À l’occasion de la sortie de son affiche du Panthéon de la Lose, la FFL te propose de revivre les plus grandes désillusions du football français en Europe ou même dans le Monde. Saint-Étienne et la scène européenne, toute une histoire. Ouvrons ensemble le chapitre 2013 et leur confrontation face au Esbjerg FB en barrage de la Ligue Europa. Si la double opposition s’est logiquement soldée par une élimination, un exploit stéphanois s’est tout de même produit. Pas sur le terrain mais en tribunes. Enfin, à 2 heures près.
Le résumé du match Esbjerg – Saint-Étienne
Été 2013. Les Verts affrontent l’immense Esbjerg forenede Boldklubber, ou Esbjerg FB pour les adeptes de la Superligaen. Champion de deuxième division danoise en 2012, le club scandinave ne doit sa qualification qu’à son succès en Coupe du Danemark l’année suivante. Un épouvantail dont l’ASSE se serait bien passé.
Le 22 août, le match aller a lieu à la Blue Water Arena. Et comme son nom l’indique, les Stéphanois vont littéralement prendre l’eau devant près de 18 000 spectateurs. Pourtant à la 22e minute, Tabanou ouvre le score sur un coup-franc à l’entrée de la surface. Immédiatement imité quatre minutes plus tard par Ankersen qui égalise… sur coup-franc. Nettoyant au passage la toile d’araignée dans la lucarne de Ruffier. On se croirait presque à une séance de chauffe-cul tellement ça bourrine de part et d’autre.
Juste avant la pause, les Verts surprennent tous les supporters. Même les leurs. Sur un centre venu de la gauche, Brandao s’essaye au ciseau retourné comme dans ses souvenirs d’enfance sur la plage de Copacabana. Il n’effleure même pas le ballon. Mais par chance Hamouma est à la réception et ajuste Rönnow du gauche. 2-1. Le discours de Galtier à la mi-temps va certainement remettre ses joueurs sur le droit chemin. Cela en devient urgent.
Le « hair dryer » de Galtier porte ses fruits
Et l’effet ne se fait pas attendre. Sur un corner typique de Ligue 1, un cafouillage suit avec six joueurs autour. La réalisation ne parvient plus à filmer le ballon, jusqu’à ce qu’il se retrouve au fond des filets des Verts. Argh, cette satanée Ligue Europa. Merci encore Platoche. Si les Danois ont égalisé sur coup-franc après celui de Tabanou, c’est tout logiquement que les Verts reprennent l’avantage sur corner après celui marqué par Esbjerg. Ou comment rendre la monnaie de la couronne danoise. Mais nous sommes en Coupe d’Europe chers amis. Et nous ne sommes jamais bien loin d’un craquage dans les règles.
Nous jouons le dernier quart d’heure, quand les Verts s’effondrent en l’espace de cinq minutes chrono. Tout d’abord sur une touche à la Rory Delap qui file jusque dans la surface de réparation, Andreasen ajuste une tête dans le petit filet. Puis sur une frappe enroulée en dehors de la surface. Ruffier se demande pourquoi il a fait le déplacement. À part renvoyer le ballon du fond de ses filets au rond central, son impact aura été le même que le but de Cavani lors de la remontada.
Le match se termine sur une leçon de maîtrise. L’ASSE a mené trois fois au score mais réussit à s’incliner. Le mental des Verts a été mis à rude épreuve pour parvenir à renverser une situation qui semblait leur échapper.
Jean-Louis Brandt, 800 km pour une élimination de Saint-Étienne
Le retour se déroule une semaine plus tard à Geoffroy-Guichard. Une simple victoire au Chaudron suffit aux Verts pour se qualifier. Toutes les conditions sont réunies pour vivre une énième grande soirée de l’ASSE en Coupe d’Europe se dit-on. Et c’est aussi ce que pense Jean Louis Brandt. Fan invétéré de Sainté depuis 1976, cet habitant de Denain dans le Nord tente un périple qui va rester dans les annales. Un pèlerinage de 800 km sur un scooter 50cc pour atteindre, non pas Saint-Jacques-de-Compostelle, mais bel et bien Saint-Étienne.
Retrouvez le maillot d’Esbjerg dans l’affiche Panthéon de la Lose
Résultat ? Deux jours de route, et près de 30 heures passées à arpenter le bitume. Mais l’improbable se produit. Comme une prémonition du dénouement du match. Alors qu’il arrive à Lyon, et qu’il ne lui reste plus qu’une petite heure à rouler, le bougre se perd dans la ville des Gones. Entre peine et ridicule, Jean-Louis Brandt arrive à Saint-Étienne à 23h. Le coup d’envoi a lui eu lieu à 21h. Waze n’a qu’à bien se tenir face à la menace Brandt. Réglé comme un horloger ch’ti.
« J’espère ne pas avoir fait 800 kilomètres pour rien » J-L. Brandt
Ou plutôt 1600 avec le retour. Mais l’irréel se trouve ailleurs. Au-delà d’un rêve de gosse pour Jean-Louis, il s’agissait en fait d’un voyage de noces avec sa femme, Véronique, qu’il transportait à l’arrière.
« Nous nous sommes mariés il y a trois semaines. J’ai dit à Véronique, je ne peux pas t’offrir Venise, je t’emmène à Saint-Etienne » J-L. Brandt
La « Sérénissime » Saint-Étienne, c’est bien connu. Et en plus il n’hésite pas à en vouloir à son épouse. Un génie.
« On est parti le mercredi à 11 heures du matin. On s’est souvent arrêtés parce que madame avait un peu mal aux fesses » J-L. Brandt
Non, Sainté ne marche pas seul
Mais revenons au sport. Si JL et Véro ont raté le match de leurs noces, celui-ci s’est en plus terminé par une défaite 1-0 des Verts à domicile. Les Stéphanois ont tiré à 11 reprises durant toute la rencontre, Esbjerg une seule. Mais les Danois n’ont même pas marqué sur cette tentative. Impossible vous dites ? C’était sans compter le magicien Bayal Sall qui a converti un centre, qui prenait pourtant la direction de la touche, vers son propre but. Une reprise du gauche barre rentrante au passage.
Vidéo 4k pour voir le magistral CSC de Bayal Sall
Saint-Étienne réalise un exploit que l’OGC Nice ne tarde pas à imiter. Une élimination face aux onze pêcheurs Chypriotes de l’Apollon Limassol, et c’est une razzia pour les clubs français barragistes.
Le coefficient UEFA, le véritable carburant du French bashing.
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