À l’occasion de la sortie de son affiche du Panthéon de la Lose, la FFL te propose de revivre les plus grandes désillusions du football français en Europe ou même dans le Monde. Partons à l’aube dans l’Aube revivre l’épopée troyenne. Oubliez les purges en Ligue 2. Oubliez également la période dorée du duo Furlan – Nivet. Nous vous parlons d’une époque où un certain Rothen régalait déjà en détruisant des reins au Stade de l’Aube. Pour ce 32e de finale de la Coupe UEFA 2002, Troyes se frotte au Leeds United. Une qualification qui va leur échapper alors qu’ils avaient le destin entre leurs mains.
En cette année 2001, un événement majeur secoue la planète football. Non pas le transfert record de Zidane au Real Madrid. Anecdotique. Mais le premier match en Coupe d’Europe de l’Espérance Sportive Troyes Aube Champagne, plus connue sous le nom de l’Estac pour les intimes.
L’aventure indianajonessienne dans la jungle européenne débute dès le mois d’août avec la Coupe Intertoto. La fameuse. Les aubois se hissent jusqu’en finale face à Newcastle. 0-0 à l’aller. Puis un retour de dingue à St James’ Park. 4-1 à l’heure de jeu pour l’ESTAC. 4-4 à la 90e. Le mental Troyen dans toute sa splendeur. Mais le score en restera là. Quoi de mieux que de frôler un presque come-back pour ses débuts sur la scène européenne ?
Ce titre en Intertoto qualifie les aubois pour la Coupe UEFA. Et le 1er tour va très vite donner le ton. Opposés à l’ogre MFK Ružomberok, les Troyens balayent les slovaques sur le score cumulé de 6 buts à 2. La folle épopée européenne prend vie pour la première fois de l’histoire dans les terres froides de l’Aube.
Leeds – Troyes ou David contre l’Estac
Demi-finaliste de la Ligue des Champions la saison précédente, Leeds United accueille les onze buveurs de champagne dans son antre de l’Ellan Road. Pour ce match aller des 32e de finale, l’Estac va nous faire admirer le cadenas à la française. Les Anglais n’ont même pas besoin de 5 minutes pour trouver le chemin des filets. Et moins d’un quart d’heure pour faire le break. Alain Perrin commence à comprendre qu’il a bûché comme un taré sur cette rencontre pour que dalle. Mais c’était sans connaître Patrice Loko qui élimine Nigel Martyn sur sa sortie, et vêtit le costume de traître à la nation. 2-1.
Puis vient l’acte décisif de la mi-temps. Il est bien connu que les deux pires moments pour encaisser un but sont juste avant la pause, et dès le début de la seconde période. Les troyens vont réaliser l’exploit de s’en prendre un lors de chacun d’eux. Par l’intermédiaire de Viduka à la 43e, et ce dingue de Lee Bowyer y va de son doublé moins d’une minute après la reprise. 4-1. Vous pensez que la rencontre est suffisamment saccagée ? C’est vraiment mal connaître Mehdi Meniri qui hérite de son petit carton rouge à peine trois minutes plus tard. Ladies & gentlemen, that is the maîtrise bleu blanc rouge of the momentum.
Mais comme on vous l’a dit plus haut, Patrice Loko s’efforce à créer une once d’espoir au peuple Troyen. L’ingrédient indispensable à toute désillusion XXL. L’avant-centre de l’Estac continue de renier le sang français qui coule dans ses veines en réduisant la marque. 4-2.
Troyes – Leeds, si proches de l’Everest
« Ce match face à Leeds, c’est notre Everest. Atteindre ce sommet serait un exploit » A. Perrin
Alain Perrin annonce la couleur. Et cet Everest, les champenois en graviront 8 848 mètres sur les 8 849. En cette soirée du 1er novembre 2001, pas moins de 15 000 spectateurs mettent le feu au Stade de l’Aube. Une ébullition qui va faire fondre le verrou anglais en sept minutes chrono. Amzine trouve la lucarne sur un corner de Loko. Et s’il s’agissait d’une soirée historique ?
Retrouvez le maillot de Leeds dans l’affiche Panthéon de la Lose
Mais sur le corner qui suit, Viduka fait vite redescendre la température. Une tête qui a le don de climatiser le peuple aubois. Tout est à refaire. Mais dans ses rangs, Troyes compte un demi-dieu. Une patte gauche qui va délivrer une passe décisive et inscrire le but de la presque qualification. Jérôme Rothen, second fournisseur d’espoir de l’Aube. L’atmosphère monte carrément d’un ton. L’exploit est à portée de main. L’Estac est en passe d’être qualifié. L’Estac y croit quoi.
Mais quelques minutes plus tard, c’est le drame. Le tournant du match. Ce moment d’une vie qui peut vous faire chavirer dans le succès ou dans la lose. Patrice Loko, lui, a choisi. L’attaquant français rate l’impossible. Parti seul face au gardien anglais, sa frappe passe légèrement au-dessus.
« On a un super contre, je contrôle et il y a un faux rebond. C’est dommage » P. Loko
La bascule, indéniablement. Car à dix minutes du terme, Robbie Keane n’est, lui, pas victime d’un faux rebond pour revenir à 3-2. Score final. Un but synonyme d’élimination mais surtout, et le pire, synonyme de gavage de Ligue 1 jusqu’à la fin de saison.
La fierté d’avoir été presque qualifié, ce don Troyen
Malgré la désillusion en intraveineuse, Rothen ne s’y trompe pas. La France s’est montrée sous ses plus belles couleurs ce soir-là.
« On a quand même fait chuter Leeds pour la première fois de la saison et on a fait honneur au football français » J. Rothen
L’unique consolation reste donc d’avoir gagné le match retour. La qualif ? Un détail. Si cette rencontre restera comme l’un des matchs de légende dans l’histoire troyenne, côté anglais on n’a pas trop eu à forcer pour se qualifier. Et qui de mieux qu’un franchouillard pour étaler l’éternelle arrogance française.
« On se qualifie sans faire un grand match » O. Dacourt
Le coup de massue pour l’Estac. Mais en même temps, quel meilleur timing que de mourir sur la scène européenne le jour de la Toussaint ?