Coupe de France 2009 | Clermont, ce Dieu omnisport de la lose


Il y a des jours où notre fédé prend tout son sens. Ces jours où la FFL remercie certains sportifs français d’avoir cru en leur chance de lose. Et ce jour-là est arrivé en janvier 2009. 32e de finale de la Coupe de France. Le modeste FC Étoile Schirrhein-Schirrhoffen, basé dans le Bas-Rhin, reçoit Clermont. David contre Goliath pense-t-on alors à l’époque. Mais fidèle à ses rendez-vous manqués au rugby, l’ogre clermontois va nous sortir le grand jeu. Avant de sortir de la compétition…

Petite commune du Bas-Rhin, Schirrhein va prouver qu’il fallait bel et bien récupérer l’Alsace et la Lorraine du voisin allemand. Passer à côté d’un tel joyau aurait été source de frustration pour notre fédé. Ce mastodonte démographique, d’au moins 2 000 habitants, abrite en son sein un club de football pas comme les autres : le Football Club Étoile Schirrhein-Schirrhoffen.

Créé en 1922, le FCE Schirrhein (pour les intimes) connaît des débuts quelque peu difficiles. Naviguant au niveau régional à son apogée, le club bas-rhinois doit attendre un demi-siècle pour décrocher son premier titre. Et quel trophée ! En 1972, les schirrheinois réalisent le premier exploit de leur histoire : celui de soulever la prestigieuse Coupe du Crédit Mutuel. Compétition organisée par la Ligue d’Alsace du Football. Rien que ça.

Près de quarante ans plus tard, la petite ville du Bas-Rhin va connaître son heure de gloire. Oubliez la Coupe du Crédit Mutuel, place à la Coupe de France. Les premiers tours se passent sans encombre. Idem pour le 64e de finale face aux modestes amateurs de Creutzwald, en Moselle. Les schirrheinois s’imposent aisément 2-1. Le début d’une grande épopée.

Le résumé du match Schirrhein – Clermont

Samedi 3 janvier 2009. Il est 15h30 au Parc des Sports de Haguenau où 5 500 spectateurs sont en furie. Soit le triple de la population de la ville, qui tient sur moins de 7 km². La raison ? Le tirage au sort oppose les « Forestiers » de Schirrhein au Clermont Foot 63, pensionnaire de Ligue 2. Un club de District évoluant au niveau départemental, opposé à onze professionnels. Toutes les conditions sont réunies pour un craquage dans les règles de l’art.

De plus les professionnels ne sont pas n’importe qui. Les « Galactiques » de Clermont se sont déplacés en masse : Mehdi Benatia en défense, Bruno Grougi au milieu, Mustapha Yatabaré en attaque. La Dream Team d’Auvergne ne vient absolument pas pour trier les lentilles. Et le fait savoir dès le début du match. On joue depuis quinze minutes, quand Grougi profite d’un centre venant de la gauche pour surgir seul au second poteau et pousser le ballon au fond des filets. Clairement pas le but le plus difficile de la carrière du Zizou clermontois.

37e minute. Sur un énième centre de Clermont, Mickaël Poté place une tête croisée qui trompe le gardien. 2-0 à la mi-temps. Les milliers de supporters schirrheinois venus au stade commencent à chercher la billetterie pour se faire rembourser les places. Mais il en faut plus pour déboussoler l’équipe locale qui évolue en 7e division.

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4 buts en 22 minutes : le statut de remontada validé !

Nous venons de dépasser l’heure de jeu, moment choisi par Mehdi Benatia pour se montrer aux recruteurs internationaux. Le défenseur marocain accompagne une ouverture adverse, et ajuste une tête millimétrée en retrait pour son gardien, qui file bien sûr tout droit en corner. Mickaël Fabre se jette pour l’éviter. Le ballon revient dans les pieds schirrheinois. L’ingénieur Wagner réduit le score à 2-1.

« À la mi-temps je leur ai dit que si on leur mettait un but, tout s’effondrerait pour cette équipe-là » H. Sturm, coach de Schirrhein

C’est bien connaître le mental auvergnat.

Moins de dix minutes plus tard, le vieux briscard Arnaud Marty (37 ans), également chargé de clientèle, s’élève plus haut que tout le monde et place une reprise de volée zlatanesque dans le petit filet opposé. Deux partout. On ne reconnaît plus le club de District de celui de Ligue 2.

Il ne reste plus que dix minutes à jouer dans le temps réglementaire. Long coup-franc dans la boîte. Le ballon est dévié une première fois par un défenseur de Clermont, avant que Raphaël Martzolff envoie une retournée de l’espace en pleine lucarne. Les locaux prennent pour la première fois l’avantage.

Le coup de grâce arrive à la 85e minute quand l’électricien Guillaume Roth part en profondeur et ajuste le gardien. 4 buts à 2. Le stade est en délire. Jamais une équipe cinq divisions inférieures à un club professionnel ne lui avait passé quatre buts. C’est désormais chose faite.

 

 

Le TFC met fin au rêve, une histoire d’hôpital de charité toussa

À peine redescendus de leurs nuages que les schirrheinois assistent au tirage au sort des 16e de finale de la Coupe de France. Ce sera le TFC. Encore surexcités de leur exploit, les bas-rhinois s’autorisent le droit de faire la fine bouche. Et à se montrer même quelque peu arrogant.

« On espérait une plus grosse écurie mais Toulouse reste une équipe prestigieuse » S. Ighli, attaquant et policier municipal de Schirrhein

Le président schirrheinois, Pierre Dillinger, se veut lui plus raisonnable. Mais en continuant à filer la métaphore des nuages.

« Ce 32e était notre Mont Blanc, il va falloir maintenant franchir notre Everest » P. Dillinger

La réception de Toulouse a lieu le 24 janvier. Le TFC marche sur Schirrhein et l’emporte 8-0. Merci au revoir. À l’année prochaine.


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