Bordeaux – Juventus 1985 | La remontada des Girondins (à un but près)


Alain Giresse

En 1985, les Girondins de Bordeaux ne nous faisaient pas le plaisir d’évoluer en deuxième division. Bien au contraire. Les Marine et Blanc disputaient une demi-finale de C1 contre la Juventus Turin de Platini. Une double rencontre qui restera à jamais gravée dans la presqu’gloire du club. 

Au milieu des années 80, les Girondins de Bordeaux règnent en maître sur la France. Et pour cause, l’effectif bordelais est de taille : Patrick Battiston, Alain Giresse, Jean Tigana, Bernard Lacombe et l’immense René Girard. Rien que ça. Le tout sous la houlette d’un certain Aimé Jacquet. D’ailleurs, en début de saison, le futur sélectionneur des Bleus affiche clairement les ambitions du club sur la scène européenne.

“La France est championne d’Europe. Bordeaux est champion de France. Nous n’avons à craindre personne” A. Jacquet

En effet, Bordeaux est champion de France en titre, et le club va même s’offrir un doublé en 1985. Meilleure attaque et meilleure défense du championnat, autant vous dire que l’armada bordelaise est parée pour la C1. Du moins, c’est ce qu’ils pensaient.

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Un parcours européen tranquille, mais pas trop

Les Girondins de Bordeaux éliminent tour à tour l’Athletic Bilbao, le Dinamo Bucarest et Dniepr Dniepropetrovsk en quarts de finale. Face aux Soviétiques, les Girondins sont pourtant mal embarqués en étant menés au score 1-0 au retour (1-1 à l’aller). Mais les Bordelais parviennent finalement à accrocher la séance de tirs au but, et c’est Fernando Chalana qui inscrit le pénalty de la gagne sur son mauvais pied. Le Portugais revenant à peine de blessure. Un exploit dont Aimé Jacquet a toutes les peines du monde à s’en remettre visiblement.

“Encore aujourd’hui je me demande comment Chalana a fait pour marquer ce penalty” A. Jacquet

En demi-finale, les Girondins affrontent la Juventus Turin. A l’époque, seule une équipe française est parvenue à battre les Bianconeri : l’Olympique de Marseille, en 1972. Hormis face aux Olympiens, les Turinois se font un festin contre les équipes de l’Hexagone. Et ce n’est pas le match aller qui va mettre un terme à cette série.

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Les deux équipes s’affrontent dans le Stadio Comunale. Il faut dire que les Girondins boivent la tasse, et subissent la loi d’un certain Michel Platini. Si Jacquet décide de ne pas consacrer de plan sur lui, le match lui donne raison. Platini marque et permet à la Juventus de s’imposer 3-0. Une large victoire entachée toutefois d’un but litigieux de Briaschi, coupable d’une faute sur l’action. Et quand on connaît la suite, ce but aura toute son importance. Encore plus savoureux donc.

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Bordeaux croit à sa première finale européenne

A l’époque, le palmarès européen de Bordeaux se résume à une Coupe des Alpes (1980), à laquelle viendra se greffer l’immense Coupe Intertoto en 1995. Autant vous dire que la campagne 1985 des Girondins en C1 devrait émerveiller la France entière. Pourtant, la presse nationale relativise la campagne européenne des Girondins. Etant donné que Bordeaux n’a pas affronté de tête d’affiche pour se retrouver en demies, les médias de l’époque profitent de la gifle turinoise pour calmer les ardeurs françaises.

« La Juve, c’est autre chose » Une de L’Equipe

Les Bordelais ne digèrent pas cette Une, encore aujourd’hui. Alors vous vous doutez bien qu’à l’époque, les Girondins ont à cœur de faire taire ces critiques. Preuve de l’engouement du club au scapulaire : la ferveur dans les tribunes. Selon plusieurs sources, 40 211 spectateurs s’amassent dans les gradins du Parc Lescure, dont la capacité totale est normalement de… 34 000 places. Ce qui est tout simplement le record d’affluence de cette enceinte. Une marque historique qui vient s’ajouter au record européen de ce stade, qui possède le plus long tunnel de joueurs, avec 120 mètres.

Cette info n’a rien à faire là, c’est juste pour le kiff.

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Une remontada à un but près, le génie français

Les Girondins mettent littéralement le feu dès le début de la partie. Les Turinois ne comprennent pas comment une équipe française peut si bien jouer. Les Italiens résistent, puis cèdent à la 25e minute, sur un tir croisé de Dieter Müller. ALORS PEUT-ETRE. La Gironde et la France tout entière commencent à y croire. Et quand Patrick Battiston envoie une mine dans les cages de Luciano Bodini à 30 mètres, c’est tout le Parc Lescure qui se lève comme un seul homme.

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Le club au scapulaire a 10 minutes pour écrire l’histoire. Et les Bordelais vont l’avoir cette dernière occasion. Jean Tigana se faufile entre deux Turinois, puis arme une frappe surpuissante. Bodini repousse, et entérine les ultimes espoirs des Girondins. Bordeaux ne disputera pas de finale de C1, au grand dam des supporters qui y ont cru. Mais alors vraiment fort, une petite pensée pour eux.

Cette demie reste encore, à ce jour, la meilleure performance de Bordeaux dans cette compétition. Si les années 80 ont surtout été marquées par la nuit de Séville 82, la demi-finale contre la Juventus reste encore en travers de quelques gorges. Même les spécialistes s’accordent à le dire.

En finale, malheureusement connue pour être le Drame de Heysel, la Juventus remporte sa toute première C1 face à Liverpool. Bien aidée il faut dire par un pénalty dont la faute avait été commise un bon mètre en dehors de la surface.

Et un pénalty non sifflé pour les Reds.

Sacrée Vieille Dame.

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