Si Miami est l’une des places fortes de la NBA depuis une quinzaine d’années, cela n’a pas toujours été le cas par le passé. Durant ses premières années dans la ligue, le Heat a même servi de paillasson à de nombreuses franchises. Et notamment un soir de décembre 1991, quand les Cleveland Cavaliers leur ont collé 68 points dans les dents.
Ce n’est pas sans un brin de déception que nous commençons l’écriture de ce récit. Normalement, ce 17 décembre aurait été l’occasion de fêter les 30 ans d’un des records NBA qui nous tient le plus à cœur. Celui de la plus grosse défaite de l’histoire, le fameux +68 infligé par les Cavs au Heat de Miami. Mais c’était sans compter sur l’incroyable nullité de leurs cousins de l’Oklahoma qui ont réussi à faire encore mieux. Il y a deux semaines, les Tenders le Thunder et son 5 majeur certifié G-League a encaissé 73 points pour s’emparer du record. Vrais reconnaissent vrais.
Le saviez vous ?
Si dans la science, le zéro absolu est à −273,15 °C, en NBA, il n'atteint pour l'instant que le -73 °C
— Fédé 🇫🇷 de la Lose (@FFLose) December 3, 2021
Mais ce n’est pas pour autant que cette prouesse doit faire oublier ceux qui, pendant 30 ans, ont porté haut les couleurs de la lose outre-Atlantique.
Des débuts pleins de promesses pour le Heat
Avant son premier titre en 2006 ou la période dorée du Big Three quelques années plus tard, le Heat n’a pas toujours été en chaleur. Loin de là même, surtout lors des premières années de la franchise. Crée en 1988, Miami devient la première équipe Floridienne à intégrer la grande ligue, un an avant le Magic d’Orlando. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les débuts furent compliqués. Enfin, nous, on les a trouvés grandioses. Question de point de vue.
Placé dans la Conférence Ouest (le niveau des Américains en géographie n’est pas une légende), le Heat démarre son histoire par 17 défaites de rang et s’octroie déjà un premier record après seulement un mois d’existence. La marque des grands. Il faudra qu’ils croisent la route des Clippers, maitres en la matière, à la mi-décembre, pour débloquer leur compteur victoire. Globalement, c’est une belle entrée en matière pour cette nouvelle équipe. 15 victoires, 67 défaites et le titre de pire équipe de la NBA. Pour cette première campagne, on a retenu quelques chiffres intéressants : 97.8 points marqués par match (soit 12 de moins que la moyenne de la ligue), 21 pertes de balle par rencontre et le pire pourcentage aux tirs. Le meilleur marqueur de la franchise, Kevin Edwards, est sous les 14 points. Propre.
La saison suivante, Miami est envoyé dans la Conférence Est. Ça parait pas logique pour une équipe complètement à l’Ouest. Enfin bref. Le changement d’air ne porte pas vraiment ses fruits puisque les coéquipiers du rookie Glen Rice ne décrochent que trois victoires supplémentaires. Les Floridiens maintiennent également une belle régularité lors de la saison 1990-1991 avec une solide dernière place, juste derrière les Hornets.
Cleveland – Miami : le match référence
Bien qu’abonné au fond du classement, on sent tout de même que le Heat est en progression, en témoigne son bilan lors de la dernière campagne : 24 victoires pour 58 défaites. Une tendance qui va se confirmer au début de l’exercice 91-92. Sous la coupe de Kevin Loughery, un entraineur expérimenté, Miami remporte 7 de ses 10 premiers matchs et semble taillé pour aller en play-offs pour la première fois de son histoire. Au moment de se rendre dans « la ville où personne ne part en vacances » selon Joakim Noah, les Floridiens sont à l’équilibre (11-11) alors que les Cavs assument leur statut du contenders (12-8).
Logiquement, on s’attend donc à un match accroché. Bon, finalement, pas vraiment. Mais, même si Cleveland prend rapidement le dessus, il n’y a pas encore de quoi tirer la sonnette de la lose (73-53) à la mi-temps. À -20, l’espoir est toujours permis côté Heat.
« À la pause, je leur ai dit qu’ils avaient 3-4 minutes en seconde mi-temps pour reprendre le dessus. » Kevin Loughery
La seconde période justement. Parlons-en. Si certaines équipes ont parfois tendance à relâcher leur étreinte lorsque le match est quasiment plié, Cleveland ne mange pas ce pain-là. D’entrée, les coéquipiers de Mark Price et Larry Nance passe un 8-0 à leur adversaire du soir, ce qui conduit le coach du Heat à envoyer ses titulaires sur le banc.
C’est l’occasion pour des joueurs comme Keith Askins, Kevin Edwards, Bimbo Coles ou encore Alan Ogg de se mettre en valeur et de réduire l’écart. De vrais noms de joueurs NBA. Dommage qu’ils n’en aient que le nom. Les mecs reprennent un run et ne tardent pas à se mettre en évidence. 15 ballons perdus à eux quatre dont 7 rien que pour la Bimbo et un fabuleux 8/34 aux tirs. Même le 4e quart-temps, habituellement pépère, tourne à la boucherie. 42-13. Score final : 148-80. +68 points. Le Heat vient de faire tomber un record datant de 1972.
« C’est bon de garder la pression sur l’adversaire quand vous êtes devant. Nous étions sur une bonne série et Miami ne rentrait aucun shoot. Ils manquaient tout donc ils n’ont pas pu arrêter ça. » John Battle, meneur des Cavs
Côté Heat, la boxscore est un régal. 35% de réussite aux tirs, 26 % pour le banc et un seul joueur au-dessus des 10 points. Après la rencontre, Glen Rice trouve les mots justes pour résumer la prestation des Floridiens.
« Je ne sais pas à quoi nous avons joué, mais ce n’était pas du basket. Au final il n’y a rien à analyser, tout était clair. Nous nous sommes fait éclater. » Glen Rice
Ce fabuleux record aura donc tenu 30 ans, quasi tout pile, avant qu’OKC ne pointe le bout de son nez. Un temps bien assez long pour que le Heat parade.