalité Carbonel. Manquée… mais réussie par Sheedy quatre minutes plus tard. 19-29. Le pragmatisme est peut-être anglais, mais le panache est lui définitivement français. Une dernière pénalité de Bristol vient clore le score. Les Varois ont poussé la FFL dans ses ultimes retranchements. Mais le mental d’acier des rugbymen français a une nouvelle fois parlé sur la seconde mi-temps.

“On a eu de la maîtrise en seconde période” P. Collazo

Un essai encaissé, cinq pénalités, 19-0 sur les trente dernières minutes. La maîtrise des remises en jeu peut-être.

Avec cette troisième finale de Challenge Européen perdue (2010, 2012, 2020), Toulon égalise le record de Clermont en H Cup. Mais est encore très loin des douze craquages auvergnats en finale de Top 14… Work in progress.


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