Le bout du monde. La fin de la terre, comme le nom de son bon département l’indique dans cette langue imaginaire qu’est le breton. Ce n’est donc pas Tahiti, plutôt une des villes les plus laides de l’Hexagone et où la température reste de 15°C en janvier comme en juillet : bienvenue à Brest, Brest-même comme l’appellent les autochtones (à prononcer Bressmême), et son Stade Brestois qui a réussi l’exploit de se relever du départ de son ancien phare Nolan Roux.
Non sans mal : après la sanction immédiate de la descente en 2013, il a fallu attendre six ans pour remonter. Mais les habitués n’ont jamais abandonné le Penalty, ce bar en face du stade devenu le seul monument de la ville. On y enquille les verres jusqu’à plus soif, de préférence devant un Dijon – Brest pour être sûr de ne pas avoir à regarder le match. On se plante le nez au ciel (il pleut), on se mouche dans les étoiles et advienne que pourra.
La saison dernière
Il paraît que la première saison n’est jamais la plus difficile pour un promu. Les Brestois ont pourtant réussi un départ parfait avec une seule victoire lors des neuf premiers matches. Le sprint final était aussi impeccablement entamé avec une victoire sur les sept derniers matches, mais alors comment ne peut-on terminer que quatorzième avec un tel bilan ? Grâce à l’enchaînement diabolique, clairement pas donné à tout le monde, la sainte Trinité, le coup du chapeau : battre dans la foulée Metz, Angers et Dijon au mois d’octobre, quand même vos propres supporters ne vous regardent plus. Là, ça vous classe une équipe. En remettre cinq à Strasbourg en décembre, en glorifiant un ersatz de Pinocchio (Christian Battocchio) qui marque trois fois. Personne n’a plus jamais entendu parler de lui ensuite. En remettre cinq à Toulouse en janvier, mais là ça n’a plus rien d’incroyable.
Le joueur à suivre
On l’a déjà signalé plus haut, la succession de la légende Nolan Roux n’a pas été chose aisée à Brest. Alexandre Alphonse, Mamadou Samassa, même Neal Maupay… Ils s’y sont tous essayés, mais rien n’y a fait. Il fallait attendre le digne successeur, presque le fils prodigue. Il a fini par arriver en 2017 : Gaëtan Charbonnier et le stade Francis-Le Blé, désormais, ne font plus qu’un. S’appliquant à ne jamais dépasser les six buts lors de ses quatre grandes années à Reims (de 2013 à 2017), il a malheureusement plongé dans les grandes largeurs avec sa saison noire à 27 buts en Ligue 2 en 2018-2019, celle de la remontée pour Brest. Invité à vie du Penalty, on n’a sans doute plus vu de joueur aussi jouissif sur la rade depuis Franck Ribéry en 2004.
Ne jamais oublier d’où l’on vient : là où tout a commencé pour un de nos membres les plus éminents.
Hormis un été sud-africain exceptionnel en 2010, ce licencié s’est lui montré beaucoup plus décevant…
Il va nous manquer
Nous aimerions rire sur le départ du défenseur David Kiki, ou plaisanter sur le fait qu’il est encore trop tôt pour oublier Bruno Grougi. Mais Brest doit beaucoup trop à Alex Dupont, décédé la semaine dernière, pour ne pas lui rendre l’hommage dû à son rang. Si on peut intégrer le Stade Brestois à notre élite resserrée depuis quelques années, c’est grâce au sorcier de Dunkerque, qui relançait sa carrière en 2009 tout autant que le club en accrochant la montée en Ligue 1. Le break à Ajaccio, en 2012-2013, n’aura duré que six mois. Alex Dupont et Brest étaient devenus trop indissociables. Il revenait y passer trois vraies belles années de Ligue 2 jusqu’en 2016. Pour l’éternité, il était déjà devenu notre « Sir Alex » en 2000, la victoire de Gueugnon face au PSG en Coupe de la Ligue restant comme un des plus grands monuments FFL. Ce sont toujours les meilleurs qui partent en premiers.
RIP « Sir Alex ».
Notre pronostic rêvé
Un jour de pluie (pas le choix) à la 38eme et dernière journée. Brest se joue d’un PSG complètement démobilisé car champion depuis quinze matches. Dans le même temps, à Rennes, Nîmes égalise à la dernière minute et permet aux Brestois de doubler leurs amis régionaux à la 17eme place, s’offrant par la même occasion un barrage de légende contre Guingamp. Tournée de Breizh Cola !
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