XV de France – All Blacks | On peut perdre une fois, mais pas 11…


Second derrière l’Angleterre au Tournoi des 6 Nations et à l’Autumn Nations Cup, le XV de France a réalisé une prouesse qui lui a permis de décrocher la 4e place des FFL d’Or 2020. Mais ce miracle n’est rien comparé aux débuts de l’Équipe de France de rugby. Retour sur le tout premier match des Bleus, un certain 1er janvier 1906…

À l’aube du XXe siècle, un tout nouveau sport vient s’immiscer dans le quotidien des français : le rugby. Si ce jeu anglais est déjà pratiqué depuis plusieurs décennies outre-Manche, c’est au début du siècle dernier que la France décide de se munir d’une sélection nationale. Pour notre plus grand bonheur.

Opposés à la Nouvelle-Zélande pour son premier match officiel, les Blacks font déjà figure de terreur dans le monde de l’ovalie de l’époque. Les néo-zélandais sortent d’une tournée d’automne de trois mois où ils ont gagné 31 de leurs 32 matchs. La dernière rencontre est organisée face aux tous premiers internationaux français de l’histoire. Vous commencez à saisir la boucherie qui va suivre. Toutes les conditions d’une fessée sont réunies. Ce qui n’échappe d’ailleurs pas à la presse nationale. Il n’y a pas à dire, le XV de France fédère l’ensemble des journaux derrière lui.

« Nos représentants seront battus, c’est indiscutable » Le Matin, 28 décembre 1905

« C’est un match dans lequel les nôtres n’ont aucune chance de vaincre » Le Figaro, 31 décembre 1905

On frôle l’excès de confiance.

Le résumé du match du XV de France

Lundi 1er janvier 1906. Parc des Princes. 3 000 spectateurs se bousculent dans l’enceinte. Les supporters ne veulent louper cette dérouillée pour rien au monde. Le coup d’envoi du match est donné sous une pluie diluvienne. Mais contre toute attente, ce sont les français qui entrent le mieux dans la partie. Les Tricolores acculent les Blacks sur leur ligne d’en-but et inscrivent le premier essai du match. Ce n’était pas prévu dans le contrat passé avec la lose ça.

Mais ce fut finalement un mal pour un bien. Les néo-zélandais réagissent et inscrivent deux essais dans le premier acte. Le score à la mi-temps est de 8-3 (essai à trois points). Les supporters commencent à se regarder à la pause. L’espoir est en train de naître dans les gradins, et le public parisien veut croire à un exploit. Exploit qui prend forme dès la reprise. Les Bleus inscrivent un second essai. 8-8. Jusque-là, aucune équipe britannique n’avait inscrit le moindre essai face aux Blacks durant la tournée d’automne. Les bookmakers sont en sueur.

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Mais comme souvent avec le XV de France (masculin ou féminin d’ailleurs), le craquage mental n’est jamais bien loin. Les néo-zélandais vont littéralement marcher sur les français. Huit essais encaissés par la France en trente minutes. Soit un essai toutes les quatre minutes. Cette dernière demi-heure sera inculquée au sein du XV de France de génération en génération au fil des décennies. Le score final est flatteur : 38-8. Dix essais à deux.

 

 

Le premier revers d’une longue série

En ce 1er janvier 1906, le rugby français a indéniablement gagné ses premières lettres de noblesse. Forçant même le respect des maîtres néo-zélandais.

« Les Blacks ont surtout admiré notre arrière, qui appartient au Havre Athletic Club » L’Intransigeant, 2 janvier 1906

Manque de pot, l’arrière de l’équipe de France est en fait un anglais naturalisé, William Crichton. Tout est dit. D’autres journaux se veulent, eux, plus prophétiques.

« Ce sera une date historique et facile à retenir dans les fastes du rugby français » La Vie au Grand Air, 5 janvier 1906

En effet, 115 ans plus tard la date est toujours historique. Mais cette première réussie en appelle d’autres. Deux mois plus tard, le 22 mars, les français reçoivent au Parc des Princes le XV de la Rose pour ce qui va être le premier Crunch officiel. Défaite 35-8. La légende est en marche.

Il faut attendre le douzième match du XV de France, le 2 janvier 1911, pour assister à la première victoire de son histoire (16-15 contre l’Ecosse). Au total, ce sont pas moins d’onze défaites lors des onze premières rencontres, soit cinq années de lose et de panache. Une disette qui semble désormais bien lointaine…

Le chiffre : 1 827

Du 1er janvier 1906 au 2 janvier 1911, la France a dû attendre 1 827 jours pour connaître enfin le goût de la victoire. Précoce.