Il est coutume de dire que les Québécois sont nos plus proches cousins. Et dans la défaite, ce lien semble plus fort que jamais. Si les joueurs français mettent tout en œuvre pour ne jamais atteindre les deuxièmes semaines en Grand Chelem, Félix Auger-Aliassime lui, performe dans un autre registre : les défaites en finale.
Les défaites en finale, une spécialité made in Canada
Depuis quelques années, le tennis Canadien est plutôt gâté en termes de talents avec Milos Raonic, Vasek Pospisil, Denis Shapovalov ou Félix Auger-Aliassime. Mais plus encore que le sirop d’érable, c’est leur talent en finale des tournois ATP qui est reconnu dans le monde entier. Depuis 2016, ils ont disputé, à eux quatre, pas moins de 21 finales sur le circuit. Avec un magnifique taux de réussite de 5% de victoire. On en vient à se demander si le titre de l’hymne « Ô Canada » n’est pas en réalité « 0 Canada ».
C’est donc logiquement que le petit Félix marche dans les traces de ses pairs. Né le 8 août comme un certain Roger Federer, Auger-Aliassime est l’un des grands espoirs du tennis mondial. Il ne tarde d’ailleurs pas à montrer toute l’étendue de son talent puisque moins d’un an après son premier match ATP à Indian Wells en 2018, le voilà déjà en finale à Rio en février. L’histoire ne dit pas s’il a pris part au carnaval avec Neymar la veille, toujours est-il qu’il s’incline en deux manches face à un redoutable Serbe. Non, pas Novak Djokovic, Laslo Djere, 90e mondial.
Après cette première défaite, il n’y a évidemment pas de quoi s’inquiéter. Le gamin a 19 ans, il aura vite d’autres opportunités. Et en effet, trois mois plus tard, le revoilà en finale à Lyon face à l’ambassadeur des Maldives, Benoit Paire. Mais à cette époque-là, l’Avignonnais ne laisse pas encore filer ses matchs contre deux mojitos et un bol de cacahuètes. Résultat : 6-4 / 6-3 pour le français.
Ramenez la lose à la maison, allez Auger allez
Ça y est, Auger-Aliassime est lancé. Début juin la même année, il ajoute une nouvelle défaite au compteur à Stuttgart face à Matteo Berrettini. Il devient même inarrêtable en février 2020, enchaînant deux autres dérouillées en l’espace d’une semaine contre Gaël Monfils et Stefanos Tsitsipas. En l’espace d’un an, il vient donc de s’incliner déjà cinq fois en finale, sans prendre le moindre set. Félix Auger-Alesseum. Après sa 5e finale perdue, il déclare :
« Je me sens déçu. On n’aime pas perdre en finale, mais maintenant il y en a cinq donc c’est dans mon esprit. C’est difficile, mais je pense que ça va juste faire de moi un meilleur joueur. Je travaille pour réaliser des choses encore meilleures, donc je ne vais pas m’arrêter ici. »
Le Québécois tiendra évidemment parole et ne croyez pas que la coupure due à la pandémie entre mars et août soit venue casser sa superbe dynamique. Dès le mois d’octobre, il est de retour en finale à Cologne pour offrir un titre à Alexander Zverev et prolonger sa belle série.
Auger-Aliassime réalise le Grand Chelem
Parfois, les grands champions expliquent que lorsqu’ils ont tout gagné, il est difficile de se fixer de nouveaux objectifs et de trouver la motivation pour repartir de plus belle. Mais en s’y penchant de plus près, le Québécois a bien vu que pour compléter un palmarès déjà bien garni, il lui manquait encore un petit quelque chose. Battu sur terre, sur gazon et en indoor, il devait boucler la boucle en s’inclinant également sur dur.
Alors, après une saison 2020 écourtée qui l’a empêché de perdre plus de 3 finales, il a mis les bouchées doubles en 2021. Dès le premier tournoi de l’année à Murray River (Melbourne), FAA est au rendez-vous. Pas l’temps d’niaiser. Après une victoire face au champion du monde de lancer de raquettes Corentin Moutet en demie (l’action est à revoir ici), il se retrouve pour la première fois en finale sur dur extérieur. Opposé au bouledogue Britannique Dan Evans, il ne rate pas l’opportunité et s’incline proprement 6-2 / 6-3. Et de 7. Ça y est, le Grand Chelem est atteint, Auger-Aliassime s’est incliné sur toutes les surfaces possibles. Le reste, c’est du bonus.
Auger-Aliassime feat Toni Nadal : le naturel revient au galop
Mais à notre plus grand regret, Auger-Aliassime opère un virage à 180 degrés en amont de la saison sur terre battue. Probablement lassé par ses défaites en finale, il décide d’engager Toni Nadal dans son staff. Avec l’ajout de l’ancien coach du meilleur joueur de terre de l’histoire, on se dit que ses jours en tant que licencié de la FFL sont comptés.
« De s’entraîner avec quelqu’un qui a l’expérience des sommets du tennis comme Toni, qui a fait tout ce qu’on pouvait faire dans ce sport, je pense qu’il peut beaucoup m’amener. Je ne me donne pas de limites pour Roland-Garros cette année. »
Tous les ingrédients sont en place pour une déconvenue sauce FFL. Même avec Oncle Toni, le Canadien galère et enchaîne 3 éliminations d’entrée sur les cinq tournois qu’il dispute sur terre battue. On sent arriver la grosse perf à Roland Garros. Dans le mille ! Solidaire des 15 autres français éliminés au premier tour (sur 18, on n’était pas loin du perfect), Auger-Aliassime sort d’entrée, battu par Andréas Seppi, 95e joueur mondial, qui n’avait plus gagné un match sur le circuit depuis 8 mois. Il a même réussi l’exploit de s’incliner en ayant marqué plus de points que son adversaire.
Heureusement, une fois la tournée sur terre battue terminée on retrouve notre Félix adoré. Premier tournoi de l’année sur gazon. Nouvelle finale. Nouvelle défaite. Toujours pas de set. Et de 8.
Un classement qui reste dominé par les joueurs français
À même pas 21 ans, Auger-Aliassime se retrouve déjà au Panthéon de la lose du tennis. Avec ses 8 défaites, le voilà qu’il pointe déjà au 4e rang des joueurs ayant connu le plus de défaites consécutives en finale.
Dans l’ère Open, seuls trois joueurs sont devant lui au classement : Cédric Pioline (9 défaites), l’Américain Pat Dupre (9 défaites) et Julien Benneteau qui a perdu dix finales sans jamais remporter le moindre trophée.
Vous ne pensiez quand même pas qu’on allait laisser qui que ce soit nous choper ce record ? Alors malgré tout l’amour qu’on a pour toi Félix, on t’en accorde une dernière, mais pas plus.