UEFA 1996 | Bordeaux – Bayern, l’autre chef-d’œuvre de Kostadinov.


Coupe UEFA 1996. Un mois seulement avant l’élimination des Bleus en demi-finales de l’Euro, les Girondins de Bordeaux avaient déjà donné le ton. Un parcours sensationnel terminé de la plus belle des manières en finale. Avec en prime, un ultime match au Parc Lescure. À domicile, devant ses propres supporters.

Un finaliste qui lutte pour le maintien

Si les championnats domestiques débutent traditionnellement au mois d’août, la saison 1995-1996 des Girondins de Bordeaux a commencé dès le 1er juillet. Date de lancement de la célébrissime Coupe Intertoto. Affronter les Suédois de l’IFK Norrköping en plein mois de juillet alors qu’ils pourraient se trouver dans n’importe quel endroit du monde en vacances. La quintessence même du professionnalisme.

Très vite, la Coupe d’Europe va devenir le seul enjeu de leur saison. Bordeaux foire totalement son exercice en championnat, qu’il terminera à une triste 16e place. Avec seulement 4 points de marge sur le premier relégable. 11 petites victoires en championnat, 18 revers et plus de 50 buts encaissés. Une vraie forteresse prenable ce Parc Lescure. Pour ce qui est de la Coupe de France, les Marine et Blanc poursuivent leur marche en arrière. Une élimination dès les 16e de finale face au Sporting Toulon, club de National. La Coupe Intertoto n’est pas si mal finalement.

Si les Girondins se débarrassent facilement du Vardar Skopje et de Volgograd lors des premiers tours, ils affrontent en quart de finale le Milan AC. Triple finaliste en titre de la Ligue des Champions, dont un sacre en 1994, les Rossoneri abordent cette double confrontation dans le costume d’archi favori. Et comme prévu, les Milanais s’imposent 2-0 à San Siro au match aller. Mais le retour en Gironde voit Duga tutoyer les étoiles. Une soirée de gala, ponctuée d’un doublé qui permet à Bordeaux de renverser la vapeur (3-0). Une remontée historique dont on se serait bien passé.

Cette rencontre marquera tellement les esprits du Milan AC que les dirigeants Italiens décideront d’enrôler Dugarry la saison suivante. Et pas Zidane. Une situation qui fait sourire aujourd’hui Demetrio Albertini, joueur du Milan à l’époque.

« Dugarry ? On l’a bien accueilli, mais on aurait préféré Zidane » D. Albertini (So Foot)

Au moins ça, c’est dit.

Un premier acte sans Zizou ni Dugarry pour Bordeaux

Les demi-finales sont l’occasion pour les Marine et Blanc d’affronter le Barça ou le Bayern. Mais ce sera finalement le Sparta Prague. On appelle ça la baraka dans le milieu. Un succès 2-0 au total, qui leur permet d’accéder pour la première fois de leur histoire en finale d’une Coupe d’Europe. Mais les Girondins ne pourront pas échapper au Bayern plus longtemps.

En face, les Allemands préparent savamment la finale. Dans le calme et la sérénité qui leur sont légendaires. Pour preuve, le club bavarois ne trouve pas mieux que de virer son entraîneur avant la double confrontation face à Bordeaux. Son remplaçant ? Franz Beckenbauer. Mais détrompez-vous, l’antre du Bayern n’intimide aucunement nos fiers Marine et Blanc. Et qui de mieux que Philippe Lucas, milieu de terrain du FCGB, pour en parler.

« À l’idée de fouler la pelouse de l’Olympiastadion, je n’étais pas plus impressionné que cela » P. Lucas (France Football)

Philippe Lucas s’est pourtant noyé ce soir-là. Car en ce 1er mai 1996, jour de finale aller, et de muguet, l’Olympiastadion ne va pas particulièrement porter chance aux Bordelais. Privés de Dugarry et Zidane, tous deux suspendus, les Girondins vont goûter à la supériorité physique allemande. Dès la demi-heure de jeu, le défenseur Thomas Helmer ouvre le score pour les locaux. Suivi par Mehmet Scholl en seconde mi-temps qui aggrave le cas des Bordelais. Mais ces derniers ne baissent pas les bras.

« Même si nous perdons, comme contre le Milan AC, 2-0 à l’aller, nous nous disons entre nous que nous pouvions le refaire » P. Lucas (France Football)

L’espoir, magnifique allié de la FFL depuis tant d’années.

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Le résumé du match Bordeaux – Bayern

Mercredi 15 mai 1996. 20h45. Finale retour. Toutes les conditions sont réunies pour que le Parc Lescure devienne à nouveau le théâtre d’une folle remontée des Girondins, après le Milan en quarts. Mais dès les premières minutes de jeu, les Allemands montrent à quel point la violence de leurs contacts est toute sauf italienne.

Et qui de mieux pour le montrer que ce diable d’Emil Kostadinov. Le Bulgare arrive tel un boulet de canon sur Lizarazu, crampons en avant au niveau du genou. Une plaie large de 12 centimètres. Le capitaine Bordelais sort sur civière, direction l’hôpital. Même pas le moindre carton sorti pour le Bulgare. Décidément, la France lui réussit sacrément bien. Et comme le karma fait bien les choses, c’est ce même Kostadinov qui talonne ingénieusement pour Scholl. 1-0 Bayern. Un scénario qui avait été parfaitement imaginé par les Bavarois.

« En mettant un but, ils devaient en mettre quatre. Finalement, on en a inscrit trois » T. Helmer (So Foot)

Le célèbre flegme allemand. Avant d’être remplacé à l’heure de jeu, Kostadinov double la mise. Histoire de boucler la boucle : un tacle assassin, une passe dé et un but. Le génie a encore frappé. Daniel Dutuel réduit la marque à un quart d’heure du terme dans un Parc Lescure qui se vide déjà. Il est à noter qu’en 2022, ce but est toujours le dernier but inscrit par un club Français dans une finale de Coupe d’Europe. Bordeaux, une vraie ville de football. Dans la minute qui suit le but, Jürgen Klinsmann plante le troisième pion du Bayern en bon renard des surfaces qu’il est. 3-1 score final. Danke, Auf Wiedersehen.

Faire la bringue après une finale perdue, une tradition 100% made in France

Anthony Bancarel, milieu des Girondins, résume parfaitement la partie. Et le traumatisme ne s’est toujours pas dissipé treize ans plus tard au moment de l’interview.

« On s’est fait hacher menu, on a pris la puissance allemande en pleine gueule » A. Bancarel (20 Minutes)

Une débâcle qui n’est cependant pas du goût de Philippe Lucas.

« Pourtant, encore aujourd’hui, je demeure persuadé que si la finale s’était jouée sur un seul match nous aurions eu plus de chances de l’emporter » P. Lucas (France Football)

Tout comme l’espoir, le regret va de pair avec notre fédé. Mais rassurez-vous, le sang français coule bel et bien dans les veines des Bordelais. Alors comme les Stéphanois en 1976 sur les Champs-Élysées, une finale perdue, ça se célèbre.

« Après le match, on est quand même allé fêter ça » A. Bancarel

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