Jeux Olympiques Tokyo 2020 | Le récap de la nuit du jeudi 5 Aout


Un jour de plus à Tokyo, avec son lot de découvertes. Et autant vous dire, le kata de karaté est dans le top du WTF des épreuves de cette année. Retour sur une belle nuit comme on les aime.

Natation — Eau libre

La journée tokyoïte commençait par la nage en eau libre et une petite épée de Damoclès au-dessus de la tête de la FFL avec la présence de Marc-Antoine Olivier sur le 10 km. 25 ans, médaillé de bronze à Rio et candidat autoproclamé à l’or au Japon. Avant la course, l’Équipe le définissait ainsi :

« Fin tacticien, redoutable dans l’emballage final »

Et vous vous doutez bien que si on vous précise tout ça, c’est parce que le Français a été exactement comme on l’espérait. Fin tacticien : il a refusé plusieurs ravitaillements pendant la course. Redoutable dans l’emballage final : il a lâché le podium à un tour de l’arrivée.

Finalement 6e, Marc-Antoine nous a parfaitement lancé dans cette journée avec une presqu’médaille à peine espérée. La nuit commence bien.

Kayak

Maxime Beaumont (K 1 200 m) avait l’occasion de conclure en beauté sa carrière olympique comme il l’avait commencé à Londres en 2012 (4e). Mais la belle histoire n’aura pas lieu. Le sport peut parfois se révéler ingrat et ne donnera pas mieux qu’une finale B au kayakiste français. Bien intercalé entre (et derrière) le Hongrois et le Britannique pendant sa demi, le Français n’a pas accroché le bon wagon et a terminé à la 6e place quand il fallait intégrer le top 4 pour voir la finale.

Qu’on s’entende bien, une finale B est un bon résultat pour la FFL. Mais avec un sprinter de la trempe de Maxime Beaumont, on pouvait espérer une place d’honneur. Alors il y a un peu de déception. Malgré tout, dans sa carrière, le Boulonnais aura eu droit à tout. Au bonheur éternel de la presqu’médaille à Londres, à la bévue en argent à Rio et donc à une finale B (qu’il a remportée) pour du beurre à Tokyo. Place désormais au repos du guerrier.

Sur le 500 m, Manon Hostens a imité son aîné et n’a pas pu se battre pour la presqu’médaille. 6e de sa demi-finale, elle a dû se résoudre à disputer la finale C. Nous apprenant au passage qu’il y avait des finales C. Eh oui, aux Jeux, on honore la lose comme il se doit.

Skate

Vous vous souvenez quand on a lancé pour la première fois Tony Hawk sur la Playstation ? On arrive dans un hangar, on se butte sur les boutons à appuyer n’importe quoi ce qui donne tout un tas de figures donc on ne pipe rien. C’est à peu près ce sentiment qu’on a revécu en lançant la TV sur le Skate cette nuit. Dès qu’un skateur est lancé, les commentaires nous sortent des termes dont nous ne comprenons rien, mais on est bien obligé d’acquiescer.

Même quand il commence à sortir « Magnifique Chicken Wings », on se dit que ça doit bien exister. En tout cas, pour le Français Vincent Matheron, on va vite compris son signature move. Un gros signe de Jul à chaque fin de run. C’est pas Ariake, c’est Marseille Bébé ! 

Au niveau des perfs, de grosses qualif’ de notre Frenchie pour se mettre bien en finale. Changement de chemise fatale pour les 3 derniers runs : 3 chutes en 3 runs. 7e de la compétition, à 1 place de la presqu’médaille. Rageant.

Karaté

Nouvelle discipline de ces Jeux olympiques, le karaté va forcément nous offrir de grands moments. Et ça a commencé dès cette nuit avec la découverte du kata : discipline où l’on se bat contre des adversaires fictifs. Et qui dit adversaire fictif dit possibilité de perdre contre un adversaire imaginaire. Le concept nous plaît beaucoup.

Concrètement, la discipline consiste à réaliser des séries de mouvements tout en poussant des cris. Et dans un Nippon Budokan vide, ça fout les poils. Les juges notent la prestation et à la fin, la Française est éliminée. Seule Tricolore engagée en kata, Alexandra Feracci s’est classée 4e de sa poule de 5. Les trois premières pouvaient voir la suite de la compétition. Allez maintenant, on fait comme les journalistes France Tv et on se projette sur 2024. Ah bah non en fait, impossible. Le karaté saute pour la prochaine olympiade.

Dans la foulée, l’autre discipline du karaté débutait : le combat. Point d’adversaire imaginaire cette fois, mais de vraies bringues envoyées sur son vis-à-vis. Toujours en criant fort à chaque contact (bah oui sinon c’est pas drôle). Steven Da Costa est mal rentré dans son tournoi en venant à bout de Hamoon Derafshipour, de l’équipe olympique des réfugiés. Mais il a vite remis les pendules à l’heure avec une défaite contre le Jordanien, Almasatfa. Suite des combats dans la matinée.

Athlétisme

Cette nuit marquait la deuxième et dernière journée du décathlon. Si hier Kévin Mayer nous a grandement rassuré, malgré un problème de dos qui nous a fait perdre quelque peu notre sourire, le 110 m haies faisait son apparition. Et force est de constater que la nuit a été réparatrice pour le natif d’Argenteuil. Un temps de 13’90 qui lui assure la 2e place de l’épreuve. Mais loin des 13’46 de Warner, avec un nouveau record olympique à la clé. Mayer remonte au classement et récupère la 4e place. Tout le monde y trouve son compte au final.

Le 110 m haies fait ensuite place au lancer du disque. Et une fois de plus, on ne peut que constater la remontée de très mauvais goût entreprise par Mayer. Sixième marque avec 48,08 m, il devance ses concurrents au podium (Lepage 7e, Moloney 15e). Mais le Français est loin des 48,67 m de Warner. Toutefois l’or ne semble désormais plus d’actualité. Une première bataille de gagnée, mais la guerre n’est pas encore finie avec le soldat Mayer.

Le relai 4x100m entrait en lice dans la compétition cette nuit. Pour des fortunes diverses. Si les femmes ont carrément fauté en allant chercher une place en finale, elles ont tenu à se racheter en nous livrant sur un plateau notre recette préférée : l’espoir.

« On a envie d’y croire et tout est possible en finale » C. Zahi
« À nous maintenant de nous lâcher en finale » C. Leduc
« On est en finale, c’est que du bonus, on va aller s’éclater, aller chercher ce qu’il y a à chercher » O. Ombissa-Dzangue

Les hommes ne sont pas tombés dans le piège, et ont porté haut l’étendard français en s’inclinant dès les demies, et un 11e temps de la bande à Jimmy Vicaut. Avec le recul, le premier relayeur des Bleus Mouhamadou Fall nous livre du fond du cœur une analyse pertinente.

« C’est relou… » M. Fall

Mais la guigne des Tricolores n’en est qu’à son début. Finale du 110 m haies. Deux Français pour une double dose d’espoir. Nous n’attendions pas mieux honnêtement. Sur la piste, les Tricolores frappent très fort. Pascal Martinot-Lagarde termine 5e à six petits centièmes de la médaille. Un temps qui lui aurait offert une médaille d’argent à Rio. Aurel Manga finit la course en dernière position.

Le concours du triple saut est extrêmement disputé lors de ces JO. Mais sans faire preuve de chauvinisme ou de mauvaise foi, on ne se trompera pas des masses en précisant que ce n’est pas dû aux performances de Melvin Raffin. Qualifié pour la finale, le Français ne trouve pas mieux que de mordre ses trois tentatives. Chou blanc. Seul éliminé de la finale à ne pas avoir établi de marque. Le protégé de Teddy Tamgho n’est pas (encore ?) de ces élèves qui dépassent leurs maîtres.