Chypre France 88 | Les Bleus atteignent le nirvana.


Charálambos Píttas

Éliminatoires Coupe du Monde 1990. Demi-finaliste en 1986, après avoir sorti la grande Seleção en quarts, l’Équipe de France de Henri Michel fait partie des nations phares à la fin des années 80. Jusqu’à ce fameux déplacement à Chypre un soir d’octobre 1988, et un résultat qui restera dans les annales de la FFF. Plongez en immersion dans ce qui constitue, même 33 ans plus tard, l’un des moments dorés des Bleus.

Le lendemain de la demi-finale de Coupe du Monde 1986 s’apparente davantage à un mauvais réveil qu’une continuité. La génération Platini tire sa révérence. Place à la relève. Mais surtout place à la non-qualification pour l’Euro 88. Ajoutez à cela le bras de fer entre Éric Cantona et le sélectionneur Henri Michel, le premier insultant l’autre de « sac à merde » pour ne pas avoir été appelé en sélection, et vous obtenez une atmosphère des plus sereines pour aborder les éliminatoires de la Coupe du Monde 1990.

Ces derniers commencent pourtant de la meilleure des manières pour les Tricolores. Facile vainqueur de la Norvège sur le score fleuve de 1-0 au Parc des Princes, l’Équipe de France est amenée à se déplacer à Nicosie lors du match suivant. Petite île de la Méditerranée, Chypre possède à l’époque l’une des sélections de football les plus faibles d’Europe.

Les Français ont rencontré à deux reprises les Chypriotes auparavant, pour deux gifles 7-0 et 4-0. Alors quand les Bleus foulent la pelouse du légendaire Stade Makarios, et ses incroyables 2 700 spectateurs chauffés à blanc, c’est tout naturellement que les locaux ne partent pas forcément favoris de cette rencontre. Mais la magie du foot opéra.

Le résumé du match Chypre – France

La rencontre débute par une logique domination française. Mais sur un gazon qui s’apparente davantage à un terrain champêtre qu’une pelouse, il faut attendre la fin de la première période pour voir l’attaquant du PSG Daniel Xuereb ouvrir le score d’un coup de tête bien senti. Face à un bloc retranché dans son camp, le staff des Bleus se dit que le plus dur vient d’être fait. Certes. Mais le plus beau reste à venir.

Tandis que les Français pensent maîtriser les débats avec ce but d’avance, ils vont aussi bien gérer la situation que Francesco Schettino, célèbre capitaine du Costa Concordia. Alors que les Chypriotes poussent dans les tous derniers instants de la partie, ces derniers parviennent à obtenir un pénalty à la 78e minute à la suite d’une énorme erreur de défense des Tricolores.

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Pour tirer le pénalty, les Chypriotes envoient leur défenseur central, au doux nom de Charálambos Pittas. L’affront est de taille. Mais le deuxième joueur le plus capé de l’histoire de la sélection n’en est pas à son coup d’essai. Soixante buts en carrière, de quoi lui permettre de tromper Joël Bats sur la droite des cages, pourtant parti du bon côté. Alors qu’ils menaient au score, les Bleus réalisent l’exploit monumental de concéder le point du match nul face aux anonymes Chypriotes. Mais la prouesse dépasse le seul cadre du terrain…

Quand un Michel en remplace un autre chez les Bleus

Comme si cette désillusion XXL ne suffisait pas, un épisode digne de House of Cards se trame dans le dos de Henri Michel. Le Président de la FFF Jean Fournet-Fayard se met d’accord avec Claude Bez, lui-même président des Girondins de Bordeaux et futur superintendant de l’Équipe de France, pour nommer à la tête de la sélection un certain Michel Platini. Mais ce serait trop simple de l’annoncer clairement à Michel. Non, à la place, on préfère lui faire miroiter son maintien au poste.

« A 18 heures, après le match, le président convoque tout le monde pour dire qu’il me garde et qu’il me fait toujours confiance. Deux jours après, il me vire ! » H. Michel (Le Parisien)

Digne d’une hypocrisie koh-lantesque. Henri Michel évincé, c’est donc Michel Platini qui le remplace. La suite des éliminatoires n’est pas plus glorieuse. Les Bleus subissent deux revers consécutifs en Yougoslavie et en Écosse. Suivis de deux nuls contre ces mêmes Yougoslaves et face à la Norvège pour bazarder toute chance de qualification pour la Coupe du Monde 1990. Le succès face aux Chypriotes lors du dernier match ne changera rien. Les Bleus sont éliminés dès les éliminatoires.

La raison ? La contre perf salvatrice à Nicosie bien évidemment. Les Français terminent troisièmes du groupe derrière l’Écosse pour… un petit point. Celui du nul à Chypre, ne cherchez pas plus loin.

En huit matchs lors des éliminatoires, les Chypriotes morflent sept fois. Et devinez quelle est la seule nation qui s’est prise les pieds dans le tapis ? Nos irrésistibles Gaulois.


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