À l’occasion de la sortie de son affiche du Panthéon de la Lose, la FFL te propose de revivre les plus grandes désillusions du football français en Europe ou même dans le Monde. Des 11 équipes tricolores à avoir goûté aux joies d’un quart de finale de C1, le Racing Club de Strasbourg est probablement la plus dure à retrouver. Retour dans le début des années 1980, période-fleuve du football alsacien.
Auréolé du titre de Champion de France 1979 avec une équipe très locale, le RCSA s’attaque à l’Europe pour la seconde année consécutive. L’année précédente, ils goûtaient aux joies de l’UEFA. Et comme tout bon club français, aux joies de la piquette au match retour. Après un 0-0 à la Meinau face à Duisbourg en 8e de finale, les Alsaciens découvrent un terrain gelé au retour. Manque de bol, les baskets ne sont pas arrivées à temps. Avec leurs crampons, les Alsaciens ressemblent plus à une troupe d’Holiday on Ice qu’à une équipe de football. 4-0 au retour. Merci, Auf Wiedersehen.
Une première et dernière C1
Tout juste auréolé de leur premier (et dernier) titre de Champions de France, le Racing Club de Strasbourg découvrait pour la première fois la grande Coupe d’Europe. Et au second tour, y vivra peut-être un des moments les plus marquants de ses passages européens. Opposés au Dukla Prague, le RCSA remonte le 0-1 de l’aller pour s’imposer 2-0 en prolongations et faire chavirer La Meinau.
Le tour suivant tirera le premier (très gros) de l’histoire de Strasbourg. L’Ajax Amsterdam, qui roule sur la compétition jusqu’ici. 16-2 au cumulé face à Helsinki au Premier tour, puis 10-4 contre Nicosie. Ils ont d’ailleurs envoyé leur équipe de jeune se prendre un 4-0 au retour après avoir gagné 10-0 l’aller. Bref, sereins les bataves.
Et pourtant, malgré le rapport de force qui semblait déséquilibré, le match aller sera un champ de bataille où il n’y aura aucun vainqueur. La bande à la légende locale Gilbert Gress tiendra bon. Parmi elle, un certain Raymond Domenech. 0-0, malgré un vent frais lorsqu’un attaquant néerlandais s’effondre, ceinturé par Léonard Specht. L’arbitre n’en sifflera rien. Rendez-vous au retour.
Retrouvez le maillot de l’Ajax dans l’affiche Panthéon de la Lose
5 minutes d’insouciance pour comprendre que le bonheur est passé.
Après une bonne demi-heure à l’Olympisch Stadion d’Amsterdam, les Strasbourgeois vont craquer par 2 fois. Bien qu’en face ça ne soit plus l’Ajax des années 70 et de Cruyff, ça ne les empêche pas de bien jouer au football. Les espaces sont trouvés dans le dos de la défense alsacienne et les buteurs bataves ne se font pas prier. En 5 minutes, ils en collent 2 et ne seront plus inquiétés.
Retour de la pause, même sanction. Boulevard dans le dos, 3-0 puis 4. Comme l’année d’avant en UEFA, Strasbourg encaisse un cinglant 4-0 pour quitter la compétition. Cette défaite est cependant loin d’être la plus humiliante pour un club français en Coupe d’Europe, mais elle marque l’apogée du club strasbourgeois. C’est la raison même de sa présence au panthéon de la lose.
5e à la fin de la saison, ils ne goûteront plus jamais aux joies de la C1. Gilbert Gress sera viré l’année suivante, ce qui causera une fracture irréversible entre les supporters et les dirigeants. La suite ? Des allers-retours entre la Ligue 1 et la Ligue 2, avec un malheureux passage en amateur dans les années 2000. Quelques frissons de coupe d’Europe, avec en point d’orgue une victoire 3-0 contre Liverpool. Mais nous préférons retenir ce retour fracassant en Europa League 2019/2020 avec une quinzaine d’années de disette. 0-3 face à Francfort pendant les barrages, ça colle quand même plus à notre ADN.