Roland Garros 2014 | Murray – Monfils, la course contre l’obscurité


Andy Murray Gaël Monfils

Si l’année 2014 fut marquée par le coup de boule légendaire de Mats Hummels sur le teston de Raphaël Varane, elle fut également le théâtre d’un des matchs de la décennie à Roland-Garros. Qualifié pour les quarts de finale, Gaël Monfils doit affronter Andy Murray. Et comme souvent (toujours) avec l’Écossais, on assiste à un match de dingue. Mais ce ne serait pas honnête de notre part de sous-estimer la partition jouée par le Mousquetaire. Monf’trueuse.

Si les deux premiers tours se passent sans embuche pour la Monf’, le troisième match face à Fabio Fognini est beaucoup moins plaisant. Du moins pour Monfils. Après avoir laissé généreusement le premier set à l’Italien en s’étant fait breaker à 6-5 (pas meilleur moment dans une manche qu’on se l’avoue), le Français remporte les deux suivants. On se dit que le quatrième va être une formalité, mais c’était sans compter sur la légendaire régularité de Monfils dont on pourra en savourer tout un rayon dans ce tournoi. Un sublime 6-0 pour Fognini. On reprend espoir. Mais la Monf’ nous fait taire définitivement en s’emparant du cinquième et dernier set. Pris à notre propre piège d’espoir.

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Les huitièmes de finale sont une nouvelle démonstration face à Guillermo Garcia-Lopez : 6-0, 6-2, 7-5. Alors peut-être, se dit-on. Au tour suivant, Monfils affronte un grincheux pro-indépendantiste écossais : Andy Murray. Le alors peut-être chavire tout doucement au peut-être rien du tout. Vainqueur en titre du tournoi de Wimbledon, il est le premier Britannique à le remporter depuis 77 ans, et Fred Perry en 1936. Cela place le niveau de performance de Murray au moment où Gaël doit l’affronter.

Un duel de craquages délicieux

Fait peu commun, les deux sportifs jouent sans entraîneur. Mais cela n’a pas l’air de gêner plus que ça le membre du célèbre Big Four. Dès le premier jeu de service de Monfils, l’Écossais se fait un plaisir de le cueillir à froid et de lui faire déguster un petit break dans les règles de l’art. Il faut attendre 21 minutes de jeu pour voir la Monf’ remporter son premier jeu. 3-1 Murray. Mais il ne faut pas sous-estimer Gaël. Revenu dans la course à l’issue d’un break, le natif de Paris est au service alors que Murray mène 5-4. Le meilleur moment pour enchaîner deux fautes directes consécutives du plus bel acabit se dit Monfils. Il n’en faut pas plus au Britannique pour s’adjuger du premier set. Ou comment se mettre dans la semoule tout seul.

Ce petit coup pris derrière la tête est peut-être dur à encaisser pour vous devant votre téléviseur, mais pour un sportif de haut niveau comme Gaël, c’est carrément la noyade. La seconde manche est un de ces sens uniques dont on ne se lasse pas. Jamais. Break, puis double break, puis trois balles de triple break. Bref, une boucherie sans nom. Second set remporté 6-1 par Murray. Puis l’incompréhension.

Dernier Français encore en lice, Monfils sent bien qu’il ne joue plus seulement pour lui, mais pour tout un peuple, pour toute une nation. Si les deux joueurs entrent timidement dans cette nouvelle manche, en sauvant chacun trois balles de break sur leurs premiers jeux de service, c’est bien la Monf’ qui s’empare de ce troisième set. La suite est un cauchemar d’une rare violence. Monfils fait étalage de toute sa puissance physique face à un Murray lessivé de la tête aux pieds. Le Français le punit et lui rend la monnaie de son livre sterling : 6-1.

« Je n’arrive pas à me l’expliquer » G. Monfils

À peine la manche finie que Murray pique une crisette et réclame l’arrêt du match. Il est 21h19, la lumière n’existe pas encore Porte d’Auteuil, et l’Écossais estime que ce manque de lumens sur le court est handicapant. Angry Murray n’a jamais aussi bien porté son nom.  Bien évidemment, dans sa lancée, Gaël est archi contre, et les organisateurs du tournoi, digne d’un bon vieil arbitrage maison, laissent le match se poursuivre.

Il doit rester un petit quart d’heure à jouer avant que les conditions ne le permettent plus. De quoi donner l’occasion à Monfils de prendre le large et de conclure la rencontre le lendemain pense-t-on. Que nenni. Le match va bel et bien aller à son terme le soir même. Mais pas dans le sens qu’on le pense. Alors qu’on s’attend tous à une avalanche de « gifles » de coup droit de Gaël, il n’en est rien. Peut-être parce que le vainqueur de cette rencontre doit affronter Nadal, et que les genoux commencent à trembler.

Verdict ? Monfils envoie des patates chaudes dans les quatre coins du court. Les ramasseurs de balle sont en sueur. Et Murray ne se fait point prier pour lui infliger une purge délicieuse : 6-0. La bulle. Les Internationaux de France n’ont jamais aussi bien porté leur nom. Et devinez en combien de temps ? 15 minutes tout pile. Le destin fait si bien les choses.

Résultat final : 6-4, 6-1, 4-6, 1-6, 6-0. Un joli duel de montagnes russes et de craquages de part et d’autre.

 

Autant d’interrogations qui restent sans réponse. Mais dont on se passera bien de les trouver.

Tom