Vous vous souvenez de Sixième Sens et de son dénouement ? Vous pensez que c’est le plus gros twist de l’histoire? Detrompez vous et rendez-vous en 1994. Le plus beau twist qu’il nous ait été donné de voir jusqu’à présent, c’est bien celui qu’a réalisé Mary Pierce à Roland Garros cette année là.
L’année 1994 et son tournoi de Roland Garros nous rappellent que l’absence de Français en deuxième semaine n’a pas toujours été une réalité. Cette année-là, 3 Françaises sont encore présentes au stade des 8e de finale dans le tableau féminin (Mary Pierce, Julie Halard et Alexia Dechaume). Dans le tableau masculin, un seul avec Olivier Delaitre. Bref, on est encore très loin des standards actuels. Surtout que Mary Pierce se hissera jusqu’en finale… et avec une domination quasi absolue. Avant l’olympe.
D’abord, monter en puissance
À seulement 19 ans, Mary Pierce n’a visiblement que faire du respect envers ses aînées sur un court. Pendant toute la quinzaine, elle s’éclate, certes, mais éclate aussi tout le monde sur son passage. Avant d’atteindre la demi-finale, elle ne concède que 6 jeux (en 5 matches). 6-1 6-0, 6-0 6-1, 6-0 6-0, 6-1 6-1 puis 6-0 6-2 Pas l’temps d’niaiser.
Mais pas de panique. Sur son parcours, la Française n’a pour l’instant rencontré aucune tête de série. Elle profite de la grosse contreperformance de Navratilova au premier Tour pour voir l’horizon s’eclaircir. Mais en demi, face à Steffi Graf, tout devrait rentrer dans l’ordre. Ca ne sera pas la même histoire face à une pointure du tennis mondial.
Championne en titre et triple gagnante de l’ocre Parisienne, nous devrions être rassuré. Eh bien non. Face à l’Allemande, , Mary Pierce nous renvoie dans nos 22, ou plutôt envoie un 6-2 6-2. Un petit faiblissement face à la numéro 1 mondiale, mais quand même.
Et enfin, le twist !
Pour nous, la messe était dite. Mary Pierce nous avait embarqué dans sa feinte et on avait plongé dedans tel Milner face à Messi. Pendant ce temps, la native de Montréal fomentait son coup de maître pour la finale.
Opposée à Arantxa Sanchez Vicario, Mary Pierce se révélait enfin. Finie l’insouciance de la jeunesse et les lourdes balles qui sortaient de sa raquette jusqu’à présent. En finale, la tête de série n°12 n’a plus les jambes de feu et finit par buter sur l’Espagnole. Défaite 6-4, 6-4. L’humiliation est évitée. Mais que de stress bon sang !
Comme tout bon auteur, Mary Pierce a voulu garder le secret de cette finale. Ce n’est que plus tard qu’elle a accepté de se confier.
« J’ai trop pensé à ce match et à ce discours qui m’obsédait. Je n’étais pas encore 100% à l’aise en Français. J’étais jeune, extrêmement nerveuse. »
La clé était donc là. La morale de cette histoire, c’est que le Français sait perdre, peu importe comment. C’est en lui. Même quand plus aucun adversaire ne semble en mesure de le défaire, il reste ingénieux pour trouver la faille qui le fera tomber. En 1994, il s’agissait d’un simple discours d’après-match. Gageons qu’elle avait quand même réussi celui de la seconde place.
Le discours d’une reine.