Dans votre carrière de sportif amateur, vous avez peut-être vécu des déplacements compliqués. Ceux à l’arrière d’une Kangoo Gris métallisée direction le terrain des premiers de votre division. Direction aussi l’inéluctable, une raclée annoncée. Si vous faites partie de cette élite, vous compatirez aisément au voyage de l’équipe de Micronésie aux jeux du Pacifique en 2015, localisés en Papouasie Nouvelle-Guinée.
Les jeux du Pacifique, Kezako ?
Fondés en 1963, les Jeux du Pacifique sont une sorte de JO à géographie réduite, réunissant tous les 4 ans les différents territoires de la Zone Pacifique. Sous la bénédiction du CIO se rencontrent donc des états à part entière, des états indépendants liés à d’autres états (comme ici, la Micronésie qui est liée aux États-Unis) et des états dépendants d’autres états (comme par exemple la Nouvelle-Calédonie)
Fini le cours de géographie pompeux. La seule subtilité à connaître ici est que l’Australie et la Nouvelle-Zélande n’étaient pas autorisées à participer avant 2015, afin de garder les compétitions équitables. En 2015, certains athlètes de certaines disciplines pourront, pour la première fois, participer à certains sports.
Et niveau football, le tournoi est un peu spécial. 2 poules de 4 équipes, et 2 phases finales en 2 temps. Une première pour les qualifications pour les JO, et une seconde pour le tournoi du Pacifique — dont la Nouvelle-Zélande ne peut pas faire partie. Les joueurs, comme pour les JO, sont des U23. Bref, on s’en fout un peu, mais ça fait toujours du bien de s’instruire.
La Micronésie, prête pour le combat.
La Micronésie, managée par l’Australien Stan Foster, a eu du mal à trouver des joueurs et une équipe soudée. En effet, cela faisait 12 ans que l’équipe était « en veille ».
Et l’entrée en matière sera à la hauteur des attentes. 2 défaites qui se jouent sur des détails face à Tahiti et aux Fidji : 0-30 puis 0-38. En point positif, assez peu d’occasions vendangées. En même temps, ils n’en ont pas eu. Mais venait maintenant le match potentiellement le plus facile : face à Vanuatu, 200e au classement FIFA.
Et, on ne va pas la faire longue, ce fut une boucherie. Les joueurs de Vanuatu n’avaient qu’une ambition, faire péter le record. Et les images sont douloureuses pour les joueurs de Micronésie. On peut clairement voir que le placement défensif, ce n’est pas ça, le pressing non plus, les basiques au niveau du placement du corps encore moins. La rumeur veut que le gardien micronésien n’ait enfilé des gants pour la première fois que 3 semaines avant la compétition. Et franchement, à la vue des images, c’est crédible.
Non, il n’y a rien qui va. Et les Micronésiens se font complètement désosser 46-0. Quarante-six buts à zéro. Pour revivre le long calvaire, voici la vidéo. Le pire dans tout ça, ce sont les attaquants de Vanuatu qui prennent le ballon après chaque but pour jouer vite. Aucune pitié les mecs. Jean Kaltack marquera 16 buts dans cette rencontre.
Les images du crime
Un peu de maths
La Micronésie finira avec un bilan de zéro but marqué pour 114 encaissés. En 3 matchs ! Présumons qu’il n’y a eu aucun arrêt de jeu, ce qui est probable si les arbitres ont eu un peu de pitié. Cela fait 114 buts encaissés en 270 minutes.
Soit exactement un extraordinaire ratio de 1 but encaissé toutes les 142 secondes. Un ratio absolument exceptionnel. À titre de comparaison, c’est comme si le rythme du finish de la remontada (3 buts en 7 minutes, soit 1 but encaissé toutes les 140 s) avait été porté sur 3 matchs consécutifs. Phénoménal.
Comble de la lose, le record ne peut pas être homologué. En effet, ceci étant un match U23, a priori ça ne compte pas. La plus grosse branlée de l’histoire du foot est donc toujours détenue par leurs voisins des Samoa Américaines, qui avaient mangé un petit 31-0 par l’Australie en 2001.