Coupe de France 2004. Si la logique de la finale est respectée, avec une victoire 1-0 du Paris Saint-Germain sur Châteauroux, les seizièmes ne peuvent pas en dire autant. L’ABFC, plus connu sous le nom de l’Aviron Bayonnais Football Club, recevait les Girondins de Bordeaux pour un bouillant derby de l’Atlantique. Pensionnaires de CFA, les joueurs de Bayonne vont pourtant démontrer à leur ville que la terre n’est pas toujours ovale, mais bien ronde aussi parfois.
Si l’année 1922 marque l’arrivée au pouvoir de Benito Mussolini en Italie, ça n’est rien comparé au raz-de-marée qui va frapper la France. En effet, l’Aviron Bayonnais décide de créer cette année-là une section « football » dans son club omnisport. C’est ainsi que voit le jour l’ABFC. Cette fondation ne sera pas sans conséquence pour le football français. Doubles champions de CFA en 2004 et 2008, les bayonnais enlèveront également à deux reprises la prestigieuse Coupe d’Aquitaine en 1974 et 2002. Sans compter les passages au club de Deschamps, Ruffier et Laporte durant leur jeunesse.
Mais tout ceci n’est pas grand-chose comparé à la performance que les basques vont accomplir en 2004 en Coupe de France. En 32e de finale, les Bleus et Blancs réussissent un premier exploit : sortir l’En-Avant Guingamp qui évolue alors en Ligue 1 (4-4, 5 tab à 3). On est alors tenté de penser que le prochain adversaire, en la personne de Bordeaux, ne tombera pas lui aussi dans le panneau. Mdr.
Remake du film ‘2012’ en 2004
Vendredi 23 janvier 2004. 16e de finale de la Coupe de France. Évoluant en temps normal dans le Stade Didier-Deschamps, les bayonnais mettent les petits plats dans les grands et reçoivent les Girondins dans la célèbre enceinte de rugby de la ville : le Stade Jean-Dauger.
Toutefois, oubliez le soleil radieux du Pays Basque. Imaginez plutôt la fin du monde. Pluie torrentielle, flaques sur le terrain, pelouse imbibée. On se dit alors que toutes les conditions sont réunies pour un report du match. Mais après avoir mené son investigation, l’arbitre Claude Colombo est formel : la partie aura bel et bien lieu sur cette piscine olympique.
Michel Pavon, le coach de Bordeaux, sent venir de loin l’embuscade bayonnaise. Il aligne alors ses cadres pour l’occasion : Ramé, Jurietti, Jemmali, Planus, Mavuba. La Dream Team des Marines et Blancs est prête à marcher sur l’ABFC. Mais très vite, les bordelais vont comprendre que sans BNSSA, il sera dur de remporter le match.
Le résumé du match Bayonne – Bordeaux
Dans cette rencontre, où les plus grosses occasions n’en sont pas vraiment, imaginez la joie des supporters en première période quand ils voient passer une frappe bordelaise à seulement deux mètres au-dessus de la barre transversale. Oui car avec de l’eau jusqu’aux chevilles, impossible d’effectuer la moindre passe à ras-de-terre. L’arbitre Monsieur Colombo commence à comprendre qu’il a fait fausse route dans son enquête météorologique. Du coup, un bon vieux kick and rush est proposé aux spectateurs. Définitivement rien à se mettre sous la dent dans cette partie.
Mais contre toute attente, l’occasion du match est bayonnaise. Le numéro 10 basque Frédéric Bernaleau se joue d’Ulrich Ramé et envoie le ballon dans le but vide. Tandis qu’il s’apprête à célébrer l’ouverture du score avec un public en liesse, le ballon est freiné par la boue juste avant la ligne de but. Si on avait encore un doute, on comprend bien ici qu’ne joue pas sur le billard de l’Emirates Stadium.
Le temps réglementaire terminé, les prolongations peuvent débuter. Le combat de catch lui reste toujours le même. Il faut attendre la 118e minute pour voir une alerte. La défense bordelaise est mise en difficulté par ce diable de Bernaleau qui hérite d’un coup-franc à l’entrée de la surface. Il n’en faut pas plus au Juninho basque pour envoyer le cuir dans la lunette de Ramé. Victoire finale 1-0. De quoi faire pester l’entraîneur de Bordeaux, un tantinet frustré.
« Je n’ai pas vu un match de football. J’ai vu 120 minutes de pousse-ballon dans la boue » M. Pavon
Dès 1977, Michel Delpech avait pressenti la future moue de Pavon, dans son célèbre titre ‘Le Loir-et-Cher’.
« On dirait que ça te gêne de marcher dans la boue
On dirait que ça te gêne de loser avec nous »
Coach Vahid, la terreur des Petits Poucets
L’Aviron Bayonnais se qualifie pour la première fois de son histoire en 8e de finale de la Coupe de France. La prouesse est retentissante. Les footeux de Bayonne éclipsent pour une fois leurs homologues rugbymen. Mais la marche des huitièmes va s’avérer trop haute pour les basques.
La raison ? Ils vont, malheureusement pour eux, croiser la route du sorcier bosniaque Vahid Halilhodžić. Déjà bourreau de Libourne en 2003, qui avait fait tomber le grand OL, Vahid se charge d’éliminer Bayonne 2 à 0 avec le PSG.
Mais la légende retiendra seulement la tasse bue par Bordeaux.