Coupe Davis 1999 – France Australie | Une finale perdue avant même de l’avoir jouée


Mark Philippoussis

Il fut un temps où la Coupe Davis était une compétition qui suscitait un profond intérêt dans le monde entier. Un temps aujourd’hui révolu grâce à notre ami Gérard Piqué. L’occasion pour nous de ressortir les archives, et de vous parler de cette édition 1999. Une finale France – Australie, à Nice, qui a laissé de lourds regrets dans le vestiaire français. Suffisant pour se pencher dessus, vautours que nous sommes.

Si l’année 1998 est considérée comme annus horribilis pour tous les amoureux de la défaite française, la saison suivante est tout l’inverse. Dès le mois de mai, l’OM s’incline en finale de la C3 face à Parme, au terme d’un match serré (3-0). Le mois de juillet est marqué par le foirage de légende de Jean Van de Velde au British Open, quand le mois de novembre voit le XV de France perdre sa 2e finale de Coupe du monde au rugby face à l’Australie. Bref, une année solide de bout en bout.

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Et cela tombe bien, car un mois plus tard, Français et Australiens se retrouvent à nouveau en finale. Cette fois, il faut troquer le ballon ovale pour la petite balle jaune. Nous parlons bien évidemment de la Coupe Davis. Et cette 88e édition va être de toute beauté.

Un parcours (beaucoup) trop simple en Coupe Davis

Beaucoup de gens ont oublié, mais le premier match des Bleus contre les Pays-Bas lors de cette Coupe Davis 1999 a été de toute beauté. Jérôme Golmard est le premier à se lancer dans le grand bain. Face à lui, le Néerlandais Richard Krajicek, vainqueur de Wimbledon trois ans plus tôt. Jérôme mène paisiblement 2 sets à rien, avant de subir une remontée néerlandaise savoureuse. Défaite en 5 sets vite oubliée par la victoire des Français 4-1 face aux Pays-Bas, mais les signaux faibles ne trompent jamais.

La France défie le Brésil de Gustavo Kuerten en quarts de finale. Si “Guga” est impérial sur la terre battue de Roland-Garros, où il lèvera à trois reprises le trophée, son aisance est moindre sur moquette en intérieur. Le Brésil est défait 3-2, quand la Belgique est balayée 4-1 en demies. À l’époque, le seum n’existait pas encore de l’autre côté des Ardennes, mais c’était tout comme. Le seul accroc durant cette opposition n’a pas eu lieu sur le terrain, mais dans la sono. Au lieu d’envoyer la Brabançonne lors de l’hymne belge, les organisateurs mettent un son qui n’a rien à voir avec la choucroute. Les dignes héritiers de Chopin.

Vient alors cette finale de Coupe Davis contre l’Australie. La France a le privilège de recevoir la finale, à Nice, et donc de choisir la surface. Un grand moment. Le vestiaire est divisé en deux camps ; ceux qui veulent jouer sur le point fort des Bleus, et ceux qui préfèrent tout miser sur les faiblesses australiennes. À savoir la terre battue. Un choix qui va s’avérer magistral par la suite.

La terre battue, le meilleur allié des Australiens

Pour cette première année de capitanat de Guy Forget, c’est une finale à la clef. Mais le dénouement n’est peut-être pas celui qu’il espérait. Dès la première rencontre, Mark Philippoussis bat Sébastien Grosjean à plate couture. Alors même que le choix de la terre battue avait été pris pour déstabiliser le géant australien. Du grand art.

“Si j’ai un regret, c’est la surface” C. Pioline

Cédric Pioline parvient à égaliser en remportant son duel face à Lleyton Hewitt, avant de laisser place au double. Et face à la paire Woodbridge – Woodforde, l’une des plus performantes au monde, les Bleus doivent se surpasser. Petit hic, Santoro et Delaitre ne sont pas les meilleurs amis du monde.

“Il y avait eu des petites tensions idiotes entre eux, et ça s’est retrouvé le jour J” G. Forget

Le groupe vit bieng.

Comme attendu, l’Australie remporte le double et mène 2-1. Plus qu’un seul point pour crucifier les Bleus devant leur propre public. Le match décisif oppose les deux hommes en forme : Philippoussis et Pioline. Et Cédric n’est pas seulement un joueur fantastique, il a également le don pour se rajouter de la pression sur ses épaules.

“À ce moment-là, j’étais le numéro 1 (français) indiscuté et indiscutable. On arrive en finale et j’ai dû ramener 7 ou 8 points” C. Pioline

Deux premiers sets haletants, puis silence radio

Philippoussis enlève la première manche, et Pioline la seconde. Le duel au sommet ne déçoit pas. Et que dire des deux autres manches. On ne sait pas si c’est l’Australien qui monte en régime, ou bien le Français qui explose en vol. Il y a certainement du vrai dans chacune de ces théories. Sur un ultime coup droit dans le filet, Pioline rend les armes. Et le grand Mark inflige un délicieux 6-1 / 6-2 pour conclure cette partie.

La France n’avait plus perdu de finale de Coupe Davis depuis 17 ans. C’est désormais chose faite. L’Australie en profite pour remporter la Coupe Davis du centenaire, et son 27e Saladier d’Argent au passage. Le mot de la fin revient tout naturellement au capitaine en personne, Guy Forget.

“La finale ? Un goût amer dans la bouche” G. Forget


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