En 2001, l’Équipe de France remporte la Coupe Davis, cinq ans après celle glanée par Guy Forget et ses acolytes en Suède. Mais comme si cela ne suffisait pas, les Bleus réitèrent cette haute trahison en se hissant à nouveau en finale l’année suivante. Un mal pour un bien, diront certains. Un mal pour un bien, diront d’autres. Car oui, cette édition 2002, sublimée par PHM, est entrée dans les annales. Pas celles des Guinness, mais bien celles de notre fédé.
Vainqueurs des Australiens l’année précédente, les Tricolores sont tenants du titre de la Coupe Davis en 2002. Les Français sont ainsi assurés de disputer toutes leurs confrontations à domicile. Un détail qui s’avèrera des plus exquis. La France dispose des Pays-Bas, de la République tchèque et des États-Unis sur le score de 3-2. Et dispute face à la Russie sa troisième finale en quatre éditions. Spirale négative.
Pour l’occasion, l’Équipe de France décide d’organiser la finale dans l’antre de Paris-Bercy. Véritable salle fétiche de Marat Safin qui vient de remporter son second Masters de Paris-Bercy seulement trois semaines plus tôt. Malin. Arnaud Clément étant blessé, Guy Forget appelle un jeune joueur de 20 ans : Paul-Henri Mathieu. Deux mois plus tôt, le jeune alsacien remporte son premier tournoi ATP à Moscou, en éliminant en demi-finale… Marat Safin. Une ironie qui ne durera pas très longtemps.
PHM vole au secours de la France
Le premier match oppose Paul-Henri à Marat Safin. Les deux hommes se retrouvent après l’affront moscovite. Une défaite en 4 sets plus tard, Mathieu lance idéalement la France vers un revers à domicile. Derrière, Sébastien Grosjean égalise à 1-1. Puis vient le match de doubles. Comme dans toutes les manches de Coupe Davis, le double est un véritable tournant. Menée 2 sets à 1, la paire Santoro – Escudé parvient à retourner la situation. Et remporter ce match décisif.
Nous sommes le samedi soir, et l’Équipe de France mène désormais 2-1. C’est à ce moment-là que les Bleus vont développer une sérénité si française, et sentir en eux la grosse confiance. Et en même temps, l’histoire du tennis leur donne raison : jamais une nation n’a perdu une finale de Coupe Davis en menant après le double. Impossible n’est définitivement pas français.
Dès le lendemain, les vrais Mousquetaires sont de sortie. Oubliez les Lacoste, Cochet et compagnie. Place à Grosjean et Mathieu. Super Seb’ se charge de la première partie du boulot. Et Dieu sait que cette finale est bien mal engagée. Une nouvelle fois, Safin passe sur un Français. Défaite en 3 sets. Le match 5, et le sort de la France, est désormais entre les mains de PHM.
Le résumé du match
Si Guy Forget a sélectionné Paul-Henri Mathieu, c’est en grande partie pour ses résultats sur terre battue en 2002. Le Strasbourgeois s’est fait remarquer à Roland-Garros. Auteur d’un parcours honorable, il se fait sortir en cinq sets en 1/8e par André Agassi. Alors qu’il menait deux sets à zéro. La version bêta de la légende. Mais à ce moment-là, personne ne s’en doutait.
Après seulement 1h30 de jeu, PHM mène déjà 2 sets à rien. La pilule est difficile à avaler pour nous. En face, Youzhny envoie des pralines dans le filet. Ce bon vieux Mikhail. Lors du troisième set, le Russe nous redonne des couleurs en remportant la manche. Puis arrive ce 4e set. Paul-Henri mène 4-2. Il maîtrise les débats. Moment opportun pour se faire débreaker. Nous sommes à 4-5, 40 A, service Youzhny. Le Français est à deux petits points du Saladier d’Argent. Pour cela, il doit tout donner. Mais un imprévu va bouleverser la physionomie du match.
« Il m’a fait un service-volée sur mon coup droit qu’il n’avait pas fait de tout le match. Et je me souviens que cela m’a mis un coup » P-H. Mathieu
PHM, le héros des Russes
Un service-volée qui sera le point gagnant d’un jour béni du tennis français, en ce 1er décembre 2002. Youzhny remporte la manche 7-5. Les deux joueurs sont à égalité. Deux sets partout. Mais le mal est fait.
« Il a ensuite élevé son niveau de jeu. Et moi je n’ai pas réussi à élever le mien » P-H. Mathieu
Satané service – volée. Logiquement, Youzhny remporte le dernier set 6-4, sur une faute directe de Paul-Henri. Une clim venue tout droit de Sibérie. Qui donne encore des frissons à nos Français.
« Les Russes ont été agréablement surpris de voir que c’était Paulo sur le terrain, et pas moi » N. Escudé
Pas très Coubertin ça.
Le lendemain sera gris sur la capitale française. Pourtant, Jacques Chirac reçoit nos perdants magnifiques qui vont y avaler leur premier repas depuis la pilule russe. Mais face à cette défaite magnifique, les mots de Chirac résonneront comme un hymne à la FFL dans le palais de l’Elysée. En s’adressant à la bande à Forget, il proclamera :
« Je suis fier d’être Français ». J.Chirac