Un été français se résume assez vite : Roland-Garros, Tour de France et tournée-branlée du XV de France à travers le monde. Alors qu’il se prépare à rentrer dans son rendez-vous estival contre l’Australie, on vous a préparé un petit top 5.
5. Les chemins de croix de Fall et Parra (2018)
Pas besoin de remonter à très loin pour débuter ce top 5. Juin 2018, alors que l’équipe de France de football se prépare à intégrer notre Blacklist, le XV de France lui, nous prouve sa fidélité avec trois défaites cinglantes contre les All Blacks. Les 16e, 17e et 18e test-matches consécutifs perdus contre les Néo-Zélandais. Et oui, il n’y a pas qu’Agen qui sait faire des belles séries au rugby.
Après un apéro efficace (52-11), les Français avaient prévu de s’offrir en plat de résistance aux Blacks pour le deuxième match, mais rien ne se passe vraiment comme prévu. Hormis cette défaite finale sans grande saveur, difficile de trouver des motifs de satisfaction côté bleu. Réduit à 14 pendant 70 min, le XV de France lutte bien trop vaillamment par rapport à d’habitude (défaite 26-13). Seul point positif : l’expulsion de Fall pour un duel aérien avec Beauden Barrett. Mais la lose sera à mettre au crédit de l’arbitre du jour, Angus Gardner. Sa décision sera déjugé par World Rugby et Fall verra son carton rouge annulé après la rencontre.
Pour le dernier match (défaite 49-14), Jacques Brunel tente vainement de remobiliser ses troupes en intronisant un nouveau capitaine : Morgan Parra. Le demi de mêlée ne restera que 8 minutes sur la pelouse avant de sortir. Ohé, ohé, capitaine commotionné.
4. La clé, c’est la régularité (2017)
C’est bien beau de se prendre une fessée. Mais pour obtenir la reconnaissance de la lose, il faut savoir les répéter. En 2017, le XV de France l’a parfaitement compris. Les Bleus sont partis en Afrique du Sud avec la ferme envie de prendre le bouillon. Après une défaite inaugurale plutôt aboutie (37-14), ils ont demandé du rab, et plutôt deux fois qu’une. Deuxième match : 37-15. Troisième match : 35-12. Métronomes ces Français. Une performance pleine d’humilité, sans grandiloquence mais avec la justesse des grands pour satisfaire un tant soit peu les spectateurs. En témoigne cet amour de relance de Trinh-Duc (à 1’10) dans le match 2.
3. La montée en puissance (2008)
Une fois n’est pas coutume, l’équipe de France aborde sa tournée d’été avec bon nombre de ses cadres absents pour cause de saison de Top 14 à terminer. Comme quoi, le meilleur allié de la FFL est parfois le calendrier. La tournée en Australie débute doucement : 10-6 en faveur des Wallabies à la mi-temps du premier match. La France est-elle en forme ou est-ce l’Australie qui déjoue ? Question rhétorique bien sûr. La reprise nous le montrera assez vite avec trois essais encaissés en l’espace de 20 minutes. Score final : 34-13. Mais les Bleus n’ont pas encore donner leur pleine mesure.
Ce n’est que lors de la seconde rencontre que les Français se chaufferont vraiment. Au propre comme au figuré. Voyant que toute son équipe brille par sa médiocrité, l’altruiste Imanol Harinordoquy décide de sortir du lot en offrant grassement ses phalanges au premier venu, aka James Horwill.
Avec un seul essai marqué au match précédent, l’objectif de la rencontre était clair : n’en marquer aucun. Pendant 80 minutes, le plan est respecté à la lettre par les Français qui n’ont plus qu’à attendre la cloche pour s’incliner 40-3. Oui mais voilà, François Trinh-Duc, en bon gendre idéal insupportable qu’il est, s’en va aplatir à la dernière seconde (40-10). Quel dommage de finir sur une telle note.
2. L’épisode Le Bourhis (2014)
12-3, c’est le savoureux bilan des essais inscrits durant cette tournée en Australie. 12 pour l’Australie (évidemment) et 3 pour nos Français. Au-delà de cet aspect comptable des plus éloquents, la tournée estivale de 2014 a été marquée par la présence éphémère de Félix Le Bourhis en équipe de France. Surprise de la liste des sélectionnés, le centre de l’UBB est aligné d’entrée… sur l’aile ! Parce que Saint-André aime mettre à l’aise les nouveaux. Une réussite totale : défensivement, l’équipe de France est en déroute durant 80 minutes et Le Bourhis se montre au niveau de ses partenaires avec une jolie boulette. Pour sa première et dernière cape en Bleu.
Le Bourhis ne rejouera pas de la tournée mais ses partenaires s’en sortiront tout de même très bien. La confrontation suivante sera aussi passionnante qu’une étape de plaine du Tour de France. Dans une démonstration offensive qui fait encore office de match référence de nos jours, les Bleus s’inclineront avec panache (6-0). Rien à voir avec le troisième et dernier match où le XV de France inscrira 13 points. Heureusement que les Australiens feront fait le job en face (39-13), certes bien aidé par les 35 plaquages manqués des Français. On sait que quand on aime, on ne compte pas. Mais là, on n’a pas pu s’empêcher.
1. Suicide squad (2007)
Quelques mois avant la Coupe du monde, l’équipe de France s’en va à l’autre bout de la planète pour défier à deux reprises les All Blacks chez eux. D’emblée, tout cela sent très bon la lose. Le sélectionneur Bernard Laporte est dans l’impossibilité d’appeler les joueurs disputant les demi-finales du top 14 (Clermont, Toulouse, Biarritz et Stade Français). Le XV de France s’envole donc avec 26 sélectionnés dont 14 n’ont encore aucune cape en Bleu. Parmi eux, Jean-François Coux est sûrement le plus verni. Le trois-quarts du CS Bourgoin-Jallieu apprend au dernier moment sa sélection et est envoyé dès le premier match au charbon (au casse-pipe en réalité). Pourquoi cette titularisation imprévue ? Parce que Nicolas et Julien Laharrague ne se lèvent pas le matin de la mise en place. Pro-fe-ssio-na-lisme.
Tous les autres néophytes n’auront pas besoin de se faire bizuter par le vestiaire. Le terrain s’en chargera, par deux fois. Car en face, ce n’est pas l’équipe bis de la Nouvelle-Zélande. Carter, McCaw, Sivivatu, Rokocoko et les autres sont là et infligent dans un premier temps un sympathique 42-11 aux Tricolores. Une semaine plus tard, rebelote mais en mieux. Olivier Magne et Christian Califano tirent leur révérence en Bleu sur la plus belle défaite française face aux Blacks : 61-10. On imagine l’ambiance du pot de départ dans le vestiaire.
Le bilan comptable de cette tournée sera bien évidemment magique : 103 points encaissés en deux matches, seulement 4 joueurs iront à la Coupe du monde en septembre et 15 ne reviendront jamais porter le maillot bleu. Malgré tout, ce sera aussi l’avènement de Sébastien Chabal sous le maillot tricolore. Durant le premier match, le Valentinois, respectueux envers ses hôtes, laissera un petit caramel à Chris Masoe. Après la seconde rencontre, il emportera quand même en souvenir la mâchoire d’Ali Williams.