Comme tous les soirs de Crunch, un élan de patriotisme surgit dans les tripes des Français. Alors que les Bleuets n’avaient plus battu l’Angleterre dans le Tournoi des 6 Nations depuis presque quatre ans, tous les espoirs étaient permis dans le Stade des Alpes de Grenoble. ‘’Et si c’était la bonne cette fois ?‘’. Tout était si bien parti pourtant…
Ces quatre minutes qui nous rendent fiers d’être Français…
Au terme d’une première mi-temps rythmée par les pénalités et les fautes de mains, aucune équipe ne parvient à se départager. A la pause, le XV de la Rose mène d’un point sans briller (9-10). Mais la seconde période est d’un tout autre acabit…
La 56e minute sonne la révolte tricolore. Sans aucune raison, le demi de mêlée Le Garrec est plaqué à la renverse par un ailier anglais. Craquage monumental. Comme quoi, même les autres nations s’inspirent de nous.
Vous vous dites que les Bleuets vont profiter de cette supériorité numérique ? Restons sérieux. Nous parlons du rugby tricolore, mesdames et messieurs. Non pas celui de cette île Mahori au jeu léché manquant cruellement d’en-avant, mais bien de ce rugby français. Cette France qui a triomphé un soir de 2007 grâce à la couverture d’un Damien Traille inspiré face à l’Angleterre, ou encore dernièrement de l’essuyage de coude de Sébastien Vahaamahina sur une mâchoire galloise…
Amis de l’Ovalie, le meilleur commence à présent. Ayant repris les devants depuis deux longues minutes interminables, il aurait été trop facile de vaincre l’ennemi anglais à 15 contre 14. Les Bleuets ont certes poussé la FFL dans ses retranchements, mais comme souvent, le mental d’acier des rugbymen français s’est montré à la hauteur : deux essais encaissés, 14-0 en quatre minutes à 15 contre 14. What else ?
Alors que l’arrière anglais venait à peine d’aplatir un essai à la suite d’une perforation XXL de la défense tricolore sur 50m, cela ne suffisait visiblement pas à nos jeunes pousses. Une passe sautée dans les chevilles françaises plus tard, l’ailier du XV de la Rose intercepte le ballon et s’en va inscrire un second essai dans la foulée : 12-24. Les Bleuets remettent l’église au centre du village.
Essai anglais à la 80e, que demander de mieux ?
Après avoir pris deux essais en pleine gueule durant leur soi-disant moment fort, les Tricolores sont pris d’un (bref) sursaut d’orgueil. Enchaînant deux essais coup à coup dans les dix dernières minutes, avec notamment un joli mouvement sur le second, faisant rappeler le french-flair passé, ils parviennent à recoller au score (24-24). Il reste alors cinq minutes à jouer.
Les jeunes Bleuets sont insouciants et souhaitent entretenir le suspense jusqu’à la dernière minute. Le pragmatisme est peut-être anglais, mais le panache est lui définitivement français…
Sans même vous spoiler la fin, vous la connaissez déjà. Inspirés par leurs aînés, les Bleuets ont souhaité placer la barre très haute avant le Crunch de demain. La recherche de la lose rageante est inculquée dès le plus jeune âge à la FFR.
Arrivés dans les 22 mètres anglais alors qu’il ne reste que quelques secondes à jouer, et poussés par une foule en délire, les Tricolores estiment qu’il s’agit du moment le plus propice pour perdre le ballon dans un énième cafouillage. Le génie français à l’état pur. Mais le travail n’est pas terminé. Sérieux jusqu’au gong final, les Bleuets parviennent à faire avancer le XV de la Rose sur plus de 80 mètres. Une véritable guerre de tranchées s’installe alors à quelques centimètres de la ligne d’essai française… Bien sûr que non. Il aura suffi de deux petits assauts pour plier notre défense (24-29).
La France mes amis, celle qu’on aime tant chérir.