Les 40 punchlines qui ont fait la légende de Jean-Michel Aulas


Jean Michel AULAS

Cela ne vous a sans doute pas échappé, mais un grand homme du football français vient de quitter son poste. Non, on ne parle pas ici d’Antoine Kombouaré, mais du légendaire Jean-Michel Aulas.

Alors pour lui rendre hommage, oubliez les longues phrases bien tournées, où une légère émotion viendrait poindre le bout de son nez. Non, pour rendre hommage à l’homme, au président, à l’entrepreneur mais aussi à l’utilisateur compulsif de Twitter, rien de tel qu’un best of de ses plus belles punchlines. On espère que vous avez 3 heures devant vous, car il y a de quoi lire.

Les arbitres, sa cible favorite

Quand vous pensez à Jean-Michel Aulas, l’une des premières choses qui devrait venir à votre esprit est sa querelle pluridécennale avec l’arbitrage français. Voici un florilège de ses plus belles passes d’armes avec les hommes au sifflet. Et il n’a pas attendu l’arrivée des réseaux sociaux pour commencer.

“Le vent était dantesque, le terrain difficile, l’adversaire accrocheur et l’arbitre surprenant…” (mars 1993)

JMA a de quoi l’avoir mauvaise. L’OL est confronté à l’immense Indépendante Pont-Saint-Esprit (D3) en 32es de finale de la Coupe de France en 1993. Une élimination devant 440 spectateurs, quelques jours seulement après une défaite dans le derby face à Sainté. C’en était visiblement trop pour Jean-Michel.

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“L’arbitre de touche s’en veut pour le but refusé, je l’ai aperçu pleurer sous la douche” (octobre 2002)

On ne veut pas connaître plus de détails, on en sait déjà trop.

“Ecoutez, si c’est le poteau qui nous prive d’un huitième titre, on sera beaux joueurs, mais je crains que les raisons soient ailleurs” (avril 2009)

En 2009, un séisme frappe la Ligue 1. Après sept titres consécutifs, les Lyonnais ne sont plus sur le toit de France. Et le coupable est tout trouvé. Avant d’en rajouter une petite couche un mois plus tard.

“A Bordeaux, cela s’est joué sur trois fois rien. Bon d’accord, il s’appelait M.Bré et non pas trois fois rien” (mai 2009)

Mais même six mois plus tard, la pilule n’est toujours pas avalée pour JMA. L’occasion rêvée de remettre la cause arbitrale sur le tapis. On ne le changera décidément jamais.

“Maintenant, on peut faire toutes les analyses que l’on veut, il a fallu un paquet d’erreurs arbitrales, à Bordeaux et à Paris par exemple, pour qu’on ne soit pas champions” (décembre 2009)

Vous pensiez que Jean-Michel n’était pas un homme rancunier ? Votre analyse s’est montrée aussi pertinente que les spécialistes financiers qui affirmaient que tout était sous contrôle en décembre 2007.

« L’an dernier, nous avons perdu le titre à Bordeaux à cause d’une erreur d’arbitrage de M. Bré. Ce soir, nous sommes pénalisés par une nouvelle faute de cet arbitre. À l’arrivée, ce sont vingt millions d’écart à cause d’arbitres qui ne savent pas… » (mai 2010)

Puis, le chef-d’œuvre de cette relation tumultueuse lors de la finale de la Coupe de la Ligue en 2014. Un coup dont JMA ne s’est jamais réellement relevé.

“Quand on perd une première Coupe de la Ligue contre Metz sur une erreur d’arbitrage, puis une deuxième sur une nouvelle erreur d’arbitrage, on a envie d’aller pleurer et c’est ce que je vais aller faire” (avril 2014)

Propositions sur le règlement (qui avantagent toutes l’OL comme par hasard)

“Si la victoire était récompensée par deux points au lieu de trois, nous serions champions…” (mai 2001)

Au terme de la saison 2000-2001, l’OL termine dauphin derrière le FC Nantes, à 4 points du leader. Mais Aulas est un fin calculateur, et il se rend vite compte que si la D1 n’était pas passée à la victoire à 3 points depuis 1994, Lyon aurait remporté son premier titre de champion de France. De quoi l’avoir mauvaise ? Bien évidemment.

Certainement l’une de ses plus belles imaginations. Lors de la pandémie de coronavirus, une incertitude plane en France : faut-il arrêter le championnat ou le poursuivre ? Distancé par ses concurrents, l’OL veut bien évidemment continuer pour remonter au classement. Mettant en avant la perte de plusieurs centaines de millions d’euros pour le football français.

Puis, voyant que la décision de mettre un terme au championnat va être prise par les dirigeants, Aulas tente un dernier coup de poker. Si le championnat n’est pas dans le programme tv, c’est qu’il n’a donc pas existé. All-in.

“Le plus logique serait alors de dire : on annule tout et on repart sur la situation du début de saison” (mars 2020)

Masterclass made in Aulas.

Lors de la réception de l’OM en novembre 2021, Dimitri Payet reçoit une bouteille dans la tête au bout de 2 minutes de jeu. Le match est définitivement arrêté.

Alors pour trouver une porte de sortie à cette situation délicate, Jean-Michel a une nouvelle fois LA solution.

JMA l’utopiste

“Je revendique le droit et l’envie de gagner tous les trophées qui existent” (décembre 2002)

Inutile de vous préciser que le seul trophée européen glané par l’OL est la Coupe Intertoto en 1997. Zéro vanne.

“Tous les grands joueurs européens ont envie de venir à Lyon” (mai 2003)

“Benzema et Ben Arfa ne partiront pas avant d’avoir gagné une C1” (novembre 2007)

Un don de voyance qui dépasse l’entendement. Ou alors il parlait de la voiture.

“Sa valeur est inestimable… Comment s’appelle ce Gallois du Real Madrid, déjà ? Je trouve qu’Alexandre est bien meilleur. Mais Alexandre n’a pas de prix” (janvier 2015)

Lacazette sera finalement vendu deux ans plus tard à Arsenal pour 60 millions d’euros.

Aulas, ce confesseur hors pair

“L’OL, c’est en quelque sorte un Arsenal à la Française” (août 2004)

Nous n’aurions pas dit mieux !

“Le plus dur est de se remettre en cause” juin 2005

Il semblerait que les supporters lyonnais soient totalement d’accord avec cette analyse venant de leur ancien Président.

“J’ai pris beaucoup de plaisir avec le G14 en assignant la FIFA en justice” janvier 2006

Il n’y a pas à dire, la décennie 2000 était l’apogée de JMA. Un véritable maestro de la communication.

“Nous ne sommes pas un club de foot mais une holding de divertissement” (février 2007)

Jacques-Henri Eyraud n’a strictement rien inventé à Marseille. On ne sait plus qui est l’élève ou le maître de l’autre. JHE avait quand même déclaré lors de son passage à l’OM : “Il faut tout faire pour gérer ce club de football dont on dit qu’il est fou, ou qu’il rend fou, comme une entreprise comme une autre. La spécificité de l’Olympique de Marseille, c’est qu’elle est une toute petite PME avec la caisse de résonance d’une entreprise du CAC 40.[…] Une grande partie de mon énergie consiste à se concentrer sur les fondamentaux d’une entreprise en redressement“.

Difficile de faire mieux en effet.

“A Paris, j’aurais fait aussi bien qu’à Lyon” (novembre 2008)

Une déclaration qui ne mange pas de pain. Impossible de vérifier la véracité des propos.

“Comme tout le monde, quand vous discutez avec votre épouse ou vos enfants, vous n’êtes pas obligé de dire la vérité tout de suite” (septembre 2009)

On ne sait plus si Jean-Michel est à la tête de l’OL ou allongé sur un divan avec Marc-Olivier Fogiel aux questions.

« Ça n’est pas un accident ni un échec, c’est une non-atteinte d’objectif. » (Juillet 2014)

Il n’est pas étonnant que JMA ait décidé de travailler avec Rudi Garcia par la suite. La même vision des presqu’objectifs atteints. Emmanuel Macron s’en est probablement inspiré avec son désormais légendaire “Je ne dirais pas que c’est un échec, je dirais que ça n’a pas marché”. 

Une gestion propre à lui de sa tambouille interne

En 2019, l’OL espère disputer la finale de la Coupe de France. Mais pour cela, il faut vaincre le Stade Rennais en demie à la maison. Mais pour les supporters lyonnais, les rêves n’existent plus depuis bien longtemps : défaite 3-2.

“Nous avions convenu que si nous allions en finale de la Coupe de France, ce qui n’est plus le cas, et si nous étions sur le podium, il y aurait une prolongation de contrat de deux saisons supplémentaires. J’étais heureux de la proposer à Bruno car je considère qu’il fait du très bon travail. Malheureusement, nous n’irons pas à Saint-Denis et le deal ne tient plus…” (avril 2019)

Ce sont par ces mots que Jean-Michel Aulas déclare que l’avenir de Bruno Génésio à Lyon n’est plus vraiment d’actualité. Avec le principal intéressé à côté. L’image est mythique.

“Nous avons fait des erreurs, c’est vrai. Mais sur les deux dernières années, on paie des erreurs que je ne peux pas assumer, puisque je lui avais donné les clés. C’est la vérité. Je sais que les médias ont tendance à croire plus facilement les anciens joueurs que les dirigeants, mais il ne faut pas réécrire l’histoire. Il n’a pas fait le travail, c’est tout” (janvier 2023)

Vous l’aurez compris, cette tirade est à destination de Juninho. Et vous l’aurez également compris, la faute à Juninho est devenue un slogan pour tous ceux qui rejettent la faute sur les autres.

Aulas et les concurrents de l’OL, une relation toxique

AS Saint-Etienne

Au XXe siècle, les Stéphanois ont toujours eu pour habitude de dominer leurs voisins lyonnais. Au point que Roger Rocher, président de l’AS Saint-Étienne dans les années 1970, affirmait haut et fort : « En matière de football, Lyon a toujours été la banlieue de Saint-Étienne ».

Mais depuis la présidence de Jean-Michel Aulas, les débats se sont équilibrés, pour finalement pencher considérablement en faveur de l’OL. Alors quand les Lyonnais finissent par perdre un derby face aux Verts, JMA ne manque pas de leur rappeler les bases.

En novembre 2017, l’OL se rend à Geoffroy-Guichard et inflige une manita : 5-0. Nabil Fékir enlève son maillot, et le brandit devant le public. Glacial.

Faisant face à une vague de critiques pour son geste, Nabil peut compter sur son fidèle président. Collector.

Olympique de Marseille

La même année, l’OL affronte le Barça en huitièmes de finale de Ligue des Champions, et l’OM rencontre Twente en seizièmes de la Coupe UEFA. Le parallèle à faire était beaucoup trop tentant pour JMA.

“Je préfère offrir à la France un OL-Barcelone plutôt qu’un, laissez-moi réfléchir, un OM-Twente. Je dis ça au hasard” (février 2009)

Toujours en 2009, l’OL met un terme à sa série de 7 titres consécutifs de champion de France. Alors pour se consoler, Aulas se rabat sur la 2e place de l’OM, qui rate le titre pour 3 points. Intelligent.

“C’est vrai, cette saison, on ne sera pas champion. Mais ce soir, je suis surtout malheureux pour les supporters marseillais qui ont encore une fois perdu l’occasion de gagner un titre” (avril 2009)

Si vous ne connaissez pas la définition du terme “balle perdue”, Aulas se fait un plaisir de vous l’expliquer.

Quand l’OM reçoit l’OL en septembre 2015, le match est sous haute tension. Une marionnette de Mathieu Valbuena est pendue dans les tribunes, et le match est arrêté à l’heure de jeu.

Une situation sur laquelle va sauter Aulas pour dézinguer son homologue Vincent Labrune. En bonne et due forme.

Mais que Vincent Labrune ne soit pas jaloux, Jacques-Henri Eyraud en a également pris pour son grade lors de son passage à la tête de l’OM.

Paris Saint-Germain

Face au PSG, JMA se rend très vite compte que l’OL ne pourra jamais concurrencer les Parisiens au niveau économique. Alors c’est tout naturellement qu’il tape sur ce sujet dès que l’occasion se présente à lui.

“Paris a le pétrole, on a les idées” (septembre 2015)

Et ce de toutes les manières possibles et imaginables, comme ici avant le match entre Lyon et Monaco en 2016.

“C’est bien d’avoir une finale du championnat de France, car le Qatar ne fait pas partie de la France” (mai 2016)

Puis d’envoyer une dernière pique dont lui seul a le secret.

“Si je préfère le président du PSG Nasser Al-Khelaïfi ou le Guingampais Bertrand Desplat ? Choisir entre la peste et le choléra, c’est difficile”

Sans oublier, bien évidemment, un des plus grands retweets de l’histoire du foot français.

. @JM_Aulas pour @19H30PM : “C’est la vraie vie Twitter (…) Le tweet avec le kangourou , c’est quelque chose qui m’a fait rire” 🤣 #19H30PM pic.twitter.com/6E8vKUH2G3

— CANAL+ Foot (@CanalplusFoot) September 15, 2017

AS Monaco

Jean-Michel Aulas a toujours très peu goûté au fait que l’AS Monaco bénéficie d’une fiscalité différente des autres clubs de Ligue 1. Alors quand l’ASM réalise des campagnes européennes qui font la une des journaux, JMA a du mal à cacher son amertume.

“Avec Monaco, c’est le football de la défiscalisation qui est en demi-finale” (avril 2004)

Puis de rajouter, un mois plus tard.

“Dans ce championnat, si on est tous égaux, certains sont plus égaux que d’autres” (mai 2004)

Vous pensiez réellement qu’il lâcherait les Monégasques cinq ans plus tard ? Que nenni.

“Vous dites que les joueurs de Monaco ne parlent pas tous la même langue, mais ils parlent tous l’esperanto fiscal” (octobre 2009)

Les médias, je vous aime moi non plus

Avec les arbitres et les clubs concurrents, les médias sont les adversaires privilégiés de Jean-Michel Aulas. Petit florilège.

“Je vois bien de la satisfaction dans vos yeux de nous voir éliminés de la Ligue des champions” (Le Parisien, novembre 2002)

L’OL est éliminé dès la phase de poules de la Ligue des Champions en 2002, ce qui ne semble pas passer pour Aulas.

“On n’a peut-être pas encore l’agressivité qu’il faut avoir par rapport à la relation qu’entretient Lyon avec le football français : un contre tous, et tous contre un. Mais je ne joue pas à Caliméro. Je vous rappelle que ce n’est pas moi qui ai demandé à venir vous parler, c’est vous [les journalistes]” (octobre 2008)

Voilà qui est dit. Puis de continuer sur sa lancée deux ans plus tard.

“Ce qui m’inquiète, c’est la mauvaise foi des journalistes Canal” (septembre 2010)

En décembre 2019, deux mois seulement après l’arrivée de Rudi Garcia à l’OL, Jean-Michel Aulas sort l’artillerie lourde. Dans son viseur ? Vincent Duluc. Et comment dire, chaque mot de sa tirade sur Twitter est une bombe à retardement. Littéralement.

Mais l’éditorialiste du journal L’Equipe n’est pas le seul journaliste à être pris à partie sur Twitter. Daniel Riolo a goûté ça aussi.

Il n’y a pas à dire, nous n’aurons peut-être plus la chance de connaître un président avec autant de facettes que JMA. Si sur le plan sportif, le PSG semble prendre le large sur la scène nationale, en matière de communication, le club de la capitale a encore beaucoup à apprendre de Monsieur Aulas.