GP France 1982 | La FFL humiliée à domicile


En ce 25 juillet 1982, il n’était pas conseillé de se promener dans la fournaise du Var. Non pas pour la canicule du Castellet, mais pour sa clim infligée.

En 1982, le Grand Prix de France existe encore dans le calendrier de la Formule 1. Et il faut dire que nous aurions préféré que le circuit du Castellet soit retiré du programme 82. En effet, dès les qualifications, les Renault de René Arnoux et Alain Prost réquisitionnent la première ligne, et infligent plus d’1 seconde au troisième. Qui n’est autre que Didier Pironi, un Français lui aussi. Et devinez qui est son coéquipier de l’époque chez Ferrari qui prend la 5e place ? Patrick Tambay. La boucle de l’horreur est bouclée.

Mais que dire de la Ford Cosworth de Jochen Mass, qui signe un temps à 7.173s de René Arnoux. Ce qui fait en moyenne un unlap tous les 13 tours. Il n’y a pas à dire, on savait rire à l’époque.

Mais ce Grand Prix à domicile pour Renault est avant tout le théâtre d’une tambouille en interne. En effet, si René Arnoux n’a marqué que 4 points depuis le début de la saison, son coéquipier Prost en a récolté lui 19. Et ses chances de rattraper les 35 unités du leader Pironi deviennent de plus en plus minces. C’est pourquoi Gérard Larrousse, le directeur de Renault sport, convoque ses deux pilotes avant la course. Et la consigne est simple ; Arnoux doit céder sa place de leader à Prost en vue du championnat. Le début d’une guéguerre iconique.

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Le résumé de la course

Il ne faut pas attendre très longtemps pour voir les pilotes français s’effondrer au volant. Dès le 5e tour, Ricardo Patrese et Nelson Piquet se retrouvent aux commandes de la course, devant les trois Tricolores. Nous sommes les 25 juillet dans la fournaise du sud de la France, et pourtant le ressenti est glacial. Mais la guigne va s’abattre sur les pilotes étrangers. Dès le 8e tour, le turbo de Patrese part en fumée ; à la 24e boucle, Nelson Piquet subit le même incident. Le champion du monde en titre file à la douche, et laisse Arnoux, Prost, Pironi et Tambay aux quatre premières places. Le quatre à la suite le plus amer de l’histoire.

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Dès lors, Prost remet la salade interne sur la table : Arnoux doit lui céder sa place de leader. Mais son coéquipier fait la sourde oreille, alors le clan français décide affiche le panneau « 1. Alain 2. René » sur la ligne droite des stands. La réponse d’Arnoux au tour suivant ? Meilleur tour de la course. Le maître de Bottas. La situation est cocasse, elle va devenir ridiculement comique. Le même panneau est adressé à René lors de chacun de ses passages, et à chaque fois, en réponse, ce même René allume les secteurs en violet.

Arnoux remporte la course devant Prost, Pironi et Tambay. Les Français raflent tout ; le podium et même la place en chocolat. Aucune miette n’est laissée aux étrangers. Depuis ce 25 juillet 1982, la FFL est restée meurtrie par la catégorie reine du sport automobile. Quatre Français aux quatre premières places, doublé d’une écurie française, et le tout sur le sol français. C’en est trop pour nous.

La France en joie, seul Prost fait la gueule

La victoire de René Arnoux n’est visiblement pas suffisante pour Renault. En ce dimanche 25 juillet, le manufacturier tient à maintenir la tête de la FFL sous l’eau. Après la Formule 1, c’est le cyclisme qui s’invite à la fête. Bernard Hinault remporte quelques heures plus tard son deuxième Tour de France au sein de l’équipe… Renault. Ca devient un acharnement.

Si le pays tout entier est aux anges, un seul de leur compatriote tire la tronche. En effet, le Professeur goûte très peu au non-respect des consignes de René Arnoux. Heureusement pour ce dernier, Prost n’est pas du genre rancunier. Quoique.

“René n’a pas tenu parole. J’aurais dû m’en douter. Nous ne collaborons plus. L’abcès est crevé. L’un de nous est de trop chez Renault…” A. Prost

Lors de son retour à la maison, Alain Prost s’arrête dans une station-service pour faire le plein. Le pompiste prend Prost pour Arnoux, et lui remonte le moral (à sa manière) : “Vous avez vraiment bien fait, Monsieur Arnoux. Je suis vraiment content que vous ayez battu cette petite sal**** de Prost“.

Alain a sans doute connu meilleur dimanche.

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