Exit le titre olympique de Cassandre Beaugrand, et la troisième place de Léo Bergère, nous préférons nous concentrer davantage sur les trois quatrièmes places apportées par le triathlon tricolore aux JO. Grands artisans de ce doux exploit, Pierre Le Corre (4e) et Emma Lombardi (4e) ont également ramené une médaille en chocolat sur le relais mixte. Du haut niveau. Alors nous avons souhaité les mettre en lumière, et surtout, prendre des notes sur leur maîtrise de la quatrième place. Une expérience inoubliable.
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La FFL : C’est quoi la meilleure excuse quand tu n’es pas content de ta performance ?
Emma Lombardi : Le gel, tu vois, il a glissé, je n’ai pas pu me nourrir… et du coup j’ai loupé la course.
Pierre Le Corre : Voilà, j’ai perdu la nutrition surtout… En fait il ne faut pas dire que c’est dû à ton mauvais entraînement, il ne faut pas que cela soit vraiment de ta faute. Il faut tout remettre sur les autres.
Emma Lombardi : Ou alors, il y en a un qui a marché sur tes chaussures, du coup je n’arrivais plus à les mettre. Mais ce n’est pas de ma faute.
Pierre Le Corre : Et puis il y a toujours un gars qui t’embête dans la course, et qui va niquer ta course. On le connaît hein ! On a eu l’excuse aux Jeux.
C’était quoi votre pire transition ?
Emma Lombardi : Moi c’était à la SuperLeague à Toulouse, je n’arrivais pas à enlever ma combi et j’ai glissé, je suis tombée sur le cul.
Pierre Le Corre : Okay…
Emma Lombardi : Ouai…
Pierre Le Corre : Moi j’ai eu une transition où je remets la faute sur quelqu’un. Il a mis son vélo sur mon rack à vélo, et du coup, il a pris mes affaires. Il a commencé à mettre mes chaussures etc.
Emma Lombardi : Han ! Ah bah voilà on en parlait des chaussures.
Pierre Le Corre : Je ne pouvais pas placer mon vélo, je ne pouvais plus mettre de chaussures.
Emma Lombardi : Ce n’est pas de ta faute.
Pierre Le Corre : Non, ce n’était pas ma faute. Ce n’est jamais de ma faute.
C’est énervant les gens qui disent “t’inquiètes tu l’auras en 2028” ?
Emma Lombardi : Je pense que c’est la première phrase qu’on m’a dite après la course.
Pierre Le Corre : ‘Tu l’auras en 2028’, ça je l’ai entendu, sachant que moi en 2028 euh… (rires) il n’y aura pas de 2028. Je serai un peu trop vieux je pense.
Il vous faut combien de temps avant de passer à autre chose après une désillusion (comme aux JO) ?
Emma Lombardi : Pas tout de suite quand même, pas directement. La semaine d’après je n’en rigolais pas trop je crois.
Pierre Le Corre : Tu n’en ris jamais vraiment parce que c’est frustrant.
Emma Lombardi : Nous deux, après la course, on a rigolé un peu jaune.
Pierre Le Corre : Généralement, on fait toujours plus ou moins les mêmes résultats. Quand elle fait un podium, je fais un podium etc. Et là du coup, elle a fait une quatrième place, donc c’est de sa faute.
Trois places sur un podium, c’est trop peu non ?
Pierre Le Corre : Quelques jours après ma course, je dis à un copain “putain, j’ai pas la médaille !”, et il me répond “mais une médaille, je vais t’en acheter une si tu veux”. Cela montre qu’on s’accroche à un matériel, à quelque chose.
Emma Lombardi : Mais ce n’est pas que le matériel.
En plus elle s’oxyde…
Pierre Le Corre : En plus elle est oxydée la troisième place.
Emma Lombardi : Oui, mais bon, tu es médaillé olympique quoi.
Pierre Le Corre : Non mais bien sûr, mais c’est l’ego qui joue.
Emma Lombardi : Oui mais pourquoi tu fais du sport ?
Pierre Le Corre : Moi personnellement c’est…
Emma Lombardi : C’est la moula ! (rires)
La France termine les JO avec le quatrième plus grand nombre de quatrièmes places. Vous êtes fiers d’y avoir grandement contribué ?
Emma Lombardi : Oh trop bien ! Mais c’est exceptionnel ! C’est une fierté, franchement on peut le dire. Parce que du coup on repart vraiment sans médaille.
Pierre Le Corre : Mais c’est incroyable ! De toute façon, on n’y allait pas pour la médaille.
Emma Lombardi : Bah non, à aucun moment !
D’autres quatrièmes places de prévues cette année, ou vous allez trahir la FFL ?
Emma Lombardi : Un petit peu, mais pas trop quand même. Il faut rester dans le plaisir de la quatrième place.
Pierre Le Corre : Après je préfère être quatrième que cinquième ou sixième. Si je ne peux pas aller au-delà de ça, je reste sur la quatrième avec plaisir !