Paris Nice 2006 | Le Nicolas Crosbie Show


Nicolas Crosbie

Le panache est l’apanage de tout bon sportif français qui se respecte. Mais ce jour de mars 2006, Nicolas Crosbie a poussé cet adage à son paroxysme. Parti dès l’aube de la seconde étape, il a réalisé un one-man-show exceptionnel, aidé par un peloton en dilettante. Retour sur la plus grosse fringale de l’histoire du sport moderne.

Nicolas Crosbie, attaquant précoce

Si le grand public n’avait que des yeux pour Tom Boonen, Floyd Landis ou le tout jeune Alberto Contador, c’est un inconnu du peloton qui va attaquer dès le premier kilomètre. Le peloton a à peine eu le temps de quitter la douce et chaleureuse ville de Cerilly, dans l’Allier, que Crosbie, coureur d’Agritubel s’échappe du peloton. Agritubel, seule équipe Conti du peloton, voit ainsi une de ses ouailles montrer haut et fort les couleurs.

Mais on connait bien l’histoire, une échappée très précoce est très souvent rapidement rattrapée, ça arrive bien souvent. Mais ici, pas vraiment. La Quick Step de Tom Boonen ne calcule pas cette vadrouille et laisse le Niortais de naissance prendre de l’avance. Et pas n’importe quelle avance. Une de celle qu’on ne voit que très rarement sur les courses professionnelles. Nicolas Crosbie compte 28 minutes d’avance au 81e kilomètre. Le peloton n’en a que cure visiblement, et laisse Crosbie se faire un kiff et se faire un nom. Mieux encore, au fil des kilomètres, l’avance reste énorme et l’espoir de son directeur sportif, Denis Leproux, grandit.

Nicolas est parti pratiquement dès le départ et le peloton n’a pas réagi. Maintenant, il faudrait fallu une grosse fringale pour ne pas aller au bout.

À 75 kilomètres de l’arrivée, il possède encore 25 minutes d’avance. Tom Boonen avait gagné la première étape, il a la flemme de se mettre en action pour aller chercher la seconde.

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ALORS PEUT-ÊTRE ?

Les kilomètres défilent et tout continue à aller pour le mieux. Les équipes de sprinteurs se mettent en action, mais l’écart reste gargantuesque. L’écart commence à fondre cependant. Mais reste solide. À 30 kilomètres de l’arrivée, il comporte toujours 10 minutes d’avance sur un peloton en mode feignant. Nicolas le sait : s’il conserve son rythme, la victoire lui tend les bras. Imaginez, passer la ligne en première après 199 kilomètres d’échappée. Seule une fringale peut le terrasser. Pas de bol, c’est ce qui va arriver.

A 25 kilomètres de l’arrivée, j’ai eu une fringale. J’ai mangé, juste pour rester éveillé et esssayer d’attraper les différents paquets qui m’ont dépassé un peu plus tard. En plus, mon oreillette était tombée en panne depuis un bon bout de temps.

Le ventre vide, seul au monde  et les jambes sans énergie, Nicolas Crosbie tourne au ralenti. Il perd 8 minutes en 10 kilomètres, et sera rejoint à 14 kilomètres de l’arrivée. L’audace n’aura pas payé pour la victoire d’étape. Maigre consolation, il montera tout de même sur le podium avec le maillot du meilleur grimpeur.

 

 

Antoine