C’était un 25 Juin. 2 ans après 2002 où la France s’était effondrée avec la manière lors de la coupe du Monde au Japon et en Corée du Sud. En point d’orgue, un attaque rigoureusement muette. Ils avaient fini au même nombre de buts marqués que la Chine ou l’Arabie Saoudite. Soit zéro.
2002 avait fait mal. Aux oreilles, tout d’abord, mais aussi aux égos. Peut-être trop occupés à gérer les obligations contractuelles, les joueurs de l’équipe de France avaient pris une humiliation sans précédent. Avec la fin de l’ère Lemerre s’eteint aussi celle de l’EDF triomphante. Un regain d’humilité qui va la faire revenir à son meilleur niveau. En effet, la phase de poules est une balade avec 14 victoires d’affilée et plus de 1000 minutes sans encaisser de buts. Ils sont de retour.
Un avant-match tendu.
Cependant, malgré une phase de poule honorable, Jacques Santini, l’énergique sélectionneur français n’arrive pas à créer d’alchimie. La tension monte au fur et à mesure de la compétition. Un début avec un final Zidanesque face à l’Angleterre, puis un match avec de bien belles boulettes défensives face aux Croates, pour finir sur une victoire face aux Helvètes. Sur le banc, un Steve Marlet blessé à cause de son accréditation.
Une air-intervention absolument magistral de Marcel Desailly
En point d’orgue de cette tension, le pied de nez réservé à Captain Marcel — il verra son brassard de capitaine se transformer en chasuble de remplaçant la veille du match. Bon après, sa très grosse boulette face à la Croatie — seul match auquel il participa — lui a coûté cher. Ambiance.
Arrive donc la Grèce en quart. Équipe piège qui a climatisé le Portugal en match inaugural. Equipe pénible à jouer et à regarder par excellence.
Une purge monumentale
Le match contre la Grèce sera insipide. Les bleus jouent à contresens et ne proposent absolument rien. Puis vient la 65e minute, Lizarazu offre un avant-goût de sa saison dantesque à l’Olympique de Marseille et se fait lober comme un poussin par Zagorakis (une action désormais plus connue sous le nom de « la Jallet »). Dans le plus grand des calmes, Bixente décide même de couper son effort et le regarde partir dans son dos. Il aura le temps de compter jusqu’à 28 (nombre de points de « Zagorakis » au Scrabble) avant de voir son adversaire centrer sans la moindre pression.
Au centre, Angelo Charisteas. À défaut d’avoir marqué beaucoup de buts dans sa carrière, il marquera l’histoire de l’EDF. Particularités : moins technique que Mitroglou en tongs et ne sait jouer que de la tête. C’est donc tout naturellement que la défense Silvestre-Gallas confond le géant hellène pour un jardinier et oublie de le marquer. Il ne reste donc plus qu’à l’attaquant d’ajuster Fabulous Fab pour le fusiller d’un coup de casque aussi prévisible que dévastateur.
La suite, comme le début. Une fin de match sans saveur, sponsorisée par Lexomil. Le coaching de Santini avec la rentrée de Rothen n’y fera rien. La France sera éliminée de l’Euro. Par la Grèce. La Grèce, quoi. Pour les Grecs, le hold-up défensif ira jusqu’en finale, qui verra le monde entier jubiler face aux premières larmes en mondovision de Cristiano Ronaldo. On rigolait bien à l’époque. Le Portugal se vengera 12 ans plus tard.
L’histoire de la France climatisée par la Grèce ne s’arrêtera pas là. 1 an plus tard, ce sont les basketteurs qui vivront un rafraichissement légendaire en Serbie par Diamantidis. De son côté, Angelos Charisteas reviendra lui en France, à Arles-Avignon, pour parachever l’humiliation, accompagné de son frère de prénom et de champion d’Europe Angelos Basinas.
12 matchs faméliques à eux deux, zéro but inscrit, une relégation. Ils savent remuer le couteau dans la plaie.