En 1960, la coupe d’Europe des Nations vivait sa première édition. Le format de l’époque était bien différent de l’actuel, avec un unique « Final 4 » comme phase finale. Mais cela n’empêchera pas la France d’entrer dans l’histoire. Lors de ce France-Yougoslavie, ils vivront la première remontada de l’histoire de la compétition. Retour sur 4 minutes fantastiques.
Un parcours parfait, mais des joueurs majeurs blessés
Le format était le suivant : une (longue) phase d’éliminatoires à base de matchs aller-retour, que la France a passé avec brio (8-2 contre la Grèce, 9-4 contre l’Autriche). C’est donc pleine de confiance et à domicile que notre nation arrive dans le dernier carré, complété par des pays à l’accent de l’est : la Yougoslavie, l’URSS et la Tchécoslovaquie.
Problème majeur cependant : les 2 meilleurs joueurs de l’équipe — Kopa et Fontaine — sont blessés. Au tirage au sort, les Tricolores hériteront de la Yougoslavie. Et c’est au Parc des Princes qu’a lieu la rencontre. Le stade n’a vécu ici qu’une grande finale sportive, la finale de la Coupe du Monde de Rugby à XIII, entre la Grande-Bretagne et la France. A-t-on vraiment besoin de vous dire ce qu’il s’est passé ?
Un début de match tonitruant.
Les Français, en rouge pour cette rencontre (hérésie qui ne sera pas reproduite jusqu’en 2008), verront Milan Galic envoyer une praline limpide pour lancer le match. Et les Français, sur le coup d’envoi, vont répondre DU BERGER A LA BERGÈRE en marquant sur un centre-tir pas touché de Jean Vincent.
Après ces 2 minutes de folie, la rencontre va être plus calme. Jusqu’à ce que François Heutte n’envoie sa petite minasse suite à un cafouillage devant la surface. 2-1 à la pause. Puis 3-1 au retour des vestiaires, par Wisniewski. Les Yougoslaves vont tout de suite revenir au score sur une frappe que le gardien français Georges Lamia négocie très mal. Et ça ne sera que le début de sa masterclass.
Les 4 minutes de la gloire
Le momentum commencera sur un 4e but français. Manifestement hors-jeu, il ira tout de même au bout de l’action sans que personne — et surtout pas le ventripotent arbitre belge — ne revienne sur sa décision. Pas de VAR à l’époque. Malgré les protestations yougoslaves, la France mène bien 4-2.
Mais il ne fallait pas énerver les Yougoslaves. En 200 secondes, ils vont complètement renverser la situation. Pour ce faire, ils seront bien aidés par le gardien français.
Un premier but sur une main bien molle de Lamia. Coup d’envoi, perte de balle immédiate, centre et… Lamia s’impose dans les airs. Cependant, sur la relance, il envoie la balle dans les pieds des Slaves, qui lancent leur joueur sur l’aile. Ce dernier centre devant le but, et notre portier fait encore n’importe quoi et laisse passer le ballon pour Jerkovic. 4-4.
Nouveau coup d’envoi, et nouvelle perte de balle immédiate. Une nouvelle fois, l’attaquant sera lancé sur l’aile. Cette fois, sur le centre en retrait, l’attaquant rate son tir, un peu mou. Un peu mou, mais toujours trop fort pour Lamia, qui relâche dans les pieds de Jerkovic une nouvelle fois bien placé. Les Yougoslaves sont passés de 2-4 à 5-4 en l’espace de 4 minutes.
Le score ne bougera plus, et la France perdra son premier Euro à domicile. 24 ans plus tard, sur le même terrain, le destin sera différent avec une légendaire « Arconada ». Et en 2016, à quelques kilomètres de là… vous savez bien.