H Cup 2010 | Dieu que c’est BO !


Ce jour où tout a commencé pour le Biarritz Olympique. Vice-champion d’Europe, en tête de son groupe, c’est en Italie que ce bon vieux « Bého » a lancé la plus belle décennie de son histoire – qu’il tente encore de faire perdurer. Ce 11 décembre 2010, à Aironi, c’était plutôt la Préparation H Cup que la Heineken…

L’idée, c’était de prendre le bonus offensif. Contre un club qui joue seulement le 12e match de son histoire – et qui a perdu les 11 premiers -, difficile de faire mieux, malheureusement. Pense-t-on ! Le fidèle Romain Terrain aplatit d’abord en puissance (3-5, 7e), suivi par la fusée américaine Takudza Ngwenya (3-12, 16e). Deux mondes, deux ambiances. Mais un même constat : Biarritz n’est pas parti pour une grande journée. James Marshall ramène toutefois ces diables d’Aironi à un point juste avant la mi-temps (11-12, 38e), cependant Iain Balshaw redonne de l’avance au BO dès le retour des vestiaires (11-17, 42e).

Laharrague : « Leur défaite paraît anormale »

Les visiteurs s’accrochent devant les 3 000 spectateurs du bien connu stade Pierluigi-Zaffanella, qui se demandent bien comment les Italiens peuvent pratiquer ce sport étrange. Giulio Toniolatti place même Aironi devant (18-17, 48e). Jamais encore l’idée de l’exploit ne peut ne serait-ce qu’effleurer nos esprits. On la connaît l’histoire… La FIL, niveau ballon ovale, c’est généralement hors d’atteinte. Et ça ne loupe pas : Charles Gimenez inscrit le quatrième essai, mission accomplie dès l’heure de jeu (18-24, 59e) ! Mais Matteo Pratichetti marque encore dans la foulée, ce qui commence à rendre ce match sympathique (25-24, 64e). On y croit un peu, bêtement. Et Dimitri Yachvili, qui manque rarement une occasion de gâcher la fête, nous renvoie à nos chères études d’une dernière pénalité (25-27, 73e). Logique. Et puis…

Julien Laharrague est frappé par la lumière. Qui d’autre qu’un Français, pour couronner le tout, pouvait inscrire le drop décisif à deux minutes de la fin (28-27, 78e) ? « Je ne sais pas si Biarritz nous a pris de haut, clame le bienheureux, sacrifié héroïque pour la cause nationale. Leur défaite paraît anormale. Lorsqu’on est une équipe française et qu’on vient en Italie, c’est pour l’emporter. Je ne sais pas s’ils se sont crus arrivés. » En tout cas, ils ont bien réussi. Cos’altro ? Le bonus défensif est pris aussi, l’accomplissement est total. Sans ça, la France allait accuser un premier sans-faute lors d’une journée de Coupe d’Europe. Ce n’est que la phase de poules, mais ça aurait tout de même fait l’effet d’un bon coup de « Chabalou » dans la mâchoire. Un an après la défaite du champion de France, Perpignan, à Trévise (9-8) – dans un autre style mais tout aussi savoureuse -, le Top 14 garde la face de l’autre côté des Alpes.

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Rodriguez « honteux »

« Nous avions tellement insisté sur le fait de réussir une bonne entame que les joueurs l’ont fait, résume le directeur sportif Laurent Rodriguez. Puis nous avons baissé la garde et fini par être ridicules dans notre façon de redonner confiance à l’adversaire. Nous sommes honteux. » Pour Raphaël Lakafia, « peut-être que nous avons marqué ces deux essais trop tôt et que ça nous a fait perdre notre concentration ». Ah peut-être, oui… La meilleure explication reste quand même pour le « Yach » : « Ils se sont associés avec d’autres équipes du coin. » Implacable. Serge Blanco hurle de rage dans le vestiaire. Laurent Rodriguez conclut, visionnaire : « C’est une belle leçon d’humilité pour la saison et même pour les années à venir. » Après cet exercice 2010-2011 à marquer d’une pierre blanche (et rouge), Biarritz finira deux fois neuvième avant de descendre en Pro D2 en apothéose, l’année du centenaire. Gros panache.

Alors que le BO nous régale désormais pour la septième saison de suite en deuxième division, qu’en est-il d’Aironi ? Le club a été dissous en 2012, seulement deux ans après le chef-d’oeuvre. Petit ange parti trop vite, transformé en Zebre… Ses neuf matches suivants en Europe se solderont par autant de défaites, dont la dernière à domicile, souvenir très douloureux pour notre rugby : 82-0 face à Clermont. Le XV de France, en revanche, a su vite surfer sur la vague biarrote, s’inclinant dignement lors de ses deux voyages successifs en Italie (22-21 en 2011, 23-18 en 2013). Mention spéciale à ceux qui ont associé ce 11 décembre 2010 au 12 mars 2011 : nous avons nommé Sylvain Marconnet, Jérôme Thion, Damien Traille et bien sûr monsieur Imanol Harinordoquy. Un carré magique pour trois mois de « dolce vita » à l’accent basque. Aupa, aupa BO ! Chantons tous le Biarritz Olympique !