9 Mars 2013. Le Stade de Reims se déplace sur le terrain de l’ESTAC. Les rémois sortent tout juste d’un exploit contre le Paris Saint Germain. À 10 contre 11, ils ont remporté 1-0 (But de Krychowiak) un duel intense face aux futurs champions, qui vivent ici leur première saison de l’ère Zlatan. Cette victoire leur donne un bol d’air dans la course au maintien. Les troyens, eux, payent leur début de championnat cataclysmique et sont bons derniers de la Ligue 1.
Kossi Agassa, un des meilleurs gardien d’Europe… jusque là
À l’aube de cette journée, le Top 3 en Europe ont un meilleur ratio de frappes arrêtées sur les tirs adverses tentés est :
- Manuel Neuer
- Salvatore Sirigu
- Kossi Agassa
Le gardien togolais fait clairement partie de cette classe de gardien capable du meilleur — souvent impérial sur sa ligne — comme du pire. Et ce 9 mars 2013, ça sera le meilleur… pour la FFL.
Le triptyque de légende de Kossi Agassa
Épisode 1 —Le petit pont
À Troyes, ce samedi soir, la pelouse est détrempée. Pour Kossi Agassa, comme pour son homologue troyen Yoann Thuram, c’est ambiance district. La zone des 6 mètres est une pataugeoire. Première incursion troyenne, Corentin Jean se décale sur son pied droit et envoie une frappe… ou un centre. Enfin, un truc vilain tout écrasé qui s’en va lentement vers le but rémois.
Kossi Agassa n’a plus qu’à ramasser l’offrande. Il n’en sera rien. Tel un Robert Green des grands jours, il va laisser un ballon facile filer dans ses propres filets. Mais avec plus de classe que l’anglais. Le togolais va ramasser le ballon trop tôt, et donc ne pas le toucher. Il se baissera trop tard aussi, permettant au cuir de filer entre ses jambes. 1-0 pour la lanterne rouge troyenne.
Épisode 2 —La sortie glissante
Le match verra les troyens marquer un second but, où Agassa ne sera cette fois pas en cause. Après une réduction du score du Stade de Reims, le match est relancé. C’est le moment que choisit Kossi pour se remettre en valeur.
Corner troyen, Kossi Agassa est large, s’empare du ballon. Sauf que le cuir détrempé devient une patate chaude. 2-3 jongles pour tenter de le maitriser n’y feront rien, la balle lui échappe des mains. Jeremie Brechet (dont personne ne se souvenait qu’il avait joué à Troyes) met en retrait à Corentin Jean, qui fusille Tacalfred.
Le commentateur est dithyrambique après ce doublé immonde de Corentin Jean. « À 17 ans, 7 mois et 22 jours, il est le plus jeune joueur à réaliser un doublé dans les cinq grands championnats européens lors de la saison 2012-2013 ».
7 ans plus tard, c’est toujours l’unique doublé de la carrière professionnelle de Corentin Jean. Merci qui ? Merci Kossi.
Épisode 3 —La relance sniper
Mais Reims n’abdique pas. Pas question de battre les premiers une semaine pour perdre contre les derniers la suivante. Alors après la nouvelle réduction du score de Fortes à 3-2, l’espoir demeure.
91e minute de jeu. C’est l’attaque totale maintenant. Prise de balle assurée d’Agassa. Il voit le jeu au loin, décide de dégager au pied pour mettre immédiatement le danger dans la surface. Problème, le danger arrivera bien dans la surface, mais ça sera la sienne. Son dégagement au pied n’arrive même pas au rond central. Un troyen intercepte directement de la tête, et offre à Yattara un 1 contre 1.
L’attaquant ne se fait pas prier, et éteint les espoirs du Stade de Reims pour ce match.
Reims n’en tiendra pas rigueur à son gardien. Ils gagneront d’ailleurs 3 de leurs 4 prochains matchs, et seront confortablement installés pour le maintien. L’ESTAC lui, descendra en Ligue 2. Ils seront d’ailleurs spécialistes de la technique de l’ascenseur. Au cours des années 2010, ils célèbreront 3 montées qui seront suivies de 3 descentes immédiates.
Kossi Agassa lui, restera longtemps gardien de Reims. Il est d’ailleurs un des principaux protagonistes d’un autre “but moche”