JO de Pekin 2022 | Le récap de midi du dimanche 13 février


- Photo by Icon sport

Ce dimanche, la France a oublié toutes ses valeurs dans la neige. Nous nous relèverons, mais le coup est sacrement rude.

Ski Alpin – Slalom Géant – Manche 2

Reportée à 8h HF, la seconde manche de Slalom Géant démarre enfin après presque 3 heures d’attente. Fini le brouillard et la visibilité digne d’une matinée dans les Ardennes, le temps est découvert. Premier représentant de la cocarde tricolore à passer : Alexis Pinturault.

Publicité

Gêné par les conditions trop lumineuses (pas mal celle-là) dues au brouillard dans la première manche, il se lâche plus dans la seconde. Il fera le 4e temps de la seconde manche et prendra provisoirement la tête du concours. Vite dépassé par l’Américain Radamus, c’est surtout le Slovène Zan Kranjec qui va mettre tout le monde d’accord. Il explose absolument tous les intermédiaires pour être large leader.

Et dans ce genre de compétition, c’est une pression énorme pour tout ceux qui passent après, bien obligés d’aller chercher la limite de la limite. Et en s’en suivront donc plusieurs sorties de pistes, laissant longtemps un espoir de médaille à Pinturault.

Thibaut Favrot va lui aussi jouer avec les limites. Au bord de la rupture, voire même de la chute, il nous enverra quelques figures que l’on imagine peu académiques. Mais ces figures sont aussi peu pratiques pour prendre de la vitesse, ce qui est indubitablement problématique dans le ski alpin. Mais c’est là où la fraternité, valeur cardinale de notre grande nation, va montrer une nouvelle fois ces preuves. Favrot va faire exactement le même temps que Pinturault, au centième près. Ça veut dire qu’ils partageront exactement la même saveur de presqu’médaille.

Il ne restait donc plus que le troisième et dernier larron de la bande : Mathieu Faivre. Quasiment 1 an après sa trahison en coupe du monde, il s’élance avec le 3e temps de la première manche, mais stupeur, reste derrière le Slovène. Deuxième avec 2 skieurs qui restent à passer, vous sentez la même odeur que nous? Lui aussi.

“Ça va pas le faire”

Mathieu Faivre, aussi confiant que nous sur ses chances de médailles.

Mais l’impensable va arriver. L’inimaginable se produit lors de la descente de l’Autrichien Brennsteiner, qui loupe sa porte dans le finish, ouvrant celle de Mathieu pour le podium.

Mais ne nous concentrons pas sur le négatif, et saluons nos 2 autres français qui décrochent 2 presqu’breloques d’argent.

Ski de fond relais 4×10 km – Hommes

Si la veille les femmes nous ont livré un sublime relais à plus de 5 minutes de la médaille d’or, le relais masculin ne va pas se passer comme prévu. Jouve donne le relais à 50 secondes de la tête de la course. Hugo Lapalus remonte 3e et parvient à créer un gruppetto avec les Allemands et les Scandinaves de la Norvège et de la Suède. Deux places pour le podium, deux pour les presqu’médailles. On croise les doigts et on serre les fesses.

Mais l’Allemand subit des petits craquages sur chaque montée, avant d’exploser littéralement et être éjecté du groupe. Plus qu’une chance sur trois pour décrocher cette foutue presqu’médaille en chocolat. Maurice Manificat aperçoit le Norvégien Johannes Klaebo s’éloigner de mètre en mètre. Un duel franco-suédois voit alors le jour pour la médaille de bronze.

 

Mais Maurice ne veut rien entendre, envoie une giclette sur les skis et dépose Haeggstroem. Une attaque si violente qu’il rattrape la star du ski de fond Klaebo. Notre coeur aussi a subi une attaque. Le mano-a-mano franco-norvégien devient irrespirable. Petit lot de consolation, on aura droit à un nouveau finish face à un Norvégien qui se prénomme Johannes.  

Mais Manificat doit se battre à la fois contre Klaebo et sa glisse. Le fartage fait une nouvelle fois nos affaires. Le Français remonte uniquement dans les montées, et dès que ça redescend, il se mange 10 bons mètres dans les dents. Heureusement que le ski de fond n’est pas seulement un sport de glisse. Ah bah si en fait.

 

 

 

Maurice Manificat est déjà largué avant de faire le sprint, et décroche tout de même la médaille de bronze. À 53 secondes devant le Suédois. Maurice, tu as définitivement poussé le bouchon trop loin.

 

Biathlon Poursuite – Femmes

 

Avant même que la poursuite ne débute, une Française est déjà hors-course.

 

“Quarante-huitième, fatiguée, Justine Braisaz n’avait rien à aller chercher sur la poursuite”

S. Bouthiaux

 

Il n’y a donc qu’au Tour de France qu’être lanterne rouge est signe de gloire? Orpheline de Braisaz, la poursuite française repose sur les épaules d’Anaïs Bescond, première française à s’élancer à plus d’1 minute de la tête. Deux fautes dès le premier tir, et deux tours de pénalité. Julia Simon devient la première tricolore avant de craquer à son tour sur le second tir. Et voir Bescond repasser devant. Un éventail entre les deux françaises qui leur permet de s’assurer des places de femmes d’honneur. 

Mais ce qu’on craignait se produit. Toutes les biathlètes devant craquent sur le tir debout, et redistribuent les cartes. Alors que la course devient ouverte, Bescond et Simon la referment définitivement. Des échecs pour les deux françaises qui ne leur permettent pas de profiter des erreurs adverses. Le fair-play poussé à son paroxysme. 

Résultat, les Françaises ne seront plus calculées par la réalisation chinoise. Et on ne peut même pas se plaindre. On retrouve Julia Simon en 8e position finale, à 2 minutes 18. Mais on ne pouvait pas terminer cette course sans une masterclass de France TV. Pas de feux d’artifice pour une médaille tricolore, mais une giga boulette de neige pour annoncer la médaille de bronze. Confondre Tiril Eckhoff et Ingrid Tandrevold, ça peut arriver. Mais bugger pendant 10 minutes pour connaître l’identité de la médaillée de bronze, c’est encore plus fort que la course d’Anaïs Bescond, 27e à l’arrivée.

Biathlon Poursuite – Hommes

Si on était relax devant la poursuite féminine, on savait très bien que notre tension allait monter en flèche devant celle des hommes. Avec la seconde place de Fillon-Maillet à 26 secondes de Johannes Boe, tout restait ouvert. Comme l’écart entre les deux hommes qui ne cesse de s’ouvrir, et un retard de 30 secondes au bout de 500 mètres seulement.

Comme très souvent, le tir permet de faire un premier tri. Si les deux en tête de la course assurent un sans-faute, derrière eux c’est une scène digne d’un western. Des balles dégainées à tout-va comme dans un saloon. Et bien évidemment, les Bleus ne manquent pas d’y participer ; deux erreurs pour Émilien Jacquelin, trois pour Fabien Claude. Il était une fois dans l’ouest de Pékin.

Les premières places sont figées, chacun se tient à 40 secondes de l’autre. Alors au moment où Johannes Boe doit effectuer le second tir couché, il fallait bien sûr qu’une rafale de vent se lève. Deux pénalités. Fichtre. Mais fort heureusement derrière, QFM a toutes les peines du monde pour charger sa carabine à cause de la neige. Quelques secondes de perdues qu’on prend volontiers. Un sans-faute tout de même derrière. On ne sait plus quoi faire pour le déconcentrer.

 

 

Mais ce qui va suivre dépasse notre entendement. Alors que Johannes Boe a la course en main, le Norvégien envoie trois avions sur la cible. 450 mètres de pénalité. Fillon-Maillet en tête. Qui a dit que le dimanche midi était un moment tranquille à passer en famille ? Rien qui nous pousse à être tranquille là.

 

 

Le dernier tir debout nous crucifie la bouche ouverte. Fillon-Maillet et Latypov s’expliquent à la carabine. Et c’est le Russe qui flanche le premier. QFM s’envole vers sa seconde médaille d’or avec 44 secondes d’avance sur ses poursuivants. Derrière, un Boe en cache un autre. Tarjei ne pointe plus qu’à 26 secondes à l’intermédiaire suivant. Et si. Mais Fillon-Maillet résiste au retour de Tarjei Boe, et devient le premier français de l’histoire à décrocher 4 médailles sur les mêmes JO d’hiver. Un record qui donne mal à la tête. 

 

 

 

Et comme si ça ne suffisait pas, derrière Simon Desthieux sort de nulle part et termine à la 7e position. Aux portes des presqu’médailles. On aurait préféré que notre réveil ne sonne pas ce matin.

 

Antoine