FFL d’Or n°10 | Thibaut Pinot, l’hommage final à Poupou


Pour sa dernière saison dans le cyclisme professionnel, Thibaut Pinot ne pouvait pas tirer sa révérence sans laisser une trace FFL indélébile. Et pour cela, quoi de mieux qu’une collection de presqu’victoires ?

Ce récit puise sa source au 12 janvier 2023. A cette époque, certains courageux résistent encore à l’infernal Dry January, enfin pour quelques jours seulement. Puis soudain, une notification arrive comme une fleur sur notre téléphone ; Thibaut Pinot prendra sa retraite en fin de saison. Nous ne sommes qu’en janvier, zéro seconde de sport au compteur, et pourtant nous venons de vivre notre première fringale de l’année.

On ne le sait pas encore, mais Thibaut Pinot va nous réserver l’une des saisons les plus émotionnelles de son immense carrière. Et rendre un hommage à Raymond Poulidor, et à la FFL par la même occasion. Préparez vos (paquets de) mouchoirs.

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Les choses sérieuses commencent dans le Jura

Le début de saison de Thibaut est plutôt tranquille. Le natif de Lure termine 6e de l’Etoile de Bessèges, 14e du Tour des Alpes-Maritimes et du Var, 19e de la Strade Bianche, 10e du Tirreno-Adriatico… bref, on se dit qu’on aura droit aux places d’honneur cette saison, et rien de plus. Mais dès le 15 avril, Thibaut nous prouve à quel point nous étions à côté de la plaque. Engagé sur le Tour du Jura, le coureur de la FDJ remporte son mano a mano avec Guillaume Martin sur la ligne d’arrivée. Mais c’était trop vite oublier Kévin Vauquelin, arrivé 17 secondes avant ce petit monde. Première presqu’victoire de la saison pour TP.

“N’oublions pas que l’objectif, c’est le Giro” Thibaut, optimiste

Dès le lendemain, le Luron remet ça. Oubliez le Jura, place au Tour du Doubs. Comme la veille, Pinot joue la gagne. Pas moins de neuf coureurs arrivent ensemble sur la ligne d’arrivée. Parmi ce groupe, Thibaut retrouve Kévin Vauquelin et Guillaume Martin. Cette fois, il ne veut pas se faire avoir, et prend le meilleur sur ses compatriotes. Manque de pot pour lui, c’est Jesús Herrada qui lui grille la politesse sur la ligne d’arrivée cette fois-ci. Deuxième presqu’victoire.

“Deux fois deuxième, c’est rageant” Thibaut, poissard

En vue de sa préparation pour le Tour d’Italie, Thibaut Pinot s’engage sur le Tour de Romandie. Son état de forme est des plus rassurant, à tel point qu’il vise à la fois la victoire d’étape et le général. Lors de l’étape-reine, Adam Yates part en solitaire, quand Pinot attend les derniers kilomètres pour se lancer à sa poursuite. Le Français voit le Britannique en ligne de mire, mais cet écart ne diminuera jamais. Yates précède Pinot de 7 petites secondes. Troisième presqu’victoire en l’espace de deux semaines. Nous ne sommes qu’en avril, et Pinot a déjà frappé très fort.

“Ça aurait pu le faire, je reviens à 3-4 secondes, il ne me manque presque rien” Thibaut, fataliste

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Le Giro, l’objectif de la saison

Avec sa 5e place au classement général du Tour de Romandie, le Franc-Comtois sait qu’il a les armes pour se battre sur le Giro. “Son” Tour d’Italie commence pourtant de la manière la plus douce possible. Sur les six premières étapes, Pinot n’intègre le Top 40 qu’à une seule reprise.

Puis vint cette 13e étape, reliant Le Châble à Crans-Montana, pour voir le natif de Lure s’illustrer. Il aura fallu attendre que le Giro passe en Suisse pour que Thibaut assure le show. Le Français est dans le groupe de tête, et paraît le plus solide d’entre eux. Mais chacune de ses attaques est anéantie par Alexander Cepeda, ce qui vaut une colère froide à Pinot. En pleine lutte, les deux coureurs s’échangent des amabilités. Tout ça, pour que les deux hommes se fassent avoir par le troisième de la bande : Einer Rubio.

Quatrième presqu’victoire, et cette fois la frustration est totale pour le coureur de la FDJ.

“Grosse grosse déception. Je suis content que Cepeda ne gagne pas. J’aurais mis mes tripes pour ne pas le laisser partir. Je préfère encore que Rubio gagne” Thibaut, amer

Seule consolation pour le Franc-Comtois, il hérite du maillot de meilleur grimpeur. Mais Pinot n’est pas venu en Italie pour le maillot bleu, pas plus pour le rose d’ailleurs. Ce qu’il désire plus que tout, c’est lever ses fichus bras au ciel. Alors une semaine plus tard, lors de la 18e étape, le Français tente le tout pour le tout, et jette ses ultimes cartouches dans la bataille.

L’étape, qui se termine dans le Val di Zoldo, va une nouvelle fois faire grimacer le natif de Lure. Alors qu’il parvient à semer tous ses compagnons d’échappée, Thibaut tombe sur un roc ; Filippo Zana. Pinot lance le sprint le premier, et se fait dépasser sur la ligne d’arrivée. Comme Vauquelin, Herrada, Yates et Rubio avant lui, Zana douche les espoirs de notre Tibopino national. Cinquième et dernière presqu’victoire de la saison.

Pour le plaisir, on se le mate une dernière fois.

“Je lance de loin, je fais une erreur, mais j’ai moins de regret que la dernière fois” Thibaut, relativiste

Bon, malheureusement, Thibaut ne repart pas les mains vides de son séjour italien. Cette hospitalité transalpine est à revoir.

Puis Thibaut a fait rêver la France…

Deux mois plus tard, c’est le Tour de France. Alors que son rôle est d’aider David Gaudu pour le classement général, Thibaut a une petite idée derrière la tête ; casser la baraque lors de la 20e étape. La raison ? Un virage d’irréductibles supporters est annoncé sur le col du Petit Ballon. Les deux derniers jours avant l’étape du Virage Pinot, Thibaut termine respectivement 64e et 75e. On aurait dû se douter que du lourd allait arriver. De même que l’accueil qui lui est réservé sur place, qui dépasse tout simplement l’entendement.

Et comme par miracle, Tibopino arrive en tête dans le Virage Pinot. Le reste appartient à l’Histoire.

Thibaut Pinot termine 7e étape de cette étape, mais c’est presque anecdotique. Nous pouvons mourir tranquilles maintenant.

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La Lombardie comme adieu

Pour la dernière course de sa carrière, Thibaut nous donne rendez-vous au Tour de Lombardie. Et le Virage Pinot prend un accent italien ; la Curva Pinot🤌 est née. Le nom change, mais la pagaille est la même.

Pinot termine sa carrière sur une 37e place au Tour de Lombardie, mais comme souvent avec Pinot, le résultat importe peu.

MERCI THIBAUT.

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Les raisons de notre choix

Les +

  • Collectionner les secondes places pour sa dernière saison en pro, une ultime dédicace à peine déguisée envers notre fédé.
  • Sa 2e place frustrante sur la 13e étape du Giro et son altercation avec Cepeda restera le point d’orgue de sa saison FFL.
  • Il en aura vu des bras se lever devant lui cette année, mais jamais les siens.

Les –

  • Une performance masquée par le Virage Pinot.
  • Une performance encore plus masquée par la Curva Pinot.
  • Un pincement au cœur est inévitable.

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