Le geste qui va suivre est encore plus légendaire que les passements de jambes de Ronaldo ou même les roulettes de Zidane. On vous parle d’un enchaînement qui a réinventé le football ; but, retrait du maillot, second carton jaune, rouge. Le nec plus ultra de la lose. Le tout signé par Marouane Chamakh, en Coupe de France bien évidemment.
Si vous pensez que retirer son maillot est un délit footballistique très ancien, vous vous mettez un premier doigt dans l’œil. En effet cette règle magique ne voit le jour qu’en 2004. Alors pour l’inaugurer, qui de mieux que notre chère et tendre Coupe de France pour créer la première polémique.
Opposés au PSG en 16e de finale de la Coupe de France, les Bordelais se rendent au Parc des Princes avec la ferme intention de se qualifier. Et ce 13 février 2005 va marquer l’histoire du football à jamais.
Le résumé du match PSG – Bordeaux
La rencontre commence véritablement à la 39e minute quand, sur une passe trop courte du Togolais Kodjo Afanou, Marouane Chamakh est pris par Sylvain Armand. Le Français en profite pour réaliser une percée au milieu du terrain, très rapidement anéantie par un tacle deux pieds décollés de Chamakh. Tellement prévisible. Le jeune Marocain s’en sort avec un carton jaune. Un moindre mal au vu du découpage en règle digne d’un ninja.
On ne le sait pas encore, mais il ne s’agit que de l’entracte du show Chamakh. Seulement deux minutes plus tard, sur un coup franc de Francia, le Marocain dévie le ballon de la tête et trompe Jérôme Alonzo. Jusque-là, on se dit qu’il est le sauveur des Girondins. Mais c’était sans imaginer qu’il retire son maillot pour célébrer son but. Darcheville lui dit de vite le remettre. Mais le mal est fait.
L’arbitre Gilles Vessière n’hésite pas une seule seconde et dégaine un deuxième carton jaune en deux minutes. Limite le sourire aux lèvres. Rouge. Si tous les supporters bordelais sont révoltés après leur joueur, Marouane Chamakh peut compter sur le soutien infaillible de Thierry Rolland et Jean-Michel Larqué aux micros.
« Attention il va prendre un carton. Il va prendre un carton. Quel idiot. Mais quel idiot. Quel idiot il va prendre le carton et se faire expulser. Quel idiot » J-M. Larqué
« Ça c’est vraiment une connerie à l’état pur » T. Rolland
Bon peut-être pas les mots les plus empathiques qu’on connaisse, certes. Les Girondins mènent au score, mais pourtant ils tirent tous la gueule. Ils vont devoir jouer en infériorité durant toute la seconde mi-temps grâce au cadeau empoisonné de Chamakh.
Le show Chamakh cher payé
Réduits à dix contre onze, les Girondins subissent les assauts parisiens, se font d’énormes frayeurs, mais tiennent. Alors que tous les attaquants du PSG sont suivis à la culotte par les Bordelais, ces derniers ont oublié que le danger pouvait venir d’un autre joueur bourré de talent technique ; Mario Yepes.
Sans aucune raison, le Colombien décide de remonter le ballon depuis sa défense centrale et venir épauler ses attaquants dans la surface. Benachour trouve Yepes qui effectue un contrôle orienté avant d’envoyer le ballon sous la barre de Ramé. Improbable. Le doublé de Pauleta en prolongations permet de qualifier le PSG en huitièmes de finale. Mais ne vous y trompez pas, le héros parisien ce soir-là n’a été ni Portugais, ni Colombien, mais Marocain.
Réduire la Coupe de France à une cabine d’essayage, le véritable exploit de la carrière de Marouane Chamakh.
Un scénario copié 17 ans plus tard par Arek Milik.
Milik qui marque le but de la gagne et célèbre en enlevant son maillot.
Deuxième jaune.
But annulé par la VAR.
Chamakh a son successeur
— Fédé 🇫🇷 de la Lose (@FFLose) September 11, 2022