Blacklist FFL 2021 #3 – Romain Cannone, le coup d’épée dans le dos


En garde. Prêts. Allez ! L’Escrime est de loin le sport le plus francophone qui soit. Premier pourvoyeur de médailles tricolores devant l’éternel, cette discipline est bien évidemment fermement blacklistée de base par notre Fédération. Cependant, Londres 2012 fut un extraordinaire exemple de rigueur et d’abnégation. 0 médaille, première historique. Alors on se disait bêtement qu’un tel objectif était atteignable en 2021. Romain Cannone, sorti de nulle part, nous a clairement fait une parade riposte.

Romain Cannone, le boulet sorti de nulle part.

Il faut revenir avant même le début de la compétition pour comprendre à quel point la trahison de Cannone ne pouvait pas être prévue par nos soins. L’épée française pouvait emmener 3 concurrents aux JO. Les 2 premiers, Yannick Borel et Alexandre Bardenet, performent en individuel. Le 3e, Daniel Jérent, est dans une histoire de no-show aux contrôles antidopage. La Fédération préfère jouer la sécurité en inscrivant Romain Cannone, 47e mondial, qui est souvent plus performant en équipe qu’en individuel.

Alors, quand on voit Borel et Bardenel éliminés, on se dit naïvement que le job est fait. Surtout que sur la route de Cannone, se dressent les numéros 3, 2 et 1 mondiaux. On a baissé la garde trop rapidement, et vous ne le savez que trop bien, c’est la dernière chose à faire en escrime.

Et ça fait Bim Bam Boum

On attend alors patiemment devant France TV pour voir la défaite et enfin soupirer un « Ennemy Down ». C’est tout le contraire qui va arriver. Dans la grande tradition de l’escrime, Romain Cannone enchaîne les touches avec les cris de l’espace pour essayer de convaincre l’arbitre qu’il a bien touché. Marco Verratti a hésité à changer de carrière après avoir vu ça, autant de conversation avec les arbitres, c’est une sorte de paradis pour lui.

Et s’il nous laisse espérer une remontada du Russe Bida, la demi et la finale seront limites sans suspens. Le numéro 1 mondial Siklósi n’y pourra rien. Cannone est le premier médaillé olympique en or de Tokyo, le premier escrimeur français à ramener la breloque dorée en individuel depuis Brice Guyart au fleuret en 2004, et le premier épéiste depuis Éric Srecki en 1992. Tout ça sans que personne ne l’attende. Une éternité que l’on aurait aimé voir prolongée.

Et l’échec en épée par équipe atténue un peu notre peine, mais bien évidemment pas assez pour ne pas lui attribuer une méritée 3e place dans notre blacklist.

Antoine