Nous sommes en mai 1999. Le sort de la D1 se joue lors de la dernière journée. Deux clubs luttent pour le sacre final : Bordeaux et l’OM. Le dénouement s’apprêtait à être excitant ; il va s’avérer être grandiose.
Tout commence lors de la 32e journée. A trois matchs de la fin, l’OM est en tête du championnat. Mais les Marseillais doivent se rendre au Parc des Princes. Si le PSG n’a plus gagné l’OM en championnat depuis… 1991. Autant vous dire une éternité au vu des standards actuels. Au-delà de cette série à briser, les Parisiens veulent faire perdre la place de leader aux Phocéens. Mission accomplie. Une victoire 2-1 plus tard, Bordeaux repasse en tête.
Lors de la dernière journée, les Marseillais se déplacent à Nantes en espérant décrocher un neuvième titre de champion de France. Mais pour cela, les Phocéens doivent espérer dans le même temps que les Girondins de Bordeaux ne gagnent pas. Leur adversaire ? Le Paris Saint-Germain of course. Il ne pouvait exister pire allié de circonstance pour l’OM. En effet, les Marseillais sont condamnés à supporter les Parisiens durant 90 minutes. Tandis que les Parisiens supportent les Bordelais. Un bordel sans nom.
L’OM champion de France jusqu’à la 89e minute
Dès la 18e minute, Sylvain Wiltord ouvre le score au Parc des Princes, et permet aux Girondins de prendre le large au classement. Dans la foulée, Robert Pirès ouvre lui le score à la Beaujoire pour l’OM. Le mano a mano entre les deux clubs se poursuit jusqu’à la dernière journée. La D1 n’est pas l’ancêtre du meilleur championnat du monde pour rien. Mais dès le retour des vestiaires, patatra. Bruno Rodriguez égalise au Parc des Princes, et c’est l’OM qui est virtuellement champion de France. Une anomalie que va vite corriger ce diable de Wiltord, pour redonner l’avantage aux Bordelais à l’heure de jeu.
Puis arrive la 78e minute. Tandis que les Girondins voient le titre se rapprocher de plus en plus, Adailton smashe une tête imparable et refroidit toute cette ardeur. Mais le Brésilien, arrivé récemment dans la capitale, n’est pas bien au courant de la rivalité entre l’OM et le PSG. Ce but permet en effet aux Marseillais de devenir champions de France. Après leur titre retiré en 1993, le peuple olympien comprend que la D1 va enfin revenir sur la Canebière. On commence déjà à imaginer les tifos immenses pour le retour des héros sur le Vieux-Port. Lol.
Ce mirage va durer une dizaine de minutes. Le temps qu’il faut au PSG pour se reprendre. Sur une ultime attaque, Pascal Feindouno est lancé en profondeur. A 18 ans seulement, et avec 2 petites apparitions en D1, le Guinéen gagne son duel face à Bernard Lama et envoie les Girondins au paradis. L’OM perd le titre à la 89e minute. Bordeaux est champion de France pour la 5e fois de son histoire, l’OM vice-champion pour la 7e. Pour un petit point.
Le Parc des Princes, QG bordelais le temps d’un match
Tandis que les Bordelais font un tour d’honneur pour célébrer leur titre, les supporters parisiens se joignent à la fête. Une communion se crée entre les supporters du PSG et les joueurs des Girondins. Très vite, les Marseillais dénoncent la complaisance de certains Parisiens envers les Bordelais. Et pour être honnête, Francis Llacer, aligné au PSG ce soir-là, ne se cache pas pour leur donner raison.
“Il m’est arrivé pendant ce match d’avoir quelques absences. Je n’ai pas été des plus énergiques. Je n’ai pas donné tout ce que j’aurais pu. On n’était pas à 100 % motivé pour faire un résultat contre Bordeaux . Je n’étais pas le seul. Étant vraiment frappé de l’empreinte du club et étant né à Paris, je voyais d’un meilleur œil le fait que le titre de champion aille aux Girondins de Bordeaux” F. Llacer
Même son de cloche du côté de Claude Colombo, arbitre de la rencontre. Et Dieu sait que rien ne lui échappe durant ses enquêtes.
“Certains Parisiens, pas tous, semblaient déjà un peu en vacances” C. Colombo
Alors quand Lilian Laslandes en personne révèle la teneur des chants au Parc des Princes ce soir-là, le doute se fait de plus en plus mince dirons-nous.
“Le Parc des Princes chantait ‘Allez Bordeaux’ ” L. Laslandes
De quoi susciter une certaine suspicion dans les rangs marseillais.
“Excusez-nous d’avoir un doute, mais quand on connaît la rivalité entre le PSG et l’OM, on est obligé de penser que les Parisiens n’ont pas joué à fond face à Bordeaux” R. Pirès
Et bien entendu, le coach marseillais Rolland Courbis ne pouvait pas rester muet bien longtemps face à cette situation.
“Avant le match, je ne crois pas une seconde que les Parisiens vont faire un résultat face aux Girondins. Et c’est au moment où je commence à y croire justement que Paganelli me fait un signe avec le pouce en bas” R. Courbis
Nous ne sommes jamais déçus avec l’Espoir. La bande à Courbis ne peut pas en dire autant.