NBA | Philadelphie Sixers 2013-2015 | Trust the (lose) Process


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Retrouver les sommets de la NBA grâce à la draft, beaucoup de franchises ont tenté le pari. Perdre dans l’espoir de choper le nouveau LeBron, Curry ou Durant. La Lose comme seul objectif. On se croirait dans un rêve. Et à ce petit jeu-là, difficile de faire mieux que les Sixers entre 2013 et 2015.

Oklahoma City, Cleveland, New Orleans, Detroit, Sacramento, Minnesota. Ces dernières années, tellement d’équipes ont sorti les tanks qu’on aurait pu créer le deuxième opus de Fury. Mais comparer ces franchises au maître en la matière, le grand Philadelphie du milieu des années 2010 serait faire offense à  l’une des stratégies militaires les plus élaborées de l’Histoire. Dehors l’opération Overlord ou la politique de la Terre Brulée, place au « Process » version Sixers !

Sam Hinkie, un maître de guerre de la Lose chez les Sixers

Loin des grandes heures de la franchise qui ont vu passer d’illustres Hall of Famers comme Julius Erving, Moses Malone, Charles Barkley et autre Allen Iverson, l’été 2013 va marquer un grand changement dans l’Histoire des Sixers. Le nouveau GM, Sam Hinkie, arrivé durant l’intersaison, amorce un virage à 180° et lance la reconstruction, connu sous le nom de « tanking » outre-Atlantique. Il se dit que son expérience dans l’émission « Affaires conclues » sur France 2 aurait pesé dans la balance. La stratégie est simple : échanger les meilleurs joueurs contre des tours de drafts. Le tout, combiné avec le plus de défaites possible pour s’assurer le meilleur pick en fin d’année.

Au vu du 5 majeur qui démarre la saison 2013-2014, on se doute bien que niveau défaite, ça devrait aller. James Anderson – Michael Carter Williams – Spencer Hawes – Evan Turner – Thad Young. En combiné, ces cinq-là affichent une moyenne de 47.1 points marqués en carrière. Autant dire qu’il en manque un poil pour aller chopper des victoires. Mais contre toute attente, le premier match de la saison est un récital. Face aux Heat de LeBron James, Dwyane Wade et Chris Bosh, les Sixers déroulent et s’impose 114-110 avec un Carter-Williams proche du quadruple double (22 points, 12 passes, 7 rebonds et 9 interceptions).

Apparemment, le message n’a pas été assez clair pour les joueurs, qui font honte au maillot et à leurs dirigeants en présentant un bilan à l’équilibre après 10 matchs (5 victoires – 5 défaites). C’est ça d’être trop gentil Mr Hinkie, ou plutôt T’Hinkie Winky.

Une deuxième partie de saison déclic

Heureusement, après avoir visionné la série « How to lose a basketball game », co-produite par les New York Knicks et les Charlotte Bobcats durant le All-Star Game (vous ne croyez quand même pas qu’un joueur des Sixers était présent ?), on assiste à un véritable déclic. Entre le 31 janvier et le 28 mars, Philadelphie signe une formidable série de 26 défaites consécutives, gâchée par une victoire ridicule contre les Pistons. Gâchée, c’est le mot, car les Sixers avaient l’occasion de battre le record de la pire série en NBA, détenue par les Cleveland Cavaliers, eux aussi avec 26 revers d’affilée lors de la saison 2010-2011.

Finalement, ils termineront la saison 2013-2014 avec un bilan de 19 victoires pour 63 défaites et une 14e place de Conférence. Au vu de tous les moyens mis en œuvre pour se saborder, c’est clairement un échec. D’autant plus qu’ils vont réussir à se faire piquer le 1st pick par les Cavaliers justement, qui n’avaient que 1.7% de chance de l’obtenir à la lottery. Les Sixers choisissent en 3e position et sélectionnent Joël Embiid. Blessé au pied, il ne jouera pas le moindre match pendant deux saisons. Quitte à loser, autant le faire sur tous les fronts.

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Mieux préparés lors de l’an 2 du tanking, les hommes de Brett Brown ne manquent pas leur début de saison cette fois-ci. 17 matchs, 17 défaites et un écart moyen de 15 points. Ils s’offrent même le luxe de s’incliner de 53 points contre les Mavericks histoire d’envoyer un message aux autres équipes. À la manière des Black Eyed Peas, les adversaires des Sixers se disaient « I got Philly, that tonight’s gonna be a good night ». Ce qu’ils ne savent pas encore, c’est que le meilleur est à venir.

2015 : L’apogée des Losers Sixers

Cherchant désespérément cette place de lanterne rouge tant convoitée, Philly (18V-62D) termine la saison 2014-2015 par 10 défaites de rang. Encore insuffisant, puisque les Knicks, toujours dans les bons coups, ont gagné un match de moins et leur ravissent, pour la deuxième année consécutive, la place tant convoitée de pire équipe de la Conférence Est. Que faire pour y remédier ? Démarrer encore plus mal la saison qui arrive ? Ça semble vachement compliqué.

Mais pour ces Sixers, rien n’est impossible. On sent dès le début de l’exercice 2015-2016 qu’on va avoir droit à une grande cuvée, peut-être même la meilleure de ses dernières années. Les matchs s’enchainent et les déculottées avec. On parle habituellement de défense gruyère, mais ici, il semble plus légitime de parler de défense Philadelphia, fromage à tartiner certes, mais t’y rentres aussi comme dans du beurre. 5 défaites de rangs pour commencer la saison, puis 10, puis 15, pour arriver à 18. Une nouvelle fois, on égale un record en Pennsylvanie. Celui du pire début de saison, désormais codétenu avec les Nets grâce à une prestation sublime chez les Grizzlies. Au vu du résumé, on se demande même si ce n’est pas un Shaqtin’ A Fool.

10 ? + 18 ? Attendez. Ça fait 28 branlées d’affilée ça. Et aucune victoire depuis 8 mois. Bon sang, ça y est, les Sixers viennent de rentrer dans l’histoire, au Hall of Fame de la Lose ! Avec les dix revers pour clôturer la précédente campagne et les 18 pour entamer la nouvelle, ils deviennent la pire équipe du Sport US avec 28 défaites, devant… eux-mêmes avec 26. À la fin de la saison 2015-2016, Sam Hinkie peut s’en aller avec le sentiment du devoir accompli. Une magnifique dernière place, 10 victoires au compteur, pour un beau bilan personnel de 47 victoires pour 195 défaites. Chapeau l’artiste.

Bon, et la suite du Process ?

Sur la période, la draft leur aura donc offert Nerlens Noel (6e choix) et Michael Carter-Williams (11e choix) en 2013, Joël Embiid (3e choix) et Elfrid Payton (10 choix) en 2014, Jahlil Okafor (3e choix) en 2015 et Ben Simmons (1er choix) en 2016. Dans l’effectif actuel, il ne reste plus que 1,5 joueur de cette liste. Pourquoi 1,5 ? Parce que Ben Simmons, le « Fresh Prince », veut se barrer et prendre le Bel-Air ailleurs. Il n’a pas digéré les critiques de Doc Rivers et Jojo Embiid suite à l’élimination contre les Hawks l’an dernier.

En résumé, nos amis Sixers se sont donc tapés trois ans de Lose ultime, des vannes à tout bout de champ et des records à la pelle, tout ça pour Embiid et une demi-finale de Conférence. Mais ils auront gagné une place de choix dans notre Panthéon, pile entre les Charlotte Bobcats et Anthony Bennett.