Copa América 1999. Comme lors de chaque édition, Brésiliens et Argentins font partie des favoris. Mais ces derniers vont connaître un match de poule historique contre la Colombie. Ou du moins leur goleador Martin Palermo, et une certaine obstination pour les pénaltys.
Le groupe C de la Copa América en 1999 oppose l’Argentine et la Colombie au stade Feliciano Caceres de Luque. Les deux équipes ayant remporté leur premier match, cette confrontation constitue la finale de la poule. Un match de très haute importance, d’autant plus que le second du groupe devra se frotter aux Brésiliens en quarts, récents finalistes de la Coupe du Monde un an plus tôt. Pas besoin de vous rappeler les faits.
Ubaldo Aquino, l’arbitre qui siffle plus vite que son ombre
En 1999, la Celeste est entraînée par Marcelo Bielsa. Et il y a fort à parier que ce match contre les Colombiens lui ait provoqué quelques nuits blanches. Le bourreau ? Martin Palermo. Le goleador argentin va réussir à rendre fou El Loco, ce qui n’est pas une mince affaire. Une prouesse réalisée en trois temps.
Dès la 5e minute, un centre est adressé en direction de Palermo. Le buteur s’engage pour placer une tête, mais il ne touchera jamais le ballon. Et ce grâce à l’intervention d’un volleyeur colombien dans la surface. Une manchette de toute beauté, synonyme de pénalty toutefois. Martin pose le ballon sur le point de pénalty, se recule de trois pas décidés avant de sprinter pour envoyer une praline dont lui seul a le secret. Le cuir se fracasse sur la barre transversale. Les supporters argentins serrent les dents pour la première fois de la soirée.
Le match est tendu, les coups sont violents, un match de Sud-Américains quoi. Les Argentins sont menés au score 1-0, et font tout pour recoller à la Colombie. À la 76e minute, Martin Palermo parvient (enfin) à placer sa tête à la réception d’un centre. Mais le ballon se dirige tout droit sur la main d’un défenseur colombien, qui a eu la bonne idée de se trouver dans sa surface au moment du réflexe. Deuxième pénalty. Martin a le ballon de l’égalisation au bout du pied, alors c’est en toute logique qu’il décide d’assurer. Martin envoie un second missile surpuissant. Cette fois-ci, le ballon ne prend même pas la peine de venir mourir sur la barre transversale. Il s’en va directement assommer un supporter en tribunes. Leyenda.
Quand Palermo aime, il ne compte pas
L’Argentine est menée 3-0, et une dernière chance de sauver l’honneur s’offre à elle dans le temps additionnel. Pour la troisième fois de la partie, les Colombiens se rendent coupables d’une faute sur Palermo dans leur surface de réparation. Décidément, provoquer un pénalty sur Palermo est devenu le sport national en Colombie. Cette fois-ci, pas besoin de smasher le ballon de la main, une poussette dans le dos suffit. Puis, tout à coup, les joueurs argentins commencent à échanger des regards incertains, le public appréhende ce qui va se passer, sans pouvoir y échapper pour autant. Martin Palermo se saisit du ballon et le place sur le point de pénalty. Les fréquences cardiaques des 47 millions d’Argentins atteignent des sommets.
Après deux échecs, Palermo sait qu’il n’a plus le droit à l’erreur. Alors, on penserait que le bougre va changer de tactique pour rompre le mauvais sort. Que nenni. Martin ne change absolument rien à sa routine, et s’y prend exactement de la même manière. Il recule avec des pas décidés, sprinte tel un taureau et envoie une frappe de mule. Même le ballon fait souffre. Pourquoi changer de stratégie après tout, quand celle-ci est si fructueuse ?
Cette fois, Palermo fait un net progrès et nous fait mentir. En effet, il parvient à cadrer sa frappe de bourrin. Pour ce qui est de la précision, cela attendra. Le boulet de canon arrive plein axe, et le gardien n’a d’autre choix que de l’arrêter. Au vu de la claque qu’il s’est prise sur la cuisse, il aurait sans doute préféré éviter le ballon après coup. L’Argentine avait l’opportunité de sauver l’honneur, en vain. En plus du cadre, même l’honneur fuit Palermo.
Martin Palermo, le recordman incompris
Vous vous doutez bien que rater trois pénaltys en un seul match n’arrive pas tous les jours. Martin Palermo bat ainsi le record du plus grand nombre de pénaltys ratés dans une même rencontre. Chirurgical.
Martin Palermo est le premier joueur de l’histoire a avoir raté 3 pénaltys lors d’un même match 😳
C’était en 1999, face à la Colombie.
Les argentins se sont inclinés 3-0 ce soir là. pic.twitter.com/zVVvDrkaOM
— BeFootball (@_BeFootball) May 29, 2021
L’ironie de l’histoire est que la Colombie va elle aussi hériter de deux pénaltys durant cette partie. Et comme vous pouvez vous en douter, l’un d’entre eux ne pouvait être que raté dans un match aussi fou. Toutefois, l’autre tentative est transformée par le dénommé Ricard. Un gars bourré réussit là où Palermo a échoué à 3 reprises. Fact.
Comme nous vous l’avions précisé, cette rencontre était hautement importante car le vaincu affronterait le Brésil en quarts. Cela n’a pas loupé, et les Argentins ont été éliminés (2-1). Avec, en prime, vous savez quoi : un pénalty raté. Mais cette fois-ci, l’Argentine n’a pas eu besoin de Martin Palermo. Roberto Ayala s’en est chargé.
Grâce à cet exploit, Palermo a été ignoré par la sélection durant 11 ans. Mais cela valait bien le coup.