Les Jeux olympiques de Vancouver en 2010 sont le théâtre d’une scène unique en son genre. Vainqueur du 10 000 mètres en patinage de vitesse, le Néerlandais Sven Kramer n’obtient pas pour autant l’or. La raison ? Son entraîneur a confondu sa droite et sa gauche.
Sven Kramer. Si ce blaze ne vous sonne pas familier, alors une chose est sûre : vous ne connaissez absolument rien au patinage de vitesse. Le Néerlandais est tout simplement l’athlète le plus médaillé de sa discipline, avec pas moins de 22 breloques dorées aux championnats du monde et quadruple champion olympique. Bref, le Michael Phelps sur glace.
Oui, mais voilà. Si le 5000 mètres est le dada de Kramer, le 10 000 mètres a une valeur très particulière chez lui. Tout simplement car c’est la seule épreuve qui lui échappe lors des Jeux olympiques. Seulement 7e aux JO 2006 à Turin, le Néerlandais a bien évidemment coché la case des épreuves canadiennes quatre ans plus tard. Mais Kramer, bien aidé par son entraîneur, va nous offrir une finale d’anthologie.
Gerard Kemkers, héros national en Corée du Sud
La patinoire de Vancouver accueille les meilleurs patineurs de vitesse du monde en ce mardi 23 février 2010. Et forcément tous les regards sont rivés sur Sven. Très vite, le Néerlandais est en avance sur le record olympique. Aucun concurrent ne semble en mesure de rivaliser avec lui. Mais ce qu’il ne sait pas encore, c’est que son plus grand adversaire n’est pas lui-même, bien qu’il se trouve dans son propre camp. Complexe ? Vous allez vite mieux comprendre.
À la mi-parcours, le Néerlandais prend le couloir intérieur sous les conseils avisés de son coach Gerard Kemkers, placé au bord de la piste. Manque de pot, il fallait prendre l’extérieur. Une erreur sur le changement de ligne qui va peser lourd dans la balance. Mais Kramer ne s’en rend pas compte, et franchit la ligne d’arrivée avec 4 secondes d’avance sur le Sud-Coréen Lee Seung-Hoon. Le Batave lève les bras. La médaille d’or lui est promise, se dit-il. Oui, mais non. C’était sans compter sur son entraîneur qui s’est complètement gouré en lui indiquant le mauvais couloir à suivre.
La victoire olympique de Kramer sans l’or
À peine la course terminée, la sanction est sans appel : Kramer est disqualifié de l’épreuve.
« C’est une grosse erreur, une erreur qui me coûte très cher. J’avais sans doute signé le meilleur 10 000 m de ma carrière. Tout ça pour ça… » S. Kramer
Pour exprimer sa grande joie au moment de l’annonce, le géant batave arrache ses lunettes de son visage et les balance sur la glace canadienne.
« J’allais prendre l’extérieur quand Gerard m’a crié : “prends l’intérieur” » S. Kramer
Sacré Gerard. Mais le plus fort dans tout ça, c’est sûrement l’excuse que le principal concerné donne pour justifier sa boulette.
« J’ai été distrait car je notais un temps de passage sur mon calepin » G. Kemkers
Encore plus rageant. Petite histoire dans l’histoire, avec ce déclassement du Néerlandais, la médaille en chocolat revient au Français Alexis Contin. L’alignement des planètes.
Kramer une médaille d’or à cause de son coach, la générosité néerlandaise n’a décidément aucune limite.