Ligue des Champions – Barrages | La soirée toute en boulette des clubs éliminés


Shakhrudin Magomedaliyev

Les barrages de Ligue des Champions donnent souvent lieu à des dramaturgies intenses. Et cette année encore, les clubs éliminés ont livré un scénario dantesque. 

Syrota sirote les espoirs du Dynamo Kiev

Benfica Lisbonne – Dynamo Kiev : (2-0, 3-0)

La situation était simple pour les Ukrainiens. Après avoir perdu 2-0 à l’aller, le Dynamo devait l’emporter par deux buts d’écart au Stade de la Luz. Mais à la demi-heure de jeu, Nicolas Otamendi fait exploser ce plan. Le défenseur argentin ouvre le score d’une tête rageuse, et fait plonger les Ukrainiens dans le plus grand désarroi. Libérés de tout enjeu, les joueurs du Dynamo peuvent enfin jouer sans pression.

Pour cela, rien de mieux que de relancer de derrière. Les défenseurs subissent un pressing intensif, mais il en faut plus pour intimider les Ukrainiens. Surtout Oleksandr Syrota. Le défenseur central reçoit une passe molle de son coéquipier, rien de plus frustrant quand vous êtes pressé. Voyant la situation critique qui se profile, Oleksandr se dit qu’il s’agit du moment idéal pour foirer sa passe également. Le défenseur ukrainien adresse un caviar à Rafa Silva qui attend sagement dans la surface de réparation. Le Portugais ne se pose pas de question et plante le deuxième but. Obrigado Oleksandr.

Sur le coup d’envoi suivant, le Benfica punit une troisième fois le Dynamo au terme d’une contre-attaque fulgurante. 3-0 score final.

La sortie au casse-pipe de Magomedaliyev

Viktoria Plzen – Karabagh FC : (0-0, 2-1)

Le vice-champion de République tchèque face au champion d’Azerbaïdjan. Pas la rencontre la plus sexy sur le papier. Mais sur la pelouse, les 22 acteurs nous ont fait mentir de la plus belle des manières. Ce sont les visiteurs qui se montrent les premiers en évidence peu avant la mi-temps. Sur un enchaînement de grande classe, Filip Ozobic trouve la lunette d’un Jindrich Stanek impuissant. Mais que le portier se rassure, son homologue va se montrer plus décisif que lui pour le Viktoria Plzen.

On joue la 58e minute, et les Tchèques bénéficient d’un coup franc à 50 mètres des buts, excentré côté gauche. Jusque-là, aucun danger pour le Karabagh se dit-on. Le coup franc est frappé, mais celui-ci ressemble davantage à une immense chandelle. De quoi convaincre le portier azéri Shakhrudin Magomedaliyev (à vos souhaits) de sortir de ses buts. Et c’est à ce moment que commence le chef-d’œuvre. Shakhrudin loupe complètement sa sortie ainsi que le ballon. Et comme toujours dans ces cas-là, le ballon revient systématiquement dans les pieds d’un adversaire, article 1 alinéa 2 des lois du football. Jan Kopic enroule un ballon parfait dans le but vide : 1-1.

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Puis les Tchèques prennent l’avantage à 20 minutes du terme sur un but libérateur de Jan Kliment, pour qualifier le Viktoria Plzen. Mais il ne faut pas se leurrer, le véritable héros du Viktoria portait bel et bien un maillot azéri ce soir-là.

Borjan, de héros à zéro

Étoile Rouge Belgrade – Maccabi Haïfa : (2-3, 2-2)

Dans un Marakana survolté, les joueurs de l’Étoile Rouge Belgrade étouffent littéralement les Israéliens. Et à la 27e minute, Aleksandar Pesic ouvre logiquement le score pour les Serbes. Puis à la 43e minute, à la suite d’un jeu à trois d’école, Mirko Ivanic trouve la lucarne de Josh Cohen. 2-0. Avec ce but, les joueurs de Belgrade sont qualifiés. Mais s’ils pensent rentrer aux vestiaires avec ce break, ils sous-estiment grandement leur faculté à se saborder tous seuls. Avec une appétence particulière pour le faire à chaque fin de période.

Alors qu’il ne reste plus qu’un corner à négocier avant la mi-temps, Slavoljub Srnic catapulte le ballon avec la main dans sa propre surface de réparation. Une manchette à faire pâlir Earvin Ngapeth. Tandis que les 51 755 spectateurs attendent un exploit de leur gardien et capitaine Milan Borjan, ce dernier leur offre sur un plateau. Milan plonge du bon côté, et entre en communion avec ses supporters en état de transe.

Les Serbes partent en contre-attaque, mais se font immédiatement subtiliser le ballon. Alors que l’arbitre s’apprête à siffler la pause, Daniel Sundgren tente le tout pour le tout et arme une frappe à 30 mètres des buts. Cette fois-ci, Borjan ôte son costume de héros, et vêt celui de passoire. La frappe est pleine axe, mais elle suffit au portier pour se trouer. Seulement quinze secondes après son pénalty arrêté. Un ascenseur émotionnel sublime.

On joue alors la 90e minute, et les deux équipes se préparent à filer en prolongations. Les Israéliens bénéficient d’un dernier coup franc. Placé en premier rempart, un autre Milan fait chavirer la partie. Non pas Borjan cette fois, mais Pavkov. L’attaquant serbe tente de dégager le ballon, mais le bougre le prend au niveau du tibia. Vous devinez la suite ; une reprise totalement foirée qui se transforme en missile propulsé dans ses propres buts, sous le regard impuissant et accusateur de son prénonyme.

L’Étoile Rouge Belgrade réussit l’exploit de se faire éliminer sur deux cagades de ses propres joueurs. Respect.

Tom