LOSC Manchester United 2007 | Le mauvais coup (franc) de Braamhaar


Mur Lillois pendant le tir de Ryan GIGGS - 20.02.2007 - Lille / Manchester United - 1/8 finale aller Champions League

Le 20 février 2007, le LOSC accueillait Manchester United dans le stade de son rival de toujours, le RC Lens. Un tirage mitigé pour les supporteurs lillois: c’est déjà la 3e fois que le LOSC rencontrait les Anglais. Alors, ils avaient espéré espéré un peu de neuf. En 2000, ils avaient vaillamment résisté pour ne perdre le premier match que sur un but de Beckham dans les arrêts de jeu, et ira chercher le match nul au second. En 2005, c’est face à “Red Devils” qu’ils avaient inscrit leur seul but de la compétition. Mais s’il ne fallait retenir qu’une confrontation entre ces 2 équipes, c’est bien le match aller du 8e de finale de C1 en 2007. Momentum de la partie : un coup vraiment pas très franc.

L’avant coup franc

On vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre. Celui du LOSC en 8e de finale de Ligue des Champions. Après être sorti d’une poule pas si compliquée (Anderlecht, AEK Athènes et le Milan AC — vainqueur cette année-là), le LOSC affrontait donc les mancuniens au stade Felix Bollaert. Stade qui n’a donc connu aujourd’hui que ce match comme 8e de finale de Ligue des Champions. Statistique un peu difficile à avaler pour les supporteurs Sang & Or. Mais trêve de bavardage, nous voilà lancés dans le match.

Le coach lillois, Young Claude Puel, avait avec lui une équipe qui venait de recevoir un élément crucial au mercato d’hiver : Ludovic Obraniak. Et c’était une certaine plus-value avec le titulaire en poule, Mathieu Robail. En pointe, le sosie de Richard Virenque — Nicolas Fauvergue — avec Odemwingie pour lui tourner autour, et sur le côté opposé, Debuchy, déjà coaché par Puel. Autant vous dire, un quatuor qui était sur le papier bien inférieur à celui de Manchester United, composé de Ryan Giggs, Henrik Larsson, Wayne Rooney et bien sûr Cristiano Ronaldo. C’est donc sans grande surprise que les Red Devils dominent la première mi-temps. Stérilement.

Vous le savez, l’arbitrage est parfois partie prenante du jeu. Souvent trop, d’ailleurs. Mais sur ce match, c’est une prestation qui rentre dans le panthéon de la « lose française par homme en noir ». Elle se positionne auprès du « Il y avait pénalty sur Nilmar » et de la remontada. Car, si ce match reste mémorable par son coup franc que nous détaillerons plus tard, la performance de l’arbitre hollandais Eric Braamhaar ne s’arrête pas là.

Tout d’abord, Paul Scholes, sous le coup d’une suspension en cas de jaune, s’en sort miraculeusement par 2 fois. Et puis, au retour des vestiaires, alors que Lille commence à mettre le pied sur le ballon et à faire douter les Anglais, Obraniak — le néoLillois — balance un centre millimétré sur la tête d’Odemwingie. But, le stade exulte.

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Il exulte et n’entend donc pas le coup de sifflet de l’arbitre néerlandais, qui annule le but pour une poussette, disons, très légère sur un Vidic qui imite à merveille Brian Joubert aux JO. À partir de ce moment, rien ne sera comme avant. Le momentum des Lillois disparaît petit à petit, et Manchester reprend le contrôle du jeu. Et à la 83e, Tavlaridis fait une faute — largement évitable — sur Louis Saha.

Un coup pas franc de Braamhaar 

L’arbitre demande au mur lillois de se placer, ce qu’il fait. Tony Silva communique avec son capitaine Tavlaridis pour placer le mur quand soudain… But. Du côté du ballon, l’arbitre parlait à Ryan Giggs en lui proposant de tirer immédiatement s’il le souhaitait. Ce qu’il fait, dans un but vide. Incompréhension dans le stade, sur la pelouse, devant les TV. L’arbitre n’a même pas fait l’effort d’être discret pour privilégier les mancuniens. Roublardise de Giggs diront certains, escroquerie complète rétorqueront d’autres. Il est vrai que le comportement de Braahmar pose question — celui-ci semblant limite donner des consignes au gallois.

Les lillois eux, sont furieux. Sur le coup d’envoi, ils balancent le ballon en touche et sortent du terrain, pour poser réclamation. Et comme toute bonne réclamation dans le football, elle donnera lieu à une feuille A4 qui sera rangée dans une pochette de couleur, puis dans un tiroir et y restera jusqu’à la fin de l’humanité. Le match reprend quelques minutes plus tard. Après celui-ci, pour ajouter un peu au sentiment d’arnaque, Ryan Giggs déclarera même que Braamhaar lui a effectivement proposé de jouer le coup franc rapidement.

Dans les à côté de ce match mouvementé, les supporteurs anglais, alcoolisés et violents, se feront lacrymogénisés et un conflit ouvert découlera entre les 2 clubs. Le match retour, lui, ne laissera aucune place à la polémique, avec une nouvelle victoire de Manchester 1-0, sur un but de Larsson.

Ces mêmes mancuniens remporteront la C1 l’année d’après. Le LOSC ne goûtera plus jamais aux joies d’un 8e de finale de Ligue des Champions. Eric Braamhaar s’illustrera à peine un mois plus tard, en coupe des Pays-Bas, en célébrant un but avec l’Ajax d’Amsterdam. Drôles de destins.

 

Antoine