Sept ans. Cela faisait sept années que la France attendait de voir un compatriote accéder à une finale d’un tournoi du Grand Chelem. Et puis apparu, tel un saint, Jo-Wilfried Tsonga sous le soleil australien. Auteur d’une quinzaine sensationnelle, le manceau est opposé à un tout jeune prodige : Novak Djokovic. Le poids d’un pays tout entier sur les épaules. Il n’en fallait pas plus pour démontrer toute l’étendue du mental du tennis français.
Pour cette 96e édition de l’Open d’Australie, tous les cadors sont là pour ce premier gros choc de la saison. Le duo Federer – Nadal est de la partie. Et tous les regards se tournent forcément vers eux. Aucun ne remarque cependant l’arrivée du 38e joueur mondial, Jo-Wilfried Tsonga. C’est à peine s’il est connu de ses propres adversaires. Mais le joueur de 22 ans va bientôt se faire connaître et reconnaître.
Le gamin de Savigné-l’Evêque, dans la Sarthe, tombe sur un os dès le 1er tour. Le numéro 9 mondial Andy Murray. Si l’écossais est prédit à un avenir radieux, Jo n’en a que faire. Et l’expédie du tournoi en 4 sets sur le court de la Rod Laver Arena. Mais la vague Tsonga n’en est qu’à son commencement. Son ami Richard Gasquet est le mieux placé pour en parler. Les deux français s’affrontent en huitième de finale, mais là encore une tête de série tombe en 4 sets par ce diable de Jo.
Nadal renvoyé à ses études
La deuxième semaine ne semble pas intimider le manceau. Opposé au russe Mikhail Youzhny en quart de finale, Tsonga lui marche dessus en 3 sets, dont un joli 6-0 dans la deuxième manche. Mais les choses sérieuses commencent enfin au tour suivant. Jo doit faire face au numéro 2 mondial et triple vainqueur de Roland-Garros : Rafael Nadal.
Marcel vissé sur les épaules, l’espagnol a déjà sorti Paul-Henri Mathieu en 8e de finale. Un nouvel entraînement lui est proposé avant la finale, pense-t-il. Mais Tsonga, ce n’est pas PHM. Jo écrase littéralement Nadal en seulement 2 heures et 3 petits sets. 86% de premières balles sur son service, 17 aces, 49 coups gagnants, 75% de réussite à la volée : le manceau écœure le majorquin. Le constat de Tsonga sur la rencontre est implacable. Bien que modeste.
« En fait, je pense qu’aujourd’hui, personne ne pouvait me battre » J-W. Tsonga
Tsonga se qualifie pour sa première finale d’un tournoi ATP, et il s’agit d’un Grand Chelem. La future égérie Kinder ne fait pas les choses à moitié. Il est le premier français à se qualifier en finale d’un tournoi majeur depuis Arnaud Clément à l’Open d’Australie 2001. Depuis Jean Borotra en 1928, plus aucun français n’a remporté l’Open d’Australie. La pression autour de Tsonga n’est pas trop grande ; juste un poids de 80 années sur les épaules.
Le résumé du match Tsonga – Djokovic
En finale Tsonga retrouve Djokovic, 20 ans à peine. Les deux se battent pour remporter leur premier tournoi du Grand Chelem. Et malgré leur jeune âge, aucun ne craque sous la pression de l’événement.
Les deux joueurs entrent sérieusement dans le match. Chacun est solide sur son service. Dans le premier set, Tsonga mène 5 jeux à 3, 30A, service Djokovic. Sur une attaque de coup droit sur la ligne, le serbe désaxe Tsonga qui ne peut que remettre la balle d’une grande chandelle. Le Djoker smashe devant lui mais Jo a suivi ; le français croise son passing-shot. Première balle de set de la partie. Djokovic joue encore plus offensif sur sa mise en jeu et vient à la volée. En bout de course, Jo envoie un lob stratosphérique qui effleure la ligne de fond. Set Tsonga. Djokovic réfléchit à changer de sport. Tout bonnement écœurant.
Tandis que l’espoir commence à naître dans le clan français, le second set redevient plus réaliste. Djokovic obtient deux balles de break à 3 jeux partout. Sur un coup droit croisé qui sort complètement Tsonga du court, le français joue le tout pour le tout et envoie une praline droit devant lui. En plein couloir. Il ne faut finalement qu’une seule tentative à Djoko pour chiper le service de Jo. Sur un ace extérieur, le serbe s’adjuge la deuxième manche. Le début de la fin.
Djokovic breake à deux reprises Tsonga dans le troisième set. Puis un relent français envahit le serbe au moment de conclure. Tu peux rater une balle de set… mais pas six. Il faudra attendre la septième pour que Novak remporte la troisième manche 6 jeux à 3.
Djokovic, dernier rempart de la win française
Le quatrième set est tendu. Chaque joueur conserve son service. Vient alors le tie-break, où chaque point est crucial. Premier service de Tsonga, premier craquage. Sur le retour du serbe, Jo envoie son plus beau coup droit en plein filet. Djokovic s’amuse à faire cavaler son adversaire de bout en bout du court. Et sur un énième coup droit dans le couloir, le serbe s’écroule par terre. 7-2 dans le tie-break. Et une victoire en 4 sets qui lui permet de remporter son premier titre du Grand Chelem.
« La force mentale a joué un grand rôle dans ce match » N. Djokovic
Comme toujours quand le match contient un français sur le court. Mais Tsonga peut être satisfait de son tournoi. Bon, peut-être pas autant quand même.
« Je suis très fier de moi. Je ne sais pas si je dois être triste ou content de cette finale » J-W. Tsonga
En tout cas, nous, on a choisi. Et comme si cette perf’ ne suffisait pas, la doublette Arnaud Clément – Michaël Llodra s’incline en finale du double.
Ramenez-nous en 2008 bon sang.
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